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Des chats noirs qui portent vraiment malheur…

19/02/2023
Par Laurent Lessous

Un chat noir dont le regard métallique vous fixe mystérieusement, cela à de quoi vous faire frissonner même si vous n’êtes pas superstitieux. Mais quand il y a un chat noir supplémentaire tous les jours devant chez vous, vous avez vraiment de quoi être inquiet. Le tout jeune Sébasto est au cœur d’une emprise féline de cette sorte dans la bande dessinée « Les Chats » : adaptation d’un roman éponyme à succès.

C’est le début de l’été, le début de vacances ensoleillées ; le tout jeune Sébasto est heureux, il dévale à vélo la pente d’un chemin dans une vallée boisée de moyenne montagne. Insouciant, il se rend chez son grand-père d’adoption : le bienveillant Da. Devant l’entrée de la petite maison isolée est assis, imperturbable, un chat noir qui le fixe de ses étranges yeux couleur d’argent.

Le petit félin ne bouge pas quand le garçon passe à coté de lui. Cela annonce une sombre aventure comme il le reconnaitra plus tard : « Je n’oublierai jamais ce matin-là. Le ciel était bleu et clair. Le vent sentait le chèvrefeuille. C’était le début des vacances d’été et j’étais heureux. Ce jour-là, il m’aurait été impossible d’imaginer l’horreur qui se préparait… »

« Les Chats » page 9.

Sébasto est venu pour l’été, avec ses parents, dans la demeure familiale, au cœur du bourg voisin de la maison de Da. Sa première semaine de vacances se déroulerai à merveille, avec de belles parties de pêche dans les saines rivières environnantes, si un petit détail troublant ne venait assombrir son quotidien. Tous les jours, un chat noir supplémentaire l’attend, impassible, devant la maison de Da. Leurs étranges regards le fixent mystérieusement.

Le journal manuscrit de Da...

À cela s’ajoutent des faits troublants : les chats refusent le nourriture des humains, mais on retrouve alentour des animaux à moitié dévorés de plus en plus gros ; de plus, on entend d’étranges hurlements dans la forêt voisine et Sébasto fait de cauchemars de plus en plus effrayants.

Le pourtant très calme et peu superstitieux Da finit par s’inquiéter d’une situation qu’il trouve de plus en plus étrange. Il entreprend des recherches dans sa bibliothèque, puis dans celle du village. Il annonce avoir trouvé une solution à son jeune ami sans lui en dire davantage. Cela rassure Sébasto, mais le vieil homme s’engage alors dans une voie surnaturelle dangereuse…

« Les Chats » page 14.

C’est une excellente idée d’avoir adapté le roman « Les Chats » de Marie-Hélène Delval, déjà vendu à plus de 135 000 exemplaires depuis 1988. Cette invitation à la littérature fantastique est recommandé par l’Éducation nationale. D’ailleurs la création de l’album a fait l’objet d’un projet scolaire avec une classe de 4^e.

Au scénario, nous retrouvons une rédactrice de plusieurs magazines jeunesse comme Pomme d’Api, Phosphore ou Astrapi. Gwénaëlle Boulet est aussi une autrice jeunesse réputée pour ses adaptations comme celle de « Les Grandes Grandes Vacances ».

Elle réussit à condenser l’action du roman sur quelques jours, pour faire de l’album un petit bijou de bande dessinée fantastique bien ancrée dans un quotidien contemporain. La tension monte graduellement avec le nombre de chats noirs présents devant la maison du grand-père. Le lecteur partage ainsi l’angoisse palpable des personnages, mais aussi toute la tendresse de leur relation basée sur la confiance et une affection profonde.

Le dessin est à la hauteur de la finesse du scénario. Illustratrice de magazines et de livres pour enfants, Mélanie Allag varie habilement planches aux couleurs douces d’un bonheur estival et celles aux teintes lugubres et troublantes des séquences cauchemardesques vécues par le jeune héros. Deux narrations se croisent dans ce récit bien construit : celle encore enfantine et naïve de Sébasto alterne avec des pages manuscrites du journal de Da. Cette bande dessinée au suspense haletant constitue une belle initiation à la littérature fantastique.