dBD Hugo Pratt : un hors-série riche en découvertes et témoignages !

Au hit-parade des ouvrages consacrés à un auteur de bande dessinée, Hugo Pratt se place probablement au second rang après Hergé qui, depuis longtemps, fait la course en tête. Un excellent numéro hors-série de la revue dBD, mis en musique par notre ami Dominique Petitfaux, revient sur les zones rarement éclairées par les épistoliers de son œuvre. Entouré d’une solide équipe de critiques et de journalistes, il évoque les années les plus sombres d’une carrière qui n’a pas toujours été facile.

« Comment pouvait-il y avoir encore tant à découvrir sur un auteur que l’on croyait si bien connaître ? C’est sans doute parce que Pratt est inépuisable, et c’est bien à cela que l’on reconnaît les véritables artistes ». 

C’est par ces mots que Dominique Petitfaux conclut l’éditorial de ce numéro hors-série, qu’il anime aux côtés des fins connaisseurs de l’œuvre que sont Michel Pierre, Bertrand Ouillon, Silvano Zingoni… ainsi que Jean-Claude Guilbert et Joël Laroche :deux témoins importants.

 Dominique Petitfaux se taille la part du lion en consacrant des articles aux bandes dessinées de l’enfance de Pratt, à la chronologie de la vie de Corto Maltese, aux titres éphémères des aventures de Corto, à l’art de la couverture et, pour conclure, à l’état actuel des recherches.

 Bertrand Ouillon se penche sur l’influence du pop art chez Pratt, débusque les autoportraits cachés du dessinateur dans ses histoires, raconte l’histoire mouvementée de la création de « La Ballade de la mer salée » et évoque la lente reconnaissance du dessinateur en France au cours des années 1967-1975. Michel Pierre signe un article édifiant sur l’adolescence du futur dessinateur : « Avoir dix ans sous Mussolini ».

Reprise d’un texte passionnant de Joël Laroche : premier éditeur français de Pratt au sein de ses éditions Publicness et des premières versions françaises de Vampirella, Creepy et Eerie.

Jean-Claude Guilbert, autre grand voyageur ayant accompagné le dessinateur pendant près de 20 ans, brosse un portrait inédit de son ami.

Ces textes passionnants sont illustrés de documents pour beaucoup inédits et émouvants.

Les plus vieux lecteurs se souviendront avec émotion de ceux qui ont contribué à la naissance d’une légende : Florenzo Ivaldi, Claude Moliterni, Louis Gérard, Joël Laroche, Vania Beauvais, Georges Rieu, Greg… mais aussi des lieux comme Malamocco (la résidence vénitienne de Pratt), le salon de Lucca, le bbureau dePublicness, sa cave et sa presse, le Grand et le Petit Palais…

Modeste témoin privilégié de ces lointains évènements, j’avoue avoir versé une larme en refermant cet ouvrage. Ajoutons la reprise de « Conrad le loup » : un récit de six pages aux couleurs signées Patrizia Zanotti, écrit en 1958 par Hector German Oesterheld, traduit dans le n° 65 de « Tout Pratt », chez Altaya.

 Réalisée par une équipe indépendante de celle de dBD — une bonne initiative de la part de Frédéric Bosser —, cette revue de 100 pages est indispensable pour qui s’intéresse à Hugo Pratt.

À noter : la parution prochaine d’un numéro hors-série consacré à Wilfrid Lupano.

Henri FILIPPINI

dBD hors-série n° 24, 100 pages en couleurs

En vente dans certaines maisons de la presse et librairies ou par mail à fbosser@dbdmag.fr (12 €)

 

          

   

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