Apparue pour la première fois dans le mensuel Tchô ! en 2003, Lou est devenue un best-seller de l’édition, avec plus de trois millions d’albums vendus, une série d’animation, un long métrage, des traductions dans le monde entier… Un tel succès méritait bien cet ouvrage anniversaire, qui nous propose — en plus de 300 pages — de revenir sur l’histoire de l’héroïne qui a grandi avec ses lecteurs. Tout en ouvrant généreusement ses carnets de croquis, Julien Neel évoque — au cours d’un long entretien — son propre destin, lié depuis 20 ans à celui de la petite fille blonde devenue grande.
Lire la suite...Remember : Louis Cance…
Il y a tout juste 50 ans paraissait le premier numéro de Hop ! : modeste fanzine parmi beaucoup d’autres dédiés à la bande dessinée principalement franco-belge. Louis Cance — alors dessinateur de « Pif le chien » dans Vaillant — ne sait pas encore que Hop ! deviendra LE magazine de référence du 9e art. La disparition de Louis, le 13 décembre à l’hôpital d’Aurillac, laisse un vide qui risque de ne jamais être comblé… Tous les historiens de la BD sont désormais orphelins…
Né le 12 janvier 1939 à Sansac-de-Marmiesse, dans le Cantal, Louis Cance découvre la bande dessinée dans les nombreux fascicules de récits complets qui sont publiés après-guerre, et surtout en dévorant Coq Hardi de Marijac, lequel — plus tard — deviendra son ami.
Après quelques dessins parus dans L’Écureuil en 1957 et 1958, c’est en parfait autodidacte qu’il aborde la profession avec la création de « Red Devil ».
Membre de la police montée canadienne contemporaine, le héros traque les malfaiteurs dans les vastes étendues désertiques.
Commencée à partir du n° 37 (janvier 1959) de Johnny Texas, mensuel populaire publié par les éditions du Puits-Pelu de Claude Jacquier à Lyon, cette série au trait réaliste encore hésitant se poursuit jusqu’au n° 53 et dernier (mai 1960).
Dès le milieu des années 1960, Louis Cance propose des récits complets réalistes dans Lisette/Nade, Lisette magazine, Record…
Et enfin dans Amis-Coop, où il adopte l’humour pour créer en 1966 les aventures d’« Un de la police montée ». Ces récits complets évoquent les déboires d’un personnage malchanceux portant la fameuse tunique rouge et se poursuivent jusqu’à la disparition, en 1990, du mensuel des coopérateurs scolaires.
Dans le même registre, il anime de 1970 à 1975 une quinzaine d’aventures de « Pépé Dynamite » avec la scénariste Claire Godet : un western humoristique publié dans Formule 1, l’hebdomadaire successeur de Cœurs vaillants publié par les éditions de Fleurus.
En 1967, Louis Cance a la lourde tâche de succéder à Roger Mas, lui-même successeur de José Cabrero Arnal sur les aventures de « Pif le chien » dans l’hebdomadaire Vaillant, le journal de Pif.
Il poursuit la série dans Pif gadget à partir de 1969, avec le concours de divers scénaristes : Patrice Valli, Christian Godard, Jean-Marie Nadaud, Michel Motti, Yannick…
Jugé posséder un trait trop classique par la rédaction, il est écarté de l’hebdomadaire en 1980.
Respectueux de l’œuvre du créateur, l’éternel combat entre Pif et Hercule se poursuivra sous sa signature dans le mensuel Pif poche, à la cadence de 40 pages mensuelles, jusqu’à la disparition du titre au début des années 1990.
Ce seront ses derniers travaux de professionnel comme dessinateur.
Tout en assurant cette collaboration, Louis Cance lance en octobre 1973 — avec le concours de Guy Pouget — la publication du fanzine Hop !, autoédité par l’Association d’étude du mode d’expression graphique de la bande dessinée (AEMEGBD).
À ses débuts essentiellement dédiés aux bandes dessinées franco-belges, le journal s’ouvre rapidement aux créations étrangères — et plus particulièrement américaines — de l’Âge d’or.
Ne cherchant pas la gloire, Louis Cance n’a jamais consacré une ligne à sa propre carrière de dessinateur.
