Vivant depuis 25 ans avec Tanie — qui est aveugle d’un œil et qui, en conséquence, doit se démener tous les jours pour s’adapter de son mieux aux charges du quotidien —, le dessinateur et scénariste Marc Cuadrado a repris ses crayons pour nous expliquer comment sa courageuse femme fait face à sa déficience visuelle. Pour l’occasion, cet adepte du style gros nez — « Norma » chez Casterman et « Parker & Badger » chez Dupuis ou « Je veux une Harley » pour Frank Margerin chez Fluide glacial et Dargaud (1) — renoue avec la discipline graphique qu’il avait abandonnée depuis une dizaine d’années : passant à autre trait, plus semi-réaliste, où sa plume se fait alors tendre et émouvante… même s’il insuffle toujours sa lumineuse touche d’humour personnelle !
Lire la suite...Les Cahiers de la BD n° 24 : « Et si Tintin revenait pour de vrai ? »…
C’est avec ce titre choc en couverture que la nouvelle livraison des Cahiers de la BD nous est proposée,accompagnée d’un dessin bien choisi, extrait de l’album « Coke en stock ». Cet article propre à éveiller l’intérêt des fans du héros à la houppe accompagne bien d’autres sujets tout aussi passionnants. Alors que le trimestriel animé par Vincent Bernière apporte, par petites touches discrètes, quelques transformations nécessaires…
Rassurez-vous : même si la question demeure d’actualité depuis la disparition d’Hergé, la publication d’un nouvel album des aventures de Tintin demeure impossible face à la détermination des ayants droit, comme le déclare Didier Platteau (directeur des éditions Moulinsart) : « C’est non. C’est figé de chez figé pour les ayants droit ».
Ce qui ne laisse pas la moindre espérance quant au retour de la série !
Il n’en demeure pas moins que le dossier animé par Benoît Mouchart (directeur éditorial de Casterman) est passionnant : « Petite histoire du journal Tintin » ; reprise d’une BD de Lewis Trondheim extraite du récent album « Tintin : numéro spécial 77 ans » ; « De la case au grand écran », un article de Patrice Guérin ; enfin, « Tintin peut-il exister sans Hergé ? » : un article fort documenté de Jean Rime illustré avec tact par Pierre Van Hove.
Même si la « grande » nouvelle espérée à la lecture de la couverture n’est qu’un leurre, les documents proposés valent le détour.
Anne-Hélène Hoog,conservatrice du musée de la BD d’Angoulême, évoque quant à elle l’académisme de François Bourgeon : lequel vient de léguer l’ensemble de ses originaux à la cité charentaise.
Plus copieux que par le passé, le cahier « Chronique » s’ouvre à l’actualité avec un écho sur les 40 ans du salon bd BOUM de Blois ; un autre sur les 20 ans de Denoël graphic et son animateur : Jean-Luc Fromental ; une note sur le décès de Joe Matt (le 18 septembre de cette année)… sans oublier les chroniqueurs habituels : François Ayroles, Renaud Monfourny, Rodolphe Massé, Marius Jouanny, Numa Sadoul, Bernard Joubert…
L’élitiste Thierry Van Hasselt — cofondateur des éditions Fréon (devenues Frémok) — est l’invité de Vincent Bernière. L’auteur italien Alessandro Tota, récent auteur d’« Une illusion magnifique », répond aux questions de Marius Jouanny.
« La BD peut-elle aider à décrocher ? », se demande la libraire Manon Rolland à propos de la dépendance… Plus proche des intérêts des amateurs de BD, l’article de Nicolas Tellop est consacré à l’excellent « Soda » — enfin de retour après de longues vacances.
Enfin, Nicolas Tellop revient sur la carrière brisée d’Yves Chaland, dont 150 originaux sont exposés à Bordeaux.
L’iconographie est plus riche, la mise en page moins austère : bref, ce numéro au contenu copieux et varié devrait satisfaire ceux qui veulent aller au-delà de l’œuvre d’un auteur.
Notons que Les Cahiers de la BD préparent un numéro hors-série consacré à Gaston Lagaffe, annoncé pour début décembre, dont nous reparlerons.
Henri FILIPPINI
Les Cahiers de la BD n° 24
180 pages en couleurs (13,90 €) — EAN : 979-1-0961-1974-5
Trimestriel en kiosque et en librairie (et chez l’éditeur : Vagator Productions, 62, rue de Trucy, 94120 Fontenay-sous-Bois ; info@les cahiers de la bd.fr)
Couverture trompeuse, je l’ai feuilletté en maison de la presse, et vite reposé.