Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Largo Winch T24 : Le Centile d’or » : escapade dans l’espace !
Ce douzième diptyque des aventures haletantes du dix fois milliardaire en dollars Largo Winch, séducteur justicier à la tête de l’empire W dont il a hérité, n’est pas la plus reposante des aventures du héros imaginé par Jean Van Hamme. Plus bagarreur que jamais, il trouve plus dingue que lui en la personne du fantasque Jarod Manskind — son alter ego—, qui l’invite à voyager en apesanteur à 100 kilomètres au-dessus de la Terre…
C’est parce qu’il a décidé de fermer une mine d’étain qui exploitait des enfants, sur l’île de Bangka en Indonésie, que Largo croise la route de Jarod Manskind : milliardaire excentrique, aux projets aussi ruineux que farfelus. L’homme, propriétaire de 49 % des actions de la mine, conteste la décision de Largo. Bien que les intérêts financiers et politiques soient grands, Jarod invite son adversaire à  effectuer en sa compagnie un vol orbital à bord de l’Asteria :une navette spatiale dont il est l’investisseur. Un pseudogroupe d’activistes de l’organisation écocombattante We Blue,dirigée par Le Professeur, sabote l’appareil, lequel échappe miraculeusement au crash grâce à la présence d’esprit de Largo.
Accompagné par sa femme — la sulfureuse Demetria —, Jarod organise le Centile d’or, réunissant les 100 plus gros milliardaires de la planète. Il souhaite convaincre ses hôtes de contribuer au financement d’un projet à  100 milliards de dollars, dont le but est la colonisation de la planète Mars. C’est compter sans la persévérance du Professeur, prêt aux pires opérations criminelles pour contrer le projet… Largo Winch et ses amis veillent au grain, mais ne parviennent pas à  éviter une fin tragique à cet épisode au scénario mouvementé.
Des terres sauvages du Yosemite National Park en Sierra Nevada au luxueux Griffith Observatory à Los Angeles, aussi à l’aise dans la nature sauvage que dans les villes tentaculaires, ce nouvel opus de Largo Winch multiplie les séquences spectaculaires. Notons plus particulièrement le combat aérien final — XXL ! — dans le ciel de Los Angeles,qui vaut le détour.
Toujours aussi maîtrisé, plus dynamique que jamais, le dessin — à la fois moderne et classique — réunit tous les ingrédients qui justifient les 13,6 millions d’exemplaires vendus depuis la parution du premier album en 1990 : les décors sont époustouflants de réalisme, la mise en page audacieuse.
Né le 13 décembre 1961 à Etterbeek en Belgique, Philippe Franc étudie la bande dessinée à l’Institut Saint-Luc. Après deux premières tentatives décourageantes, il croise la route de Jean Van Hamme en 1988, lequel lui propose d’adapter en bande dessinée les six romans qu’il a publiés au Mercure de France depuis 1977. Le dessinateur poursuit l’aventure avec la collaboration d’Éric Giacometti à partir de 2017, après le départ de Van Hamme de la série. Auteur de thrillers à succès, dont le polar ésotérique « Antoine Marcas » écrit à quatre mains avec Jacques Ravenne, il est un fan absolu de la première heure des albums de « Largo Winch ». Une reprise en douceur, donc, qui ne perturbe pas les admirateurs de Jean Van Hamme, lesquels retrouvent quand même l’ADN de la série.
Notons — pour les collectionneurs fous — la publication des Art Strips Box : deux coffrets au tirage limité à 500 exemplaires proposant les miniatures de dix « Largo » pour le premier, des reproductions de crayonnés pour le second. Ces box sont accompagnées d’un certificat numéroté signé par Philippe Francq.
Enfin, les « Largo Winch Art Strips » sont des reproductions en très grand format des dessins de Philippe Francq, présentés sur plexiglas ou papier « fine art », avec un tirage limité à 30 exemplaires chacun ; voir : https://largowinchartstrips.com/.
Henri FILIPPINI
« Largo Winch T24 : Le Centile d’or » par Philippe Francq et Éric Giacometti
Éditions Dupuis (15,95 €) — EAN : 979-1-0347-6782-3
Éditions Dupuis (17,95 €) — EAN : 979-1-0347-7090-8 pour l’édition documentée de 56 pages
Parution 17Â novembre 2023
Éditions Dupuis (199 €) — EAN : 979-1-0347-7091-5 pour l’édition prestige de 104 pages
Bonjour,
À noter que l’édition documentée bénéficie d’une édition exclusive tirée à 200 exemplaires, enrichie d’une jaquette inédite réservée à la Galerie Huberty Breyne, et numérotée !!
Il leur en reste peut-être encore quelques exemplaires… ?
Mais les couleurs m’ont un peu surpris : un peu plus criardes et artificielles que d’habitude, dans les planches présentées. Même si elles étaient hardies, elles gardaient un certain équilibre…
Mais l’album, comme les précédents, est sûrement un incontournable pour beaucoup, y compris pour moi.
Ce sont les scan qui font cet effet à l’écran, et j’avoue que c’est assez laid en effet. Rassurez vous, les couleurs ne sont pas aussi « flashy » dans l’album. Elles n’y sont pas criardes du tout.
Je trouve le diptyque La frontière de la nuit-Le centile d’or vraiment réussi. Grâce à Giacometti, on retrouve un Largo aventurier, dans un scenario à suspense dense et bien ficelé.