Très vite, Hop ! devient un outil de référence indispensable pour les historiens de la BD. Malgré de faibles moyens et tout en poursuivant ses activités professionnelles, Louis Cance a maintenu le cap, publiant le n° 166 et dernier en janvier 2022 (bien que daté de 2020).
Il préparait un numéro — hélas sans cesse retardé par la maladie — consacré au dessinateur Gervy.
Avec l’alternance de numéros « Actualités BD » et « Nostalgie BD », c’est toute l’histoire de la bande dessinée qui est évoquée dans Hop ! Ses dossiers consacrés aux grands dessinateurs et aux journaux de l’immédiat après-guerre, mais aussi aux auteurs contemporains — et leurs imposantes bibliographies — ont fait le bonheur de tous ceux qui souhaitaient aller au-delà de la seule lecture des journaux et albums. Ses rubriques « Scoops actualité », « L’Actualité des collectionneurs », « Fanzines », « Revue de la presse », sans oublier l’incontournable « Remember » recensant les auteurs disparus entre deux parutions étaient devenues incontournables. Elles vont nous manquer.
Louis Cance était entouré d’une solide équipe de collaborateurs eux aussi bénévoles : surtout Marc-André Dumonteil… mais aussi Gérard Thomassian, François Hue, Évariste Blanchet, Francis Saint-Martin, Jean-Jacques Lalanne et même notre rédacteur en chef Gilles Ratier.
Un souvenir personnel pour conclure…
il y a 50 ans. À l’occasion de la Convention de la BD, à la Mutualité à Paris, Claude Moliterni avait invité quelques amis dont j’étais à finir la soirée chez lui. Un inconnu attendait timidement que je termine ma conversation pour m’aborder. Il m’a tendu un magazine en se présentant : « Je suis Louis Cance, je suis heureux de vous offrir le premier numéro de Hop ! » Tout au long de la soirée nous ne nous sommes plus quittés, nous avions tellement de souvenirs de lecture à partager. Des rencontres il y en a eu beaucoup d’autres, de longues conversations téléphoniques aussi. Je venais de rencontrer un frère, un compagnon qui livrait avec la même passion, le même combat en faveur de la bande dessinée. J’ai assisté à ses batailles financières permanentes, afin de permettre à Hop ! de poursuivre son petit bonhomme de chemin. Louis n’était pas riche, il n’a jamais usé de ses connaissances auprès des éditeurs pour boucler ses fins de mois. Il hésitait à passer un coup de fil ou à utiliser des timbres-poste juste par souci d’économie : il n’avait pas les moyens. Sa seule collaboration bénévole en dehors de Hop !, à partir de 1991, est proposée par Samizdat, le bulletin de la librairie Impressions à Enghien-les-Bains (merci à Sylvain Insergueix).
Disons-le : les éditeurs ne lui envoyaient pas de service de presse, argumentant que Hop ! n’était pas assez rentable pour eux ; les journalistes boudaient la revue, pas assez brillante à leurs yeux ; le salon d’Angoulême ne l’a jamais honoré à sa juste valeur. Honnête homme jusqu’au bout des ongles, cultivant l’amitié, la vraie, érudit comme rares le sont dans notre domaine, Louis Cance laisse un grand vide.
À son épouse, qui a toujours soutenu sa passion, à son fils, sa fille et ses petits-enfants, l’équipe de BDzoom.com — triste comme jamais — présente ses plus sincères condoléances.
Henri FILIPPINI et l’équipe de BDzoom.com
La photo de Louis Cance est de Jean-Luc Muller qui a également réalisé la vidéo ci-dessous qu’il nous autorise à mettre en ligne
Dans les dossiers de « Hop ! », Louis Cance mettait en avant une bande dessinée populaire, ce qui était comme un contrepoids aux autres revues d’études sur la BD, souvent élitistes. « Hop ! » sera indispensable aux futurs chercheurs, et pas uniquement dans le domaine dit « franco-belge » : la rubrique « Remember », en particulier, abondait en informations restées inédites en français. L’homme était aussi estimable que sa revue : tous ceux qui ont connu Louis Cance ont été frappés par son érudition, par sa modestie, par sa gentillesse.
