Buck Danny Origines : Yann sur les pas de Jean-Michel Charlier…

Aujourd’hui, les nombreux passionnés des aventures imaginées dans les pages de Spirou en 1947 par Georges Troisfontaines, Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon — lesquelles sont désormais cultes — sont vraiment gâtés.Adoptée depuis une dizaine d’années par Alexandre Paringaux, animateur du label Zéphyr, la série « Buck Danny » connaît, en ce moment, une renaissance bienvenue : ne serait-ce qu’avec cette nouvelle collection Origines qui est plus que prometteuse.

Nous sommes en 1943. Bloqué par ces « maudits bâtards jaunes » [sic] sur une île proche de Guadalcanal, le capitaine Danny se souvient non sans émotion de son jeune passé. Il évoque sa rencontre avec la rousse Moira Scott qui — avec sa sœur Gilda — effectue des acrobaties aériennes au sein du Scott and Daughters Flying Circus. L’occasion pour son père au chômage, de trouver du travail au sein du cirque aérien et pour Buck de prendre ses premiers cours de pilotage. Moïra, tombée amoureuse du séduisant Buck, lui fait part de ses sentiments. Hélas, entre sa belle et l’aviation, notre héros choisit son amour pour le drapeau étoilé ! On apprend aussi qu’en 1917 son père, Walther Daneman — lequel appartenait à une minorité danoise —, pilotait un Fokker allemand portant pour emblème un casque viking noir. Émigré en 1919 aux États-Unis, il se fait appeler Walter Danny, mais il demeure hanté par les fantômes de son passé.

Mêlant habilement fiction et grande histoire, tout en scrutant le plus petit détail sur la jeunesse du héros dans les scénarios de Jean-Michel Charlier, Yann propose un diptyque passionnant : le premier tome est sorti en début d’année dernière (voir notre chronique Les origines de Buck Danny : un héros est né !). Notons la rencontre de Buck avec un certain lieutenant Kennedy, les batailles aériennes entre les puissants Zéro japonais et les antiques Wildcat américains, ou encore les séquences émouvantes auprès de sa mère et de « Microbe », son petit frère…

Le dessinateur italien Giuseppe De Luca œuvre depuis une dizaine d’années au sein de l’équipe de dessinateurs formée par Alexandre Paringaux pour sa maison d’édition Zéphyr. En 2011 et 2012, il dessine le diptyque « Black Birds », suivi — de 2010 à 2015 — par les cinq ouvrages de la série « Les Enragés du Normandie-Niemen », écrits par Patrice Buendia. C’est en 2020 qu’il rencontre Buck Danny, à l’occasion de la série « Histoires courtes ». L’année suivante, il démarre la collection Buck Danny Origines où il restitue avec justesse le trait réaliste, à l’américaine, du Victor Hubinon des années 1950. Les couleurs de son épouse Ketty Formaggio (avec le concours de Valeria Romanazzi) contribuent à la réussite de ce délicieux plongeon dans les pages du Spirou d’après-guerre.

Composée de diptyques, la collection Origines — écrite en alternance par Yann et Frédéric Zumbiehl — évoquera les origines de personnages emblématiques de la série : Lady X, Jerry Tumbler, Sonny Tuckson, Susan Holmes, Slim Holden… Yann travaille dès à présent sur la jeunesse du gaffeur et coureur de jupons qu’est Sonny Tuckson.

Pour les petits curieux intrigués par la dédicace de Yann : « Pour Moira, Willy L. saura pourquoi… », notons que cette mystérieuse Moira n’est autre que Moïra Greenway.

Il s’agit d’une rousse adolescente croisée en Nouvelle-Galles du Sud par Sandy dans « Moïra » : une aventure de la série « Sandy et Hoppy » réalisée par le déjà excellent Willy Lambil et parue dans Spirou n° 1403 (4 mars 1965) à 1424 (29 juillet 1965).

Le jeune Yann Le Pennetier avait sans doute succombé à la vue de cette belle fille, plutôt rare dans les BD de l’époque.

Henri FILIPPINI

« Buck Danny Origines T2 : le Fils du Viking noir » par Giuseppe De Luca et Yann

Éditions Dupuis (15,50 €) — EAN : 979-1-0347-6746-5

Parution 24 mars 2023

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3 réponses à Buck Danny Origines : Yann sur les pas de Jean-Michel Charlier…

  1. Didier dit :

    En 1942, le drapeau américain ne comptait que 48 étoiles, pas 50 ! Erreur sur tome 1, planche 5, case 3.

  2. JC Lebourdais dit :

    Ce type d’erreur est hélas très courant dans les BD « d’époque », faute de recherche sérieuse et/ou de travail éditorial.

  3. Fred dit :

    Il me semble que, s’il subsiste UNE erreur historique de ce type, dans UNE case d’un titre de 46 pages – erreur de surcroît visible essentiellement par ceux qui la cherchent et s’en délectent (oh pardon ! qui s’en désolent…) –, on peut ne pas crier haro sur le scénariste, ni sur le dessinateur ni sur l’éditeur !
    Allez, on pourrait penser à Hermann semant volontairement des anachronismes dans le dernier récit de Comanche qu’il dessina en 1982 mais il avait ses raisons !

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