Vivant depuis 25 ans avec Tanie — qui est aveugle d’un œil et qui, en conséquence, doit se démener tous les jours pour s’adapter de son mieux aux charges du quotidien —, le dessinateur et scénariste Marc Cuadrado a repris ses crayons pour nous expliquer comment sa courageuse femme fait face à sa déficience visuelle. Pour l’occasion, cet adepte du style gros nez — « Norma » chez Casterman et « Parker & Badger » chez Dupuis ou « Je veux une Harley » pour Frank Margerin chez Fluide glacial et Dargaud (1) — renoue avec la discipline graphique qu’il avait abandonnée depuis une dizaine d’années : passant à autre trait, plus semi-réaliste, où sa plume se fait alors tendre et émouvante… même s’il insuffle toujours sa lumineuse touche d’humour personnelle !
Lire la suite...Pêcheurs de Suède et d’Islande…

La vie des marins de haute mer des siècles passés suscite toujours la curiosité et l’étonnement. Comment tous ces hommes pouvaient-ils s’aventurer sur les océans avec, pour se diriger, des instruments et des données qui, rétrospectivement, nous paraissent dérisoires ? Qu’il s’agisse d’un pêcheur de Suède au XVIIIe siècle ou d’un pêcheur d’Islande au XIXe, leur sort intrigue… inévitablement !
Édith s’est ainsi plu à imaginer la vie d’Edin Björnsson : « Pêcheur suédois au XVIII<sup>e</sup> siècle, coureur de jupons et assassiné par un mari jaloux ». Curieux sous-titre, s’il en est, par sa longueur et son programme ; d’autant plus qu’Édith annonce d’emblée que son récit est né d’une séance chez une magnétiseuse et de l’évocation, par celle-ci, d’une vie antérieure : une vie de marin !
Finalement, on oublie bien vite cette anecdote pour se plonger dans un petit village de la Baltique en 1769, alors qu’un bébé vient de naître, très vite surnommé L’Asticot. Ses chances de survie sont limitées, mais il résiste, L’Asticot… et nous allons le suivre pas à pas, tout au long de son existence : une existence rude, brutalisée. Tout jeune, il devient pécheur, rudoyé à bord, malmené à terre ; mais, en grandissant, il tombe amoureux ici et là.
Edin connait ainsi un peu l’amour, beaucoup les échecs. Pour les oublier – mais sans y parvenir -, il part finalement dans les pas du vieil Oddbergur, puis s’embarque à nouveau pour « échouer » finalement du côté d’Étretat… Édith ayant le don de construire des personnages d’un trait léger, presque familier, et d’habiller le tout de couleurs toujours lumineuses et chaleureuses, on ne peut quitter un seul instant ce personnage et cet univers presque attachants (alors que le sous-titre nous a révélé la fin).
De son côté, Alexandre Noyer propose le second tome de son adaptation du célèbre roman de Pierre loti : « Pêcheur d’Islande », publié en 1894. On avait ainsi, dans le premier volet, rencontré Gaud qui, après avoir vécu à Paris, revenait en Bretagne. Elle y tombe alors amoureuse de Yann, marin sur le bateau La Marie qui navigue dans la dangereuse mer du Nord, et vers l’Islande. Yann n’aime que la mer, mais l’amour et la mer ne font pas toujours bon ménage…
Dans un graphisme sombre et original, Alexandre Noyer s’est plu à imaginer les scènes maritimes, la vie sur le bateau, la vie à terre… avec l’intention d’en faire partager les difficultés, la solitude, les détresses, notamment celles des femmes de pêcheurs. L’ambiance est de fait dramatique, soutenue par de nombreuses cases très visuelles, voire des séquences de plusieurs planches muettes. Noyer fait aussi alterner également les scènes dialoguées et d’autres légendées par le texte de l’écrivain. Au bilan, une belle occasion graphique de susciter l’envie de découvrir ce roman dramatique et mémorable.
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« Moi, Edin Bjornsson, pêcheur suédois » par Édith
Éditions Oxymore (20,95 €) – EAN : 9782385610135
Parution 25 octobre 2023
« Pêcheur d’Islande » par Alexandre Noyer, d’après Pierre Loti
Éditions Ouest-France (19,90 €) – EAN : 9782737389412
Parution 6 octobre 2023