Merci pour ce bel article. Nous sommes des millions à avoir grandi avec «son» Pif. l y a quelques semaines il m’avait envoyé une carte en m’expliquant qu’il aurait voulu pouvoir sortir un dernier numéro de sa revue et prendre le temps de réaliser sa propre bibliographie, après avoir passé des décennies à établir celle des autres. Il n’en aura pas eu le temps.
Chaque jour, je passe devant ce beau portrait photographique réalisé chez lui, à Aurillac, par Jean-Luc Muller, que vous avez reproduit en début d’article. Je l’ai posé sur mes étagères «Pif», et son franc sourire me donne la pêche pour la journée.
Triste nouvelle. Hop c’est une revue dans laquelle on a l’impression de pouvoir puiser à l’infini. Un trésor qui est inestimable pour la constitution de l’histoire de la bande dessinée au XXe siècle et après. Merci d’avoir ainsi tenu la boutique et de nous avoir fait partager tous ces savoirs qui ont permis tant de découvertes.
Toutes mes pensées à ses proches.
Cet émouvant article d’Henri Filippini en hommage à Louis Cance rappelle bien l’essentiel de l’action de ce dernier en faveur de la bande dessinée durant plus d’un demi-siècle, comme auteur et historien du genre.
Son magazine HOP ! offrait à tous les passionnés une mine d’informations précieuses sur un nombre incalculable d’auteurs, de journaux, de manifestations diverses, en privilégiant toujours le factuel plutôt que le commentaire. Cette rigueur a nourri pour leurs travaux de nombreux historiens, critiques et essayistes du 9e art , et Louis Cance répondait toujours aux sollicitations dans ce domaine, avec gentillesse et modestie.
Je l’aimais bien pour toutes ses qualités humaines et professionnelles.
Vraiment une belle personne, dont la disparition m’attriste profondément.
Très bel et sincère hommage d’Henri Filippini, d’un dessinateur qui a enchanté mon enfance, avec Pif et « Un de la police montée » dans Ami-Coop.
Salut,
Une perte immense pour le milieu du 9ème Art.
Son travail, d’une rare qualité, restera une source d’informations, d’érudition et de plaisir…
Pensées émues envers ses proches.
J’etais un jeune-vieux fidèle lecteur attiré par un dossier,un auteur en particulier et,par là même en découvrant d’autres contrées,des pans entiers qui peu à peu me devenaient,presque,familiers.
Or donc,voilà des Niezab,del Castillo,Mariel Dauphin,Joseph Naret,Acquaviva,Alain d’Orange..Lucien Nortier !Jacques Souriau!…
Je fréquentais plus avant,et avec une passion accrue,les Noël Gloesner,Marin,Marijac,Ollivier,Brochard etc!…
Des noms et des syles parfois croisés dans un certain dictionnaire de la bande dessinée,reçu à la Noël 1989,livre d’ un certain oncle Henri ,
La fameuse enveloppe ornée d’ Dessin bondissant de Derib …
Et l’infini bonté,humble,mais si pleins de connaissances,disponible et bienveillant du brave Louis Cance…le cliché de la bibliothèque qui brûle à la mort d’un tel homme se vérifie ici bel et bien.
Je suis profondément touché par cette disparition et je suis bien con d’avoir tant tardé à lui réécrire,lui redire toutes ces choses là.
C’est bien tard,je suis ému mais mon sentiment ne changera rien.
Quelle triste nouvelle. J’en ai les larmes aux yeux. Perdre Louis Cance, c’est comme perdre un ami. Un ami de près de quatre décennies, plus de la moitié d’une vie.
Recevoir la revue ou le magazine HOP! c’était la perspective de passer une bonne soirée en compagnie de son rédacteur. C’était découvrir ces artisans ou plutôt artistes français grands maîtres de la plume et du pinceau. On en apprenait beaucoup à leur égard, surtout ceux que l’on appréciait le plus. D’aucuns avaient collaborer avec les Editions Artima, pour lesquelles on a un goût tout particulier. Les frères Giordan, Eugène Gire, Bob Dan et autres.
Cette disparition laissera un vide que l’on ne voudrait pas abyssal. Car il y a déjà toute cette énorme matière, ces archives de la BD en quelque sorte. Néanmoins tout n’était pas dit, loin de là. Qui prendra la relève. Qui surtout aura cette façon si sympathique de mettre en vedette ces forcenés de la planche à dessin, sans jamais être acerbe ni trop critique.
