« Wanted : portrait de sang » : l’essence du western !

La bande dessinée a toujours fait bon ménage avec le western, ses héros mythiques, ses grands espaces, son histoire — grande ou petite —, son héroïsme ou sa cruauté. C’est cette dernière qui domine tout au long de ce one-shot d’une grande originalité. Après l’excellent « Hacendado » sorti à la mi-juin chez Glénat (1), « Wanted : portrait de sang » s’inspire de Sergio Leone et de Quentin Tarantino, pour le plus grand plaisir des amateurs du genre. C’est aussi — pour les lecteurs — la découverte de deux auteurs presque quinquagénaires qui ont trop longtemps travaillé dans l’ombre.

Nous sommes au Colorado en 1869. Oscar Carjat — photographe ambulant — et Dull — un jeune orphelin cheyenne qu’il a recueilli à l’âge de huit ans — arrivent à Little Whiskey. Mandatés par le juge Hobbard D. Morris, qui les a chargés de recueillir la déposition d’un témoin, ils sont sur la piste d’Abel Koller : l’homme aux sourcils brûlés, responsable du massacre de la tribu cheyenne dont Dull est l’unique rescapé. Doté d’un solide coup de crayon, celui-ci réalise le portrait-robot du criminel, qui sera reproduit sur l’avis de recherche : le fameux « Wanted ». Sur la route du ranch où se sont réfugiés Koller et ses hommes, Carjat et Dull croisent la route de Silent Rose — chasseuse de primes à la peau noire —, elle-même à la recherche de son frère, retenu par le criminel. Ce trio improbable, issu de mondes différents, s’apprête à livrer un ultime combat au cours duquel le jeune Indien va devoir faire appel à un mystérieux pouvoir hérité de ses ancêtres. 

La centaine de pages que compte ce récit permet — grâce à sa forte pagination — un découpage aéré inspiré par la passion de l’auteur pour le manga. Des moments de silence dramatisant l’intrigue et des images à couper le souffle se succèdent à un rythme soutenu. Les personnages, soigneusement étudiés, incarnent avec justesse leurs rôles, sans tomber dans le piège de classiques stéréotypes. Entre caricature et réalisme, les deux auteurs donnent une représentation de la population de l’Ouest américain à cette période encore sauvage. Les couleurs chaudes réalisées par le dessinateur renforcent la crédibilité de ce récit aux décors somptueux. 

« Wanted : portrait de sang » confirme de belle manière le retour en force du western à une époque où l’engouement de certains lecteurs est quelque peu accaparé par la fantasy. Il est d’ailleurs significatif que ce one-shot soit proposé par une maison d’édition — dirigée par Christophe Arleston — jusqu’à présent dédiée à la fantasy pure et dure.

Né en 1977 en Belgique, dans la province du Hainaut, David Boriau fait ses débuts dans Spirou et Lanfeust mag. Son premier album (« Passages secrets ») paraît dans la collection KSTR en 2011. Il se tourne vers l’animation, puis revient à la BD avec « Death Road » chez Ankama et « Inferni » chez Jungle. On lui doit le seinen « Double Me » chez Ankama, puis la trilogie « Obscurcia » chez Delcourt : sa première collaboration avec Steven Dhondt. Il écrit aussi « La Bibliothèque des vampires », pour Man Luo, chez Glénat.

Né en 1974 à Gand, Steven Dhondt dessine la trilogie « Red Rider » chez Standaard. Sous le pseudonyme de Stedho, il dessine « Obscurcia » chez Delcourt : sa première rencontre avec David Boriau. Il adapte « Fils de sorcière » chez Jungle, puis « Adam Quichotte » chez le même éditeur. Ce grand admirateur de Moebius et de Boucq propose des images à la fois dynamiques et dépouillées, sans pourtant négliger les décors soignés.

Henri FILIPPINI

(1)  Voir « Hacendado » : du western mexicain bien brutal et délicieusement sauvage !.

« Wanted : portrait de sang » par Steven Dhont et David Boriau

Drakoo (18,90 €) — EAN : 978-2-3823-3138-5

Parution 28 juin 2023

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