« Captifs » : une grande fresque historique en Nouvelle-France !

Inspiré par une histoire vraie, ce long récit d’une centaine de pages entraîne ses lecteurs au Canada — la Nouvelle-France —, au temps où Français et Anglais se livraient un combat sans merci. La tragique histoire de la famille Johnson évoque, sans fard, le calvaire vécu par les prisonniers capturés, puis vendus par les peuplades amérindiennes aux coutumes ancestrales. Un one-shot passionnant, signé par deux auteurs qui témoignent de belle manière que la bande dessinée classique a encore de beaux jours devant elle. Une belle découverte !

Nous sommes en août 1754, au cœur du New Hampshire en Nouvelle-Angleterre. Susanna — enceinte — et ses trois enfants (Elizabeth, Polly et Sylvanus) vivent dans une maison isolée non loin du fort britannique Numéro 4 commandé par le père de la jeune femme. James, son époux — un trappeur d’origine irlandaise qui commerce les fourrures —, revient au foyer après trois longs mois d’absence. Le lendemain à l’aube, la famille est attaquée par une bande d’Indiens Abénaquis. James et les siens, désormais prisonniers des Amérindiens, sont rejoints par Miriam — la petite sœur de Susanna — et leur ami Ébenezer. Une marche pénible pour les prisonniers commence,au cœur de la forêt canadienne, au cours de laquelle Susanna met au monde une petite fille qu’elle baptise Louise-Captive. Épuisé, le petit groupe rejoint les rives du lac Champlain. À bord de canoës, otages et kidnappeurs gagnent Montréal où de riches colons français — qui occupent la ville — recherchent des esclaves, mais aussi des enfants pour les adopter. Pendant que les siens subissent les pires humiliations auprès de leurs nouveaux maîtres,James est prêt à tout pour monnayer leur délivrance…

Avec en toile de fond le conflit qui opposait Anglais et Français au Québec, lors de la colonisation du Nouveau-Monde, ce récit documenté évoque le rôle souvent ignoré de kidnappeurs tenus par les tribus indiennes — et plus particulièrement les Abénaquis — ainsi que l’esclavage des Blancs chez les Canadiens français à la fin du XVIIIe siècle. D’actes d’héroïsme en séquences dramatiques, le scénario rondement mené — signé Benoît Rivière — est riche en personnages attachants, mais aussi en séquences cauchemardesques. Olivier Ormière, le dessinateur, ne ménage pas ses efforts tout au long des 108 pages de cette fresque romanesque où les décors sont soignés, les scènes d’action dynamiques et les filles jolies : ce qui ne gâte rien.

En fin d’ouvrage, un cahier graphique de dix pages invite le lecteur à pénétrer dans l’atelier des auteurs. Le scénario de cette histoire de fiction a été inspiré par la Britannique Susanna Johnson, auteur en 1798 de l’ouvrage « Récit d’une captive en Nouvelle-France 1754-1760 » (publié en 1841 aux États-Unis et traduit en français en 2005 au Québec par les éditions du Septentrion).

Benoît Rivière, né à Bordeaux en 1976, chroniqueur BD, collectionneur, aborde la bande dessinée en professionnel en 2006 avec l’écriture de « Missy », dessiné par Hallain Paluku pour la Boîte à bulles. Aux éditions Delcourt, il signe « Milo » pour Philippe Scoffoni (en trois volumes réédités en intégrale en 2020 aux Humanoïdes associés sous le titre « Identités troubles ») et « Chasseur d’héritiers » — avec Nicolas Jarry — pour Guillaume Tavernier.

Olivier Ormière, né le 19 juillet 1973 dans le Tarn, est illustrateur licencié des Arts appliqués d’Angoulême, où il enseigne. En 2005, il propose « Wyrd » avec David Cerqueira et Jean-Philippe Grislain chez Panini Comics. Il réalise, à partir de 2011, la trilogie « Le Temps du rêve » aux éditions Delcourt, écrite par Stéphane Antoni.

Henri FILIPPINI

« Captifs » par Olivier Ormière et Benoît Rivière

Les Humanoïdes associés (22 €) — EAN : 978-2-7316-3894-3

Parution 30 août 2023

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