BDZoom > Actualités > Dans la BD italienne « 10 octobre », digne d’un épisode de « Black Mirror », on ne meurt pas par hasard !

Pas de commentaire

Dans la BD italienne « 10 octobre », digne d’un épisode de « Black Mirror », on ne meurt pas par hasard !

20/11/2023
Par Gilles Ratier

Dans un monde où les inégalités, la pauvreté et la maladie n’existent plus, une seule loi s’applique désormais : la régulation de la mort. Les gens naissent comme des produits de laboratoire, avec une date de péremption inscrite dans leur ADN. Il y a six limites d’âge possibles, mais personne ne connaît la sienne. Richie Walls sait uniquement qu’il pourrait mourir le 10 octobre : le jour de son 11^e anniversaire. C’est à ce moment-là qu’il rencontre un mystérieux groupe de personnes qui projettent de faire exploser ce système de planification de notre disparition, au nom de quelque chose que tout le monde a oublié : la liberté… Un premier volet d’une surprenante et captivante bande dessinée italienne, publiée à l’origine chez Bonelli.

S’il fut un temps où il était compliqué de vivre avec les maladies, la pollution, les guerres, la pauvreté… Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Tout est parfaitement équilibré, car préalablement réglé : y compris la vie. On ne meurt plus par hasard, d’affection ou d’accident. Même le suicide n’est pas envisageable. En effet, l’humanité a atteint un tel niveau d’évolution qu’elle a vaincu tous les problèmes de santé ou de besoin, et le crime a été éradiqué.

Tout ceci a été rendu possible grâce à une loi admettant seulement la régulation des nativités. Car, dans ce monde parfait, chaque individu a une date d’expiration qu’il ne connaît pas : un moment précis, programmé dès la naissance, pour mourir à un âge donné (3 ans, 11 ans, 26 ans, 38 ans, 57 ans ou 70 ans). Chaque tranche de vie est ainsi composée d’un nombre déterminé de personnes, ceci afin de maintenir l’équilibre sociétal : la prise de conscience collective de cet état de fait stimulant à toujours faire mieux et à rendre les habitants heureux et productifs.

L’anniversaire coïncidant aux éventuelles disparitions est un événement particulièrement important à célébrer : les funérailles impliquant alors l’utilisation d’un carrosse spécial — calèche silencieuse et écologique — qui sert à transporter l’hypothétique cercueil jusqu’au cimetière. Richie va donc avoir 11 ans le 10 octobre, mais ses parents n’ont pas encore organisé ses obsèques. Ils ont été choqués par la mort de leur premier fils, décédé à cet âge-là. La mère, trop fragile, n’est pas prête à affronter une nouvelle perte dans la famille, et le père, pour la protéger, fait tout pour éloigner les sources d’un traumatisme supplémentaire. Lorsqu’il va rencontrer des gens bien décidés à détruire le système en place, le destin de ce jeune garçon va basculer…

Tome 2 de l'édition Bonelli.

Cette série en quatre albums, parus à l’origine entre novembre 2021 et juillet 2022 chez l’éditeur transalpin Bonelli, est aujourd’hui traduite par Fordis en deux gros volumes de 120 pages en couleurs :

Tome 3 de l'édition Bonelli.

le premier étant enrichi d’une postface de la scénariste Paola Barbato — laquelle sait captiver le lecteur du début à la fin avec cette dramatique dystopie qui semble sans issue, en apportant son lot de suspense et de rebondissements — et d’une galerie de dessins dus au trait efficace et plein d’ambiance (on se croirait vraiment dans l’Amérique des années 1950) de Mattia Surroz.

Voilà donc une belle surprise de la part de cette dynamique maison d’édition dont le catalogue est de plus en plus éclectique, entre traductions italiennes (Roberto Baldazzini, Rudolfo Torti, Ivo Milazzo, Paolo Bacilieri…), westerns (« Tex », « Esprit du vent »…) et patrimoine (Collection Jean-Michel Charlier, « Les Pionniers de l’Espérance »…) : voir https://www.fordisbooksandpictures.fr.

Gilles RATIER