Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Naviguer ou marcher… pour être libre !
Bernard Moitessier (1925-1994) est un navigateur connu pour ses récits maritimes : « Vagabond des mers du Sud » en 1960 ou « La Longue Route » en 1971. Ce dernier récit évoque notamment son abandon, en pleine course du Golden Cup Challenge : un abandon incroyable qui a motivé la curiosité et l’intérêt du scénariste Mathieu Siam…
Du jour au lendemain, Moitessier décide de ne plus suivre le parcours prévu et de se diriger vers les îles du Pacifique. L’inquiétude et l’émotion sont à la hauteur du mystère qui accompagne un tel revirement, d’autant que Moitessier a déjà signé pour un livre chez Artaud. L’éditeur envoie alors un jeune homme sur sa piste, en Afrique du Sud, lequel enquête et rencontre à Cape Town des témoins qui lui parlent du navigateur.
Le fait est que Moitessier a de quoi susciter l’intérêt. En racontant sa vie, les auteurs nous en convainquent aisément : sa jeunesse en Indochine est notamment la source de toutes ses passions : la mer, la nature, le bricolage, l’amitié… C’est aussi quelqu’un qui manifeste très tôt son goût pour la liberté et son libre-arbitre, pour l’aventure aussi, le dépassement de soi et, quelque part, le profond désir de toujours mieux se connaitre et de « sauver son âme ». Son soudain renoncement à la victoire (il était favori de la course) et à la réussite impressionnera durablement la génération soixante-huitarde.
C’est l’Océan Indien qui le retiendra (Nouvelle-Zélande, L’île Maurice…) sans oublier les îles du Pacifique sud : des décors joliment dessinés par Thibaut Lambert, auxquels se mêlent également des dessins de Mathieu Siam. On leur devait déjà « Les Frontières du Douanier Rousseau » (paru l’an dernier chez le même éditeur) : une immersion très réussie dans l’univers d’un autre rêveur de génie, s’il en est.
Être libre, c’est ce que cherche le navigateur et c’est aussi ce que recherche le marcheur. Sur mer ou en terre ferme, nombreux sont ceux qui ont besoin d’échapper aux contingences du monde réel. C’est finalement ce qu’évoque le tout dernier numéro de Tintin c’est l’aventure, dont le dossier principal est intitulé « Marcher ou le début de l’aventure » : dossier qui s’interroge sur ce qu’est la marche, ses bienfaits, ses nécessités et jusqu’où cette pratique est la volonté de se libérer. Très bon sujet, donc, dans un numéro complété par ailleurs d’illustrations italiennes signées Alfred.
Didier QUELLA-GUYOTÂ ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« …Je continue » par Thibaut Lambert et Mathieu Siam
Éditions Michel Lafon (24,95 €) – EAN : 9782749950198
Parution le 23 mars 2023
Tintin c’est l’aventure n° 15 de mars-avril 2023
Éditions GÉO/Moulinsart (17,99 €) – EAN : 9782810437788