Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« L’Or des Belges » : un rocambolesque épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale en BD !
Pendant l’été 1940, les nazis veulent s’emparer de la réserve d’or de la Belgique, afin de financer l’achat de matières premières. Confié aux autorités françaises par le roi Léopold III, le trésor a été mis à l’abri par ces dernières sur le continent africain, à Dakar… S’inspirant d’un authentique fait de guerre, les scénaristes Pierre Boisserie et Philippe Guillaume (bien connus pour leurs sujets financiers et historiques en BD comme « Dantès », « La Banque » ou « Le Banquier du Reich ») en ont tiré une véritable bande dessinée d’aventure où se mêlent, avec bonheur, drame et humour : l’ensemