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Les résistances populaires dans le monde vues par Fabien Toulmé !

06/06/2022
Par Gilles Ratier

Après ses remarqués romans graphiques publiés également chez Delcourt (« Ce n’est pas toi que j’attendais », « Les Deux Vies de Baudoin », « L’Odyssée d’Hakim » ou « Suzette et le grand amour ») (1), Fabien Toulmé part à la rencontre de ceux qui résistent, de par le monde, aux injustices et à l’ordre établi ou imposé. Ce conséquent projet de reportages sur le terrain, dans différentes régions de la planète, est évidemment prévu en plusieurs tomes, avec d’autres thématiques. Le premier opus, consacré aux luttes contre l’oppression, ne fait pas moins de 330 pages et décrypte trois mouvements — au Liban, au Brésil et au Bénin — où les femmes occupent une place centrale : une BD du réel salutaire, qui prend racine dans les voyages de ce membre du virtuel atelier Mastodonte !

Tout part du besoin pour l’auteur de constater, par lui-même, la façon dont vivent les gens aux quatre coins du globe : de les écouter raconter leurs histoires pour mieux comprendre ce qui anime celles et ceux qui n’hésitent pas à défendre leurs droits, partout sur notre planète ; « et par extension, peut-être, ce qui fait notre monde », comme le précise Fabien Toulmé dans sa préface à ce copieux ouvrage qui met en avant trois luttes populaires portées par des citoyen(ne)s du monde.

Pour donc en savoir plus sur les parcours, les motivations, les forces et les doutes de ces combattants, notre reporter graphique se retrouve d’abord mêlé au début de la Thawra (révolution citoyenne au Liban). Puis, avant de s’appesantir sur l’engagement d’une militante féministe au Bénin, l’auteur profite d’une visite au pays de ses beaux-parents pour poursuivre sa découverte du monde qui nous entoure, à travers la lutte d’une favela brésilienne contre un projet immobilier.

Lorsqu’il interroge la présidente et fondatrice de l’association des femmes du Porto do Capim (créée pour faire valoir les droits des habitants de la communauté face aux menaces d’expulsion), Fabien, qui sur le ton de l’autobiographie se met lui-même en scène dans ce reportage dessiné, lui demande pourquoi ce sont les femmes qui mènent la résistance ?

La réponse vient naturellement : « Ce n’est pas parce que nous voulons être en première ligne, par intérêt ou ambition personnelle. C’est parce que nous avons une vision plus collective des choses. Nous luttons pour l’intérêt de tous. »

Le principal talent de cet artiste, outre sa capacité à nous permettre de rentrer facilement dans son propos grâce à une habile narration soutenue par un efficace trait minimaliste, c’est qu’il sait porter un regard bienveillant sur ces combats intimes : il nous fait comprendre qu’ils sont aussi viscéraux que vitaux pour ces humains qui s’engagent dans des causes qui nous semblent évidentes.

Gilles RATIER