N’hésitez pas à revenir régulièrement sur cet article, puisque nous l’alimenterons, jour après jour, avec tout que nous envoient nos amis dessinateurs, scénaristes, coloristes, libraires, organisateurs de festivals et éditeurs pour vous souhaiter de joyeuses fêtes : et ceci jusqu’à la fin du mois de janvier 2025 !
Lire la suite...Pierre-Léon Dupuis : l’homme qui dessinait plus vite que son ombre… (seconde partie)
Dernière partie du dossier Pierre-Léon Dupuis : dessinateur qui décida d’abandonner ses très sérieuses études de philosophie pour suivre les traces de son maître Paul Gillon. S’il ne parvint jamais à l’égaler, il laisse quand même une œuvre impressionnante : l’auteur s’étant confronté avec la même aisance à tous les genres…
Pour consulter la première partie, cliquez ici : Pierre-Léon Dupuis : l’homme qui dessinait plus vite que son ombre… (première partie).
« En 1968 j’étais chômeur. Je n’ai pas quitté Jean Chapelle : il m’a vidé et en même temps Vaillant m’a vidé. Tout ça parce que j’ai adhéré à un syndicat. À partir de ce moment-là, Vaillant, journal de gauche, m’a vidé, et Chapelle, patron de droite, m’a également vidé. Il fallait que je bouffe… », explique le dessinateur dans le n° 29 de Schtroumpf fanzine en avril 1979.
En effet, après ce licenciement, il ne lui reste plus que la bande quotidienne de « Mam’zelle Minouche » : un excellent strip policier écrit par Roger Lécureux et animé, de 1960 à 1964, par Raymond Poïvet (1) dans le quotidien L’Humanité.
C’est à la demande des lecteurs du journal qu’il redonne vie à la jolie secrétaire de l’Agence X, à partir du 3 novembre 1964.
Il poursuit ses aventures le temps de neuf épisodes plus ou moins réguliers jusqu’au 15 juin 1976, totalisant 937 bandes quotidiennes.
Sa collaboration avec le quotidien communiste se complète avec la livraison de quelques bandes, dont les textes — écrits par Jean Sanitas — sont placés sous les images : « Le Guerrier de l’Alouette » en 1971 (110 bandes),
« Le Héros de la steppe » en 1972-1973 d’après « Tchapaev » de Dmitri Fourmanov (120 bandes)
et enfin « Mort à Wounded Knee » en 1974 (100 bandes).
Comme il l’avait déjà fait à ses débuts, Pierre Dupuis effectue une tournée des éditeurs à la recherche de travail. Il réalise quelques récits complets pour l’hebdomadaire Vaillant à partir du n° 944 (16/06/1963) où il dessine « La Dernière Victoire ». Cette collaboration prend fin dans le n° 1036 (21/03/1965), après la livraison d’une dizaine d’histoires. Notons qu’il y reviendra brièvement en 1975.
Marijac — pour qui il a réalisé quelques travaux pour ses revues Frimousse et Princesse — lui propose de collaborer à son nouveau journal sportif : Allez !.. France. Il y dessine le premier chapitre de « L’Ablette » : une histoire ayant pour cadre le monde de la natation, et dont Marijac est le scénariste. Publiée dans le n° 4 (mars 1969), cette série prometteuse demeure inachevée à la suite de la disparition du mensuel au n° 5.
Des années 1970 fécondes
De 1970 à 1979, une collaboration plus fructueuse débute avec Marius et Le Hérisson, les hebdomadaires satiriques publiés par les éditions Ventillard. Dans les pages vertes du Hérisson, il campe en 1970 la sexy Pantzie.
Flanquée de son amie Ourson, Liliane Pantzer dite Pantzie, secrétaire d’une fameuse troupe de ballets, parcourt le monde en croisant la route de redoutables personnages.
L’année suivante, il dessine en alternance « La Sphère noire » : série de science-fiction où les Terriens sont victimes d’un virus mortel provenant d’une énigmatique sphère survolant la planète.
En 1976, il signe « Le Violon de la mort », évoquant l’histoire de Rolf Warter : un jeune violoniste allemand devenu agent secret au service de l’Angleterre.
