Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...« Les Filles des marins perdus » : deuxième volet d’un superbe spin-off…
En 2016, la parution d’un premier one-shot sans canard ni souris signé par Teresa Radice et Stefano Turconi — un duo d’auteurs italiens cher aux habitués des séries Disney — avait enthousiasmé les amateurs d’aventures exotiques. Quatre ans plus tard, un spin-off dédié aux différentes pensionnaires ayant fréquenté le Pilar — bordel de luxe situé à Plymouth — confirmait l’originalité de leur démarche. L’arrivée d’un nouvel opus nous permet de retrouver le grand large, de jolies filles et la ville portuaire de Plymouth à la fin du XVIIIe siècle.
Après le succès de la publication en 2016 du one-shot en question — « Le Port des marins perdus », plusieurs fois primé —, ses deux auteurs se lancent en 2020 dans l’évocation de la vie de ses pensionnaires. Au fil des pages sublimes alternent le quotidien des jeunes prostituées du Pilar et la rude vie des marins parcourant l’océan.
Dans ce « Livre 2 », grâce à son amie Lizzie, la brune et jolie Tess devient l’une des filles les plus demandées par la clientèle du Pilar : laquelle est sévèrement triée par Tané, le géant mélanésien qui en garde l’entrée. La jeune femme souhaite réunir rapidement l’argent qui lui permettra de partir pour Madras, afin de retrouver la trace de sa famille. Elle s’adresse à George Everett Allali, le vaillant capitaine du Last Chance de la Royal Navy, en partance pour les Indes. Entre le beau marin d’origine algérienne et la fille d’un Irlandais et d’une Bretonne commence une belle histoire d’amour. C’est avec une confiance inébranlable que le mahométan et la catin affronteront les obstacles qui se présentent, sur terre comme sur mer… De nombreux personnages secondaires interviennent au fil des pages, animées et riches en surprises.
Teresa Radice imagine des personnages pleins de vie, évoluant dans des décors enchanteurs, mais jamais scabreux malgré les activités qui y règnent : une histoire obstinément positive, loin de la noirceur du monde. Les dessins lumineux et vivants de Stefano Turconi rendent beaux les décors les plus sordides et un rien sympathiques les personnages les plus sombres.
Cette histoire renoue avec le roman d’aventures exotiques, tout en profitant de l’évolution des mœurs pour situer l’action dans des lieux pour le moins insolites. Habitués de l’univers Disney et de ses contraintes, les deux auteurs se régalent et nous régalent aussi en les oubliant, tout en en conservant son côté merveilleux. Ces « Filles des marins perdus » sont bien plus dévergondées que les créatures de ce vieux Walt, mais on ne peut en nier la parenté.
Teresa Radice (née en 1975) et Stefano Turconi (né en 1974) sont deux auteurs italiens œuvrant — depuis leurs débuts — pour Disney en Italie. C’est au sein de cette vénérable institution qu’ils se rencontrent en 2004 et se marient l’année suivante. Ils produisent de nombreux récits pour l’hebdomadaire Topolino, dont des parodies de « L’Île au trésor » de R.L. Stevenson et d’« Orgueil et préjugés » de Jane Austen. Ils campent entre autres « Picsou » ou « Mickey »,imaginent le spin-off « Pippo reporter » et participent à la série « W.I.T.C.H. »… Sans quitter Disney, ils réalisent pour leur propre compte les séries jeunesse « Tosca des Bois » et « Orlando », publiées en France par Dargaud.
En 2015, Radice et Turconi proposent « Il Porto Proibito » : un roman graphique paru en Italie aux éditions BAO Publishing et traduit en France l’année suivante (sous le titre « Le Port des marins perdus ») chez Treize Étrange, labeldu groupe Glénat. Pour ce même éditeur, ils signent « La Terre, le ciel, les corbeaux » et « Amour minuscule ». Teresa Radice et Stefano Turconi témoignent de la belle santé des auteurs issus de la riche école Disney italienne, laquelle n’a pas fini de nous surprendre.
« Les Filles des marins perdus T2 : Livre 2 » par Stefano Turconi et Teresa Radice
Éditions Treize Étrange (17 €) — EAN : 978-2-3440-5639-4