Oui, Louis Cance aimait tous ces dessinateurs et nous les faisait aussi aimer et apprécier. On lui doit beaucoup. Son départ nous attriste profondément.
Une revue maquettée à l’ancienne, mais toujours passionnante à lire!
J’ai eu l’honneur d’être le correspondant en Espagne de HOP ! pendant plus de quatre décennies. J’envoyais régulièrement à l’ami Louis des nouvelles de l’actualité de la bande dessinée ibérique, ainsi que des obituaires pour la rubrique « Remember » et parfois des interviews (par example, avec Jordi Bernet).
J’entretins une fructueuse relation épistolaire avec Louis pendant longtemps, bien que je n’ai eu le plaisir de le rencontrer en personne que deux fois; l’une en 1984, au Salon d’Angoulême et l’autre en 1990, danss le cadre de l’ephémere Salon de Grenoble.
Il fut toujours un défenseur de la bande dessinée populaire et traditionnelle, par opposition aux voix pseudo-intellectueles qui dénigraient ce type de produit au profit d’une b.d. soi-disant plus « adulte » et élitiste. Les plus de 160 numéros de HOP ! sont une véritable mine d’informations introuvable nulle part ailleurs et un trésor inestimable pour les historiens et essayistes de la b.d.
Disparition d’un phare pour les historiens de la BD, je me rappelle d’un numéro de Hop ! particulièrement remarquable consacré à Jijé.
Qui n’aimait pas Louis ? Petit détail, Marc-André m’a indiqué qu’il est décédé mardi matin et non mercredi. Il ne voulait pas que sa fin soit communiquée.
Notre ami commun, Jean-Paul TIBERI a édité 3 albums de « Un de la police montée »
Salut Hubert !
Non, Marc-André – certainement encore sous le coup de l’émotion – s’est trompé, et il me l’a lui-même confirmé : c’est bien mercredi martin que Louis est décédé.
La bise et l’amitié
Gilles Ratier
Un grand monsieur de la bande dessinée et de son histoire. Merci à Lui pour son travail minutieux et absolument incroyable.
Une triste disparition d’un homme passionné et passionnant ,dont la revue Hop! découverte il y a plus de 20 ans a permis au quadra que je suis de découvrir tout un pan de la bande-dessinée et des illustrés que je ne connaissais pas. Et je n’oublie évidemment pas le dessinateur de Pif que j’ai suivi dans Pif Poché dans mon enfance. Une pensée à sa famille et à ses proches.
Un grand monsieur au service du plus grand nombre. Merci pour tout ce qu’il a fait.
Je ne connaissais guère son oeuvre si ce n’est « Pépé Dynamite » dans « Formule 1″ qui devait être une des meilleures bandes dessinées de cet hebdomadaire. Ceci dit, j’étais en contact avec lui car je lui ai commandé d’anciens numéros de « Hop » afin de parfaire ma culture en matière de B,D, et le dernier envoi a été posté le 6 décembre soit une semaine avant son départ.
Pensée à sa famille et à ses proches.
Requiescat in pace!
C’est surtout maintenant que l’on va se rendre compte de son importance.
Très triste.
Son immense apport, ses recherches et études sur tous les pans de la BD est une oeuvre absolument considérable et qui restera. Car peu comme lui étaient ou sont capables d’aller à ce niveau d’expertise, détail et exhaustivité.
Je le connaissais peu, seulement comme beaucoup via des numéros de HOP!. Mais je ne peux que lui rendre hommage et le remercier car notamment il a soutenu mon projet d’étude sur les débuts de Giraud (avant Blueberry) et cela avait fait un beau dossier (HOP! 100).
Et puis ses biblios complètes, très précises, utiles !
Si l’on veut approfondir sur un auteur relativement classique, HOP! est la référence incontournable.
Y compris avec des dessins inédits ou rares.
Chapeau, l’artiste !
Une base de données incontournable, notamment en ce qui concerne les BD oubliées, le patrimoine, des domaines que DBD, Casemate, Canal BD et ZOO ignorent. Mais je leur rend la politesse, en ignorant ces revues consacrées à l’actualité hot des parutions.