Pour les pages roses de Marius, il signe des récits d’aventures en 20 pages à partir de 1970 : « La Malédiction d’Hotephères », « Les Corbeaux meurent la nuit », « L’Impossible Mission », « L’Homme de sang »…
En 1973, il crée Phœbus : aventurier élégant dont la silhouette évoque Mac Gallan.
En alternance, Pierre Dupuis met en scène « Les Empotés » : série qui met en scène des héros farfelus dans des aventures délirantes.
On lui doit aussi des illustrations de nouvelles et de romans destinées à ces deux magazines.
« Des Gondoles dans le pétrole », un épisode des aventures de « Pantzie », a été publié dans un album de la collection Circus des éditions Glénat en 1979.
De 1969 à 1971, Dupuis travaille pour La Vie ouvrière : l’hebdomadaire de la CGT.
Il y publie en 1969 « 3 de l’an 3000 » — un récit de science-fiction écrit par Roger Lécureux — et « L’Orchestre rouge » d’après Gilles Perrault en 1970.
Puis, ce sera « Routes brûlantes » scénarisé par Jean Sanitas et « Sacco et Vanzetti » en 1971.
À partir de 1970, il dessine deux pages mensuelles dans 20 ans où, après quelques récits divers,
il crée le personnage d’Herminette. Cette rousse et jolie demoiselle se trouve propulsée au cœur d’événements historiques, lorsqu’elle ne participe pas à des luttes sociales : des thèmes sur mesure pour le dessinateur fort actif dans ce domaine.
Bref retour à Spirou dans le n° 1725 du 6 mai 1971, où il dessine les 20 pages d’« Une mante à l’eau pour Albéric ». Surnommé « l’homme aux yeux d’or » par les journalistes, Albéric Barbier est un aventurier imaginé par Sani (Jean Sanitas) pour Pierre Dupuis qui signe du pseudonyme Marcus. Bien que prometteur, le personnage ne reviendra pas dans les pages de l’hebdomadaire belge.
En 1974, sollicité par les éditions Hachette qui souhaitent lui confier « Aux frontières de l’impossible » (une série de fiction scientifique), il propose de s’attaquer à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Abordant le conflit à travers des personnages fictifs, témoins ou acteurs des événements, il réalise neuf albums de 1974 à 1977 : de « Dunkerque, opération Dynamo » à « Forteresses volantes ».
Ces titres sont réédités par Dargaud de 1982 à 1984, avec le rajout de deux nouveaux tomes inédits : « Overlord » en 1984 et « U-Boote » en 1985.
« La Deuxième Guerre mondiale restera peut-être l’œuvre la plus valable de ma carrière. Je ne rougis pas de cette série, je crois qu’aucun autre dessinateur français n’aurait pu la réaliser », confie-t-il à Louis Cance dans Hop ! n° 30 en décembre 1982.
Hachette ayant abandonné la bande dessinée, Pierre Dupuis est sollicité par Dargaud pour participer à la collection Les Grands Capitaines. Il écrit et dessine « L’Homme du 18 juin – Charles de Gaulle », puis illustre « La Longue Marche – Mao Tse-Toung » (scénario de Hu Chi-Hsi) en 1981,
« La Bataille de la Neretva – Tito » (scénario de Sanitas) en 1982, « Les Ailes du Lion – Churchill » (scénario de Jean-Marie Pélaprat) en 1983, « Je reviendrai — MacArthur » (scénario de Jean-Pierre Gourmelen) en 1984, enfin « Le Renard piégé – Rommel » en 1984.
Tout en travaillant sur ces ouvrages, il participe à la non moins ambitieuse « Encyclopédie en bandes dessinées — Protéo Force 10 » publiée de 1980 à 1982 par les éditions Philippe Auzou.
Une série de 45 fascicules, également réunis par la suite en neuf volumes luxueux, puis en 20 albums édités par Rombaldi sous le titre « Le Monde de la connaissance ».
Aux côtés de Pierre Dupuis figurent André Chéret (2), Philippe Luguy (3), Pierre Le Guen (4), Roland Garel (5)…
Super-robot conçu par le professeur Hubertus, Protéo Force 10 peut adopter toute forme vivante ou inerte : pouvoirs attribués par les Grecs anciens au dieu Protée. Ce sont ses aventures qui donnent lieu aux notices encyclopédiques.
