N’hésitez pas à revenir régulièrement sur cet article, puisque nous l’alimenterons, jour après jour, avec tout que nous envoient nos amis dessinateurs, scénaristes, coloristes, libraires, organisateurs de festivals et éditeurs pour vous souhaiter de joyeuses fêtes : et ceci jusqu’à la fin du mois de janvier 2025 !
Lire la suite...« Les Nouvelles Aventures de Barbe-Rouge : Mami Wata » : sous le signe du vaudou…
Et voici le troisième opus de la nouvelle version de la série imaginée par Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon en 1959 pour le alors tout nouveau Pilote. Au poker hasardeux des reprises, Jean-Charles Kraehnet Stefano Carloni possèdent un jeu gagnant. Sans copier leurs aînés (avec le risque de ringardise que cela aurait pu générer), sans les moderniser à outrance et perdre les lecteurs nostalgiques, ils trouvent le juste milieu, réconciliant anciens et nouveaux passionnés de ces personnages cultes de la bande dessinée franco-belge.
L’île de la Tortue n’est plus le repaire des flibustiers, jadis République des frères de la côte. Mais, en tant que colonie française gouvernée au nom du roi de France par le fourbe Plante de la Pivardière, elle est toujours fréquentée par les forbans de tout poil. Le Faucon noir, le vaisseau de Barbe-Rouge — toujours entouré de son fils adoptif Éric, de ses fidèles Baba et Triple-Patte, sans oublier le jeune Rico —, fait escale dans la colonie française.
Nos héros recherchent le trésor du pirate Morgan le Spectre et sont sur les traces de la belle Concha : ancienne maîtresse du Spectre et mère de Carmen, dont Éric est le père. La jeune femme est prisonnière, en compagnie de Baba, de Mami Wata — la redoutable déesse vaudoue — et de son puissant sorcier, le vodounô Wambu-Noula. Il ne faudra pas moins de 72 pages à nos héros pour parvenir à vaincre leurs maléfiques ennemis. Bien qu’assagi, devenu corsaire au service du roi, l’ancien « Démon des Caraïbes » est toujours redoutablement efficace lorsqu’il s’agit de faire justice.
Teinté de fantastique par la présence du vaudou, cet épisode riche en rebondissements et au scénario astucieux devrait séduire un large lectorat, bien au-delà des nostalgiques de la série originale.
Son talentueux dessinateur italien — loin de s’inspirer du trait classique de Victor Hubinon — lorgne plus volontiers du côté de Mathieu Lauffray : un virtuose qui s’y connaît lorsqu’il est question de piraterie.
Les filles y sont jolies, sensuelles, à cent lieues des quelques rares femmes qui croisaient la route des héros dans les pages de Pilote.
Bien que cet album soit la suite des deux premiers épisodes, il peut se lire sans en avoir pris connaissance.
Après le duo formé par Christian Perrissin et Marc Bourgne, au début des années 2000, qui ne manquait pas de panache, cette reprise figure parmi les plus réussies du moment, en une période où l’exhumation des héros d’antan fait fureur.
Si Jean-Charles Kraehn n’est plus à présenter, voici quelques mots à propos du jeune Italien Stefano Carloni.
Né le 12 octobre 1988 à Jesi, ce passionné de bande dessinée étudie le dessin à la Scuola Internazionale di Comics de sa ville natale. Diplômé en 2010, il commence à travailler pour divers éditeurs italiens. À la suite d’un voyage à Angoulême en 2013, il ne quitte plus les éditeurs hexagonaux : « Sinclair » avec Laurent-Frédéric Bollée chez Paquet, « Les Savants » avec Luca Blengino chez Quadrants/Soleil, « Clemenceau » avec Renaud Dély ou « Léon le Grand, défier Attila » avec France Richemond chez Glénat, le deuxième tome du « Nouveau Monde » avec François Armanet et Jean Helpert chez Dargaud… Malgré cette production importante, il trouve encore le temps d’enseigner la BD à l’Accademia di Comics de Jesi.
Henri FILIPPINI
« Les Nouvelles Aventures de Barbe-Rouge T3 : Mami Wata » par Stefano Carloni et Jean-Charles Kraehn
Éditions Dargaud (16,50 €) — EAN : 978-2-2052-0306-6
Tiens, un certain dessinateur en mal d’inspiration n’a pas hésité à pomper quelques photos de Miles Davis. Who Cares ?