Rencontre du 1^er type : observation !

Au sein de ce cycle écossais, dans l’immédiat après-Deuxième Guerre mondiale, Kathy Austin du MI6 (les services secrets britanniques) revient sur les lieux de sa jeunesse (1). La maison dont elle a hérité, dans la petite ville d’Oban,est en péril après un récent incendie. La lande, le brouillard et les fantômes scottish n’expliquent pas tous les phénomènes mystérieux qui se produisent… En vacances — mais pas trop… —, la jeune femme enquête pour sa hiérarchie.

À la fin du précédent épisode, un curieux polyèdre métallique était apparu dans le souterrain du château des Killian —voisin de la maison de Kathy —, surveillé par des agents russes. Le mystère s’épaississait : disparition du polyèdre, arrivée de personnes inconnues et étranges, observation de phénomènes inexpliqués : grandes traces au sol, ovniaperçu par Oscar, un ufologue… et d’autres faits encore plus déroutants. La jeune femme, elle, repensait à Lindsey :un homme avec qui elle aurait pu se fiancer, et qui ne donne plus signe de vie.

Quand commence ce troisième tome, de nuit dans la ville d’Oban, un duo féminin étrange, doté d’appareils trop sophistiqués pour l’époque, parvient à forcer un coffre de banque et à neutraliser le bobby faisant sa ronde. Le duo devient quatuor en se rassemblant pour fuir, puis pour louer une maison dans les environs. On ne connaît pas leurs activités réelles ni leurs buts.

Le chef de Kathy dépêche un autre agent, Bennett, pour aider la jeune femme, laquelle le fait passer pour un architecte. Ensemble, ils visitent la maison en péril, puis tentent d’emprunter un souterrain vers le château, lequel semble être le centre d’incertaines activités : le professeur Killian y avait son labo et y organisait des réunions. Ils sont vite repoussés par la veuve Killian, qui héberge des agents russes bien décontenancés par la disparition du polyèdre.

Quant à la confrérie Bram Stocker, elle continue ses recherches sur les phénomènes inexpliqués, et une nuit, Oscar — seul éveillé du petit groupe — aperçoit un ovni laissant de grandes traces au sol. Plus tard, on retrouvera un homme encastré dans le mur d’une église… À Glasgow, les autorités policières s’en alarment et envoient l’équipe qui s’occupe déjà du cambriolage du coffre, liant ainsi les deux affaires…

Un tome charnière, donc, qui livre plus de questions que de réponses : patience ! Mais une belle atmosphère quasihitchcockienne de guerre froide, d’énigmes et de fantastique. L’intrigue distille peu à peu des indices et autant de nouvelles interrogations. Le mystère est à son comble ; les auteurs accumulent les pistes, vraies ou fausses, et excellent à jouer avec nos nerfs. L’ensemble est toujours aussi soigné et réussi.

Le « trio de l’étrange » (Rodolphe, Leo et Marchal) poursuit son cycle écossais, moins exotique que les précédents (« Namibia » et « Amazonie »), à l’atmosphère plus dans le quotidien et la proximité, mais quand même brumeuse et envoûtante : si l’enquête avance et les énigmes se creusent, rien de spectaculaire ni aucune révélation à venir !

Dans ce récit à la narration prenante, le graphisme de Marchal fait toujours merveille, quoique de façon un peu moins voyante que précédemment (l’histoire étant moins… agitée), avec une ambiance nocturne ou souvent tamisée. Un artisanat impeccable qui rend très bien l’époque, les personnages, et les décors délicieusement inquiétants. Les couleurs de Sébastien Bouët n’y sont pas non plus pour rien.

Patrick BOUSTER

(1) Voir les chroniques des tomes 1 et 2 : « Scotland » : des vacances insolites pour Kathy Austin ! et Fantômes d’Écosse ou… signes ?.

« Les Missions fantastiques de Kathy Austin — Scotland » T3 par Bertrand Marchal, Leo et Rodolphe

Éditions Dargaud (13 €) — EAN : 978-2-205-20840-5

Parution 26 janvier 2024

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