Au cours de ces riches années, il illustre en 1976 un ouvrage de la collection Vidi des éditions Chancerel/Fleurus consacré à la photo et un autre sur les bébés.
l réalise aussi des illustrations pour Ici Paris et France Dimanche, puis participe en 1978 à l’album « Les Bleus en Argentine » édité par BDS et au collectif « Le Grand Chelem » chez Setyam.
Dès la fin des années 1970, et malgré une activité soutenue, Pierre Dupuis ressent le lent déclin de la demande d’histoires classiques par les journaux pour la jeunesse, dont les ventes fléchissent elles aussi.
De plus, une nouvelle génération de dessinateurs s’impose auprès des rédactions.
Les auteurs de la sienne sont de plus en plus utilisés pour fournir des travaux de commande, plutôt que pour créer des séries de longue haleine…
En 1978, pour les éditions Au service de l’homme, il dessine « L’Autre Solution pour la France » : un album publicitaire souple commandé — pour leur promotion — par l’UDF et le CDS.
La même année, pour le mensuel Téléjunior, il adapte en bandes dessinées le feuilleton télévisé d’origine américaine « Super Jaimie ».
Il réalise, ainsi,une trentaine d’épisodes complets des aventures de Jaimie Sommers : agent très spéciale de l’OSI, dotée d’un bras droit et de jambes bioniques.
Quelques épisodes sont réunis dans un album paru en 1979 aux éditions Télé-Junior.
Pour le mensuel Le Journal de Captain Fulgur édité par Dargaud, il crée en 1980 — sur scénario d’un certain Henri Filippini — la série « Kronos ».
Virgil Speed voyage dans l’espace à bord d’un monstrueux vaisseau intergalactique,avec pour mission de découvrir ce que deviendra la Terre dans le futur.
Deux épisodes sont publiés avant la disparition du journal, et édités en albums par Dargaud en 1980 et 1981.
Pour le même éditeur, il illustre le roman « Robin des Bois » de Walter Scott pour la collection L’Archer vert en 1984.
Les éditions Garancière, souhaitant surfer sur le succès des bandes dessinées coquines, offrent à Pierre Dupuis l’occasion de quitter la production alimentaire pour réaliser un album de qualité : « Jartyrella » — sous-titré « Les Mémoires d’une jeune fille dérangée » — évoque la vie particulièrement chaude d’une jolie rousse appréciant les dessous coquins. Le succès de cette histoire écrite par Pierre Dupuis avec le concours de Moloch (Michel Clatigny) n’est, hélas !, pas au rendez-vous…
Un rédacteur en chef nostalgique du grand Vaillant (toujours le même Henri Filippini) propose à Jean Ollivier de créer un héros dans l’esprit de « Ragnar » pour Pierre Dupuis, jadis dessinateur d’« Érik le Viking ». « Thorgil, fils du dragon » commence dans le n° 21 de Vécu, en novembre 1986. Grosse déception, puisque la première et unique histoire de l’homme du Nord ne connaîtra pas la consécration de l’album : l’aventure étant jugée trop risquée par Jacques Glénat !
Suivront alors divers albums de commande comme « Charente » pour La Jeune Chambre économique d’Angoulême et les éditions Le Rameau, en 1987,
et « Lug d’Auvergne : l’histoire de l’Auvergne en B. D. » chez PHI Auvergne, en 1988 (deux scénarios de Mauguil)
ou encore « Martin Bucer » : une histoire religieuse réalisée pour la collection Figures du protestantisme d’hier et d’aujourd’hui des éditions du Rameau/Sadifa, dont il ne dessine que les 20 premières pages, cédant ensuite son crayon à Maxime Roubinet (6). Cet album publié en 1987 sera ensuite compilé avec d’autres titres de la collection dans l’ouvrage collectif « Figures du protestantisme en B.D. ! » aux éditions du Signe, en 2008.
De 1990 à 1994, pour les éditions Dargaud, Pierre Dupuis démarre « L’Aventure olympique ».
