Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Fumetto et Vitt : les Italiens, éternels nostalgiques…
Si, chez nous, évoquer les personnages et les auteurs ayant œuvré au cours des divers âges d’or qu’a connu la bande dessinée n’intéresse, hélas !, plus grand monde, en Italie, la nostalgie pour les héros d’antan est toujours aussi vive. Parmi d’autres aux ambitions plus modestes, ces deux magazines entretiennent avec talent le souvenir des fumetti anciens, pour le plus grand plaisir de leurs vieux, mais aussi leurs jeunes, lecteurs. Les deux dernières livraisons de ces trimestriels, à la présentation digne de véritables magazines, en sont les témoins.
Le n° 123 de Fumetto consacre sa couverture — signée Paolo Bisi — et un copieux dossier de 20 pages au football : ce qui n’a rien d’étonnant en Italie, en ces temps de coupe du monde.
Alberto Becattini revient sur les nombreuses séries anglaises dédiées au ballon rond, Marcella Argento sur les mangas sur le foot, tout aussi présents au Japon.
Paolo Gabriele et Mauro Giordani évoquent auteurs et héros transalpins ayant œuvré dans ce domaine, et plus particulièrement le dessinateur Giuliano Giovetti, sans oublier Mario Uggeri, Giorgio Trevisan ou Leone Cimpellin, qui ont eux aussi dessiné le calcio dans le Corriere dei piccoli.
On peut encore découvrir le dessinateur Giuseppe Fiducia, savourer un copieux article dédié à Gray Morrow, récemment disparu, accompagné de sa bibliographie US complète, suivre l’actualité des graphic novel en Italie, se promener au « Museo del Fumetto », retrouver Zagor qui fête ses 60 ans dans SCLS magazine ou encore découvrir « Ulix » de Alfredo Brasioli, dans 68 pages de grand format, richement illustrées et bourrées d’informations. L’abonnement 2023 comprenant quatre numéros, un album de 160 pages du « Natacha » de François Walthéry et un ouvrage revenant sur un siècle de parodies dans Mad, coûte 110 € pour l’étranger, port compris (via Ramazzini, 72, 42 124 Reggio Emilia, Italie, info@amicidelfumetto.it).
 Vitt & dintorni, publié depuis 1988 par l’Association des amis d’Il Vittorioso, est un magazine animé par Vito Mastrorocco réunissant les nostalgiques de l’hebdomadaire culte d’obédience catholique Il Vittorioso.
Publié de 1937 à 1943, puis de 1945 à 1970, ce journal (qui devient Vitt en 1967) réunissait les meilleurs auteurs italiens d’avant et d’après-guerre : Sebastiano Craveri, Guido Fantoni, Raffaele Paparella, Lino Landolfi, Carlo Peroni, Nevio Zeccara, Franco Caprioli, Corrado Caesar, Ruggero Giovannini, Giani De Luca, Renato Polese… et Benito Jacovitti.
Les articles,forts documentés, reviennent sur les héros et les auteurs ayant collaboré au journal au fil de ses 60 pages en couleurs richement illustrées.
Le n° 53 évoque Procopio, le célèbre héros de Lino Landolfi, les journaux d’après-guerre, l’humour chez Giani De Luca, Stelio Fenzo…
Le n° 54 ouvre ses pages à Renato Polese, à l’Atlantide chez De Luca, à Jacovitti, aux dessinateurs du journal caricaturés, à « Gli Aristocratici » (« Les Gentlemen ») de Castelli et Tacconi… Le numéro de janvier sera consacré aux 100 ans de Benito Jacovitti, né en 1923.
Notons que les bandes dessinées du Vittorioso ont été traduites en France dans Bayard, mais aussi — souvent remontées — dans les formats de poche.
L’abonnement annuel coûte 60 €, hors frais de port, et donne droit à quatre numéros de Vitt et deux albums inédits rééditant des récits parus dans le journal : « Rasena » de Renata De Barba et Gianni De Luca et « Hic Sunt Leones » d’Eros Belloni et Franco Caprioli (via Val Gardena, 3 — 20822 Cesano Maderno, Italie, vito@vitomastrorocco.it).
Sans doute une erreur de frappe à la fin de l’article, 60 € et non 60 lires?
La BD italienne dispose encore d’une belle vitalité en kiosques, avec notamment une pléthore de titres Bonelli. A noter la sortie du film Dampyr fin octobre en Italie, dont on ne sait pas encore s’il sera distribué en France.
Je profite de l’occasion pour signaler l’existence d’un groupe francophone consacré aux fumetti Bonelli sur facebook : https://www.facebook.com/groups/607630986959251
L’euro a repris ses droits sur la lire (rires) : l’étourderie d’Henri Filippini a été corrigée !
Merci pour le lien…
Bien cordialement
La rédaction
Messieurs les Français,
laissez moi vous remercier distinctement pour la courtoise attention que vous avez porté à la « BD italienne » en général. Elle a aussi une « ame », croyez-le bien…
Je suis un abonné de « VITT » dont la vieille garde s’organise avec une telle passion que les jeunes y viennent (chose assez rare, vous en conviendrez). Et l’enthousiasme y est débordant.
Le style y est tout différent mais la passion brule.
Par exemple, outre les parutions normales pendant l’année, il y a eu une nouvelle réédition d’une Å“uvre parue en 1955 (dessinateur Franco Caprioli) relative au premier tour du monde de Magellan. Cette « première mondiale » s’est terminée en septembre…d’il y a juste 500 ans. Le dessin est rétro, mais sublime est bien le mot; cette histoire de mer est bien rendue dans la recherche de fidélité pour les détails.
Demandez-là à notre inoxydable président Vito : il en reste quelques copies et il se fera un plaisir de vous l’envoyer. Elle en vaut la peine, mais ceci n’est qu’un exemple…
Bon travail, et que jamais ne meurre notre et votre enthousiasme …
La BD italienne est une des plus belles du monde, mais trop de collectionneurs la résument à Jacovitti, Magnus, Pratt et Manara!