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Est-ce que l’école fabrique des petits monstres ?

26/02/2023
Par Laurent Lessous

La vie de cancre n’est pas facile ! Subir les remontrances de ses parents, les reproches des enseignants, cela n’est rien à côté des moqueries de ses camarades. C’est le triste quotidien de Boloss : un monstre trop gentil dans une école qui forme des petits monstres indisciplinés et bagarreurs. Ce décalage permet de jouer sur un comique de situation renouvelé dans le deuxième volume de « L’École des petits monstres » du duo BeKa et Bob.

Dans un monde de monstres, les enfants vont dans une école qui leur apprend comment se mal conduire en société. Ainsi pour bien commencer la journée, c’est un cours d’insultes que madame Gromo dispense à ses élèves. Cours dialogué : il faut donner des gros mots commençant par la lettre C sans évidemment lever la main !

Le timide Veloss propose le gentillet « canaillou » vite rabroué par le costaud Feross et une jolie salve de « crétin, cageot, casse-Co….. ». Madame Gromo est en admiration devant ce double-c alors qu’au premier-rang le gentillet Boloss propose « caroube », mais ce n’est pas un gros mot et tente de se rattraper avec « crotte ». Effort inutile, Feross impose d’aller en récréation tout de suite. Madame Gromo lui offre un 19 pour cette initiative péremptoire qui plonge Boloss dans un abîme de perplexité. Il préfère rester en classe pour étudier et faire l’exercice et bien lui en prend.

Dans la cour de récréation, pas de cadeaux dans la partie de football : le match est engagé. Pas assez cependant pour les deux adultes qui surveillent : le directeur Lacune et le surveillant Maton. Ils sont déçus, les élèves sont de plus en plus sages : ils jouent à la balle, alors qu’ils pourraient se battre ! Ils entament une belle bagarre entre eux pour les entrainer dans un véritable combat de cour d’école. Ils aiment donner le mauvais exemple et félicitent ceux qui ont cassé le carreau d’une salle. Mais quelle déception de découvrir que Boloss révisait dans cette salle. Ils privent alors le cancre de récréation pendant un mois… pour son plus grand bonheur.

Dans le deuxième volume de « L’École des petits monstres », nous suivons, amusés, les mésaventures du cancre Boloss dans une école où on apprend aux jeunes monstres à parler sans lever la main et à ne surtout pas étudier le soir à la maison ou arriver à l’heure à l’école. Dans cinq récits à la pagination variée, Boloss est confronté à des camarades irrespectueux et peu en empathie avec lui, avant qu’il ne trouve des amis qui lui ressemblent dans une école de redressement pour petits monstres trop gentils.

Le couple de scénaristes BeKa – Caroline Roque et Bertrand Escaich -, a trouvé le ton juste pour nous amuser, avec le décalage constant entre un élève studieux (cancre dans son monde) et une cohorte turbulente de jeunes monstres bien notés par leurs enseignants. Ils trouvent de nombreuses déclinaisons à ce comique de situation qui touchera les jeunes lecteurs du primaire comme les plus grands.

« L’École des petits monstres T2 : Encore en train de lire ! » page 12.

Dans cette interview que les BeKa avaient gracieusement accordé à notre site, à la question : « Comment écrit-on des albums pour la jeunesse ? Y a-t-il des règles à respecter ? Éprouvez-vous toujours autant de plaisir à écrire pour les plus jeunes ? », ils avaient répondu : « De la même façon qu’on écrit des albums pour adultes ou tout public, il nous semble ! La seule différence est peut-être le vocabulaire ou les références, que nous cherchons à adapter au public. Mais notre volonté première est d’écrire pour un public le plus large possible, comme le faisaient Goscinny ou Hergé. »

C’est donc à des lecteurs de tout âge que s’adresse cette série de petits albums à la couverture souple et à la pagination conséquente pour un prix raisonnable. Le dessin tout en rondeur dynamique et très expressif de Bob est réhaussé par un choix de couleurs judicieux de Maëla Cosson ; lumineuses et énergiques.

Nous vous conseillons la découverte des albums de la série « L’École des petits monstres ». Vous en apprécierez un humour constant avec des décalages amusés. Les auteurs invitent incidemment leurs lecteurs à s’interroger sur l’acceptation de la différence et le fait de s’assumer tel que l’on est avant l’âge adulte. De quoi satisfaire des lecteurs « de 7 à 77 ans » !