Cette série de quatre albums, écrits par Claude Moliterni et Thierry Rolland, revient sur l’histoire des Jeux olympiques modernes.
Ce sera la dernière collaboration de Pierre Dupuis avec l’édition classique.
Sans travail, comme nombre de ses confrères, il se tourne vers la publicité (« La Résistance bactérienne : la crainte démentie » pour les laboratoires Roche en 1987 – scénario de F. Lier – ou « Maintenance… Salut les pros ! » pour Otis, chez Publiart, en 1991) et vers les éditeurs érotiques.
Pour les éditions Media 1000, il collabore à partir de 1995 à la collection Confessions érotiques en BD : ouvrages de poche proposant, chacun, un récit de 150 pages.
Il réalise sept histoires jusqu’en 1998 : « Comtesse Von Rittersberg : pendant la dernière guerre, j’ai couché… »,« Coraline : top model,pour faire la une des magazines… », « Claudine : la vue d’un uniforme me donnait envie de faire l’amour… », « Cindy : je suis devenue agent secret des Serbes pour survivre… », « Sophie-Charlotte : notaire le jour, je devenais call-girl la nuit… » et « George : adolescente, j’aimais déjà dominer les autres… », « Maria Pia : paparazzi je connais le plaisir à 200 à l’heure ».
Un huitième ouvrage (« Doctoresse lubrique ») est commandé et réalisé, mais pas publié : les éditions Dynamite le proposeront en 2017. Quelques épisodes sont repris dans l’éphémère revue Confessions BD en 1997.
En 1996, il signe « Picabo » dans le mensuel BD Adult ». Cet ultime récit de 44 pages a pour héros Picabo et Baxter : un duo d’agents secrets de charme traquant la secte Maes Sun qui sévit à Los Angeles.
Pierre Dupuis prend sa retraite après l’abandon de ces travaux alimentaires. Une maigre pension lui permet juste de survivre dans le petit village de Seine-et-Marne où il s’est retiré. Il décède dans des conditions tragiques, le 27 décembre 2004. Hasard du destin, Guy Mouminoux — le compagnon de ses débuts dans Gong — (7) habitait non loin de chez lui.
L’œuvre de Pierre Dupuis dépasse les 40 000 pages : la majorité de cette immense production appartenant au domaine des petits formats. Injustement considéré comme un simple dessinateur populaire, il était capable d’audacieuses mises en pages, de dynamisme et d’un sens aigu de la dramaturgie.
Le plus souvent scénariste et dessinateur, il a tâté de tous les genres avec la même aisance : science-fiction, guerre, brousse, érotisme, espionnage, policier, Histoire… et même humour. Excellent illustrateur, on lui doit un nombre impressionnant de couvertures où son dynamisme faisait merveille.
Au dessinateur s’ajoute un redoutable syndicaliste, qui a passé de longues journées à conseiller et défendre ses confrères face à des éditeurs indélicats. Il n’était pas rare de croiser sa silhouette élégante dans les prétoires, où il était venu défendre un auteur. Le verbe haut, la parole facile, n’ignorant rien du Code du travail, il était devenu la bête noire de certains éditeurs. Au cours de ses rares entretiens, il évoque ses collaborations parfois houleuses avec ses employeurs : « On a formé l’embryon d’un syndicat. Il y en avait déjà un, on les appelait “les artistes dessinateurs”. C’étaient des vieux gars gentils qui émettaient des vœux pieux, mais ils étaient bouffés par leurs éditeurs paternalistes qui leur tapaient dans le dos en les appelant “chers maîtres”. Ils sont tous morts dans la misère, ceux qui ne le sont pas sont à l’agonie. Nous, on a commencé à lutter, à apprendre ce qu’était la lutte : c’est-à-dire à défendre son bout de gras et surtout à exiger une certaine dignité humaine… Nous avons pas mal de procès en route qui sont d’ailleurs tous gagnés. Ces éditeurs-là perdent leurs procès parce qu’ils sont contre la loi… La plus grande victoire, c’est d’être enfin reconnus comme des travailleurs à domicile, sinon comme des journalistes », confiait-il à la revue Schtroumpf fanzine en 1979. On sait, hélas !, que ces victoires ne seront que provisoires et qu’un grand nombre de dessinateurs vivent encore aujourd’hui sous le seuil de pauvreté.
