Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Hoëdic ou Bréhat ? Les deux, mon capitaine !
Les îles bretonnes séduisent, pas seulement les vacanciers, résidents temporaires s’il en est, mais aussi ceux qui y ont gravé leur jeunesse. On trouve ainsi, dans deux albums parus simultanément (« Hoëdic ! » de Bruno Bazile, d’une part, et « Cache-cache mortel à Bréhat » signé Nicoby et Weber, d’autre part), ces différentes populations… et deux îles incomparables…
Bruno Bazile à deux passions : sa Bretagne et la bande dessinée. Et plus encore, peut-être, les souvenirs liés à la découverte de la BD, là -bas, près de Saint-Nazaire ou dans l’île d’Hoëdic, alors qu’il était collégien. L’adolescence hésite alors entre les machos façon Bronson et les charmes de Natacha. Au fil des planches, on découvre Teddy passionné par ses personnages de fiction et, trop discrètement, par la belle Anne que sa timidité a tant de mal à « affronter ».
Les garçons se noient alors dans les illustrés (Spirou contre Pif !), tandis que les filles sont déjà d’une tout autre maturité. Bazile évoque ainsi les affres de l’adolescence, de la sexualité qui s’impose et torture, l’« âge bête » comme on disait ! Les années lycée ne tardent pas, guère plus faciles, notamment avec la mort qui plane, celle d’un copain, celle d’un dessinateur…
Ce sont les années 1970, les années du choc pétrolier et – autre choc ! – celles des plages souillées par ce même pétrole. À ce moment-là , il n’est pas facile d’avoir un père qui travaille à la raffinerie : même si les pères parlent volontiers politique écologique avec leurs rejetons. De la chronique ado, on glisse à la chronique familiale, puis sociétale, au fil de planches gags et de personnages croqués avec tendresse, beaucoup de tendresse.
Hoëdic n’est évidemment pas absente de ces pages, notamment lors d’une rédaction d’élève qui lui est consacrée tandis qu’ailleurs, en Belgique, Tillieux et Gos se demandent s’ils ne devraient pas y situer leur prochain « Gilles Jourdain ». Ce n’est pas pour rien qu’un chapitre s’intitule « M’sieur Maurice » et qu’on les voit les deux auteurs y venir en vacances.
Autre île, autre monde, avec « Cache-cache mortel à Bréhat » par Nicoby et Patrick Weber. Bréhat, ses charmes, ses sites, ses touristes, sa jet-set : un univers qui convient bien à une intrigue policière à la Agatha Christie. La référence est assumée et la construction (contexte estival, meurtres, enquête, résolution…) est, de fait, très classique, mais pas de quoi bouder son plaisir ! D’autant que ce n’est pas la première fois que Nicoby nous entraîne, avec une évidente jubilation, en Bretagne : rappelons ses « Ouessantines »,  ou « Sang de sein »…
Didier QUELLA-GUYOTÂ ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Hoëdic ! » par Bruno Bazile
Éditions du Tiroir (18 €) – EAN : 9782931027486
Parution 15 avril 2022
« Cache-cache mortel à Bréhat » par Nicoby et Patrick Weber
Éditions Vents d’Ouest (18,50 €) – EAN : 9782749309286
Parution 20 avril 2022