Rares sont les magazines spécialisés qui ont accueilli ses propos pourtant riches d’enseignements. Notons Les Cahiers de la bande dessinée n° 12 (mai 1971) — où il répond aux questions du jeune Jacques Glénat —, Bizu n° 5/6 avec une interview de José-Louis Bocquet (automne 1977), Schtroumpf fanzine n° 29 (avril 1979) et Hop ! n° 30 (décembre 1982).
Henri FILIPPINI
Relecture, corrections, rajouts, compléments d’information et mise en pages : Gilles RATIER
Merci à Philippe Tomblaine, Fred Fabre et Gwenaël Jacquet pour leurs divers coups de main.
(1) Sur Raymond Poïvet, Christian Gaty et Robert Gigi, voir Raymond Poïvet (1re partie) et Raymond Poïvet (2e partie).
(2) Sur André Chéret, voir : André Chéret.
(3) Sur Philippe Luguy, voir : Philippe Luguy et Interview de Philippe Luguy.
(4) Sur Pierre Le Guen, voir : Pierre Le Guen : un grand parmi les grands ! (première partie) et Pierre Le Guen : un grand parmi les grands ! (seconde partie).
(5) Sur Roland Garel, voir : Roland Garel : disparition d’un homme exemplaire….
(6) Sur Maxime Roubinet, voir : Maxime Roubinet : l’exotisme au cœur de la grande Histoire… et Décès de Maxime Roubinet… .
(7) Sur Guy Mouminoux, voir : Guy Mouminoux — Guy Sager — Dimitri : trois signatures pour un seul homme !.
Un petit mot pour dire que l’arrêt de la collection « Confessions érotiques BD » en 1998 ne signifiait pas la fin de Média 1000 (qui « dépose son bilan »). Les collections de romans continuaient, et Média 1000 existe toujours (depuis 43 ans).
Merci pour cette précision, Bernard !
J’ai adapté la phrase d’Henri en conséquence…
La bise et l’amitié
Gilles Ratier
Ah Jartyrella c’était bien Dupuis!
Quelle élégance dans son trait. Son dessin est vraiment revigorant.
Sans vouloir être morbide, quelles sont les « circonstances tragiques » de sa mort? en savez-vous plus ?
Cordialement,
Merci pour ce dossier passionnant et très complet sur cet auteur passionnant.
Il y a deux fois la planche sur la coupe du Monde en Argentine et il manque donc une illustration pour « L’autre solution pour la France ».
Exact, c’est corrigé… La fatigue a dû se faire sentir sur ce coup-là…
Merci pour votre lecture attentive…
La rédaction
Merci pour ce remarquable article sur Pierre Dupuis.
Son « Titan », daté de 1964, est un ahurissant Space-Opera d’une violence scénaristique et graphique stupéfiante si on la compare avec les fascicules Artima parus à peine quelques années plus tôt (« Monde futur » : dernier numéro : n° 20 de septembre 1960 ; « Cosmos » : dernier numéro : n° 62 de décembre 1961 ; « Sidéral » : dernier numéro : n° 51 de juillet 1962 ; le mythique « Météor » paraissait encore). D’origines française, espagnole, hollandaise ou US, les divers titres Artima présentaient une SF qui peut aujourd’hui paraître très tranquille. Depuis, le cinéma nous a apporté « Alien », « Terminator », « Predator » et « Starship troopers ».
Or, c’est plutôt dans cet esprit plus récent que s’inscrit la BD de Pierre Dupuis qui, à son époque – rappelons-le : 1964 -, tranchait avec la production SF d’alors et se trouvait être tout à fait avant-gardiste avec son conflit planétaire entre humanoïdes et monstres métalliques dans un déchaînement d’armes apocalyptiques, dans des visions ahurissantes mises en valeur par un dessin frénétique. Pierre Dupuis déploie une technique de traits bruts assez proche, peut-être, de celle, bien des années plus tard, d’un Guido Buzzelli.
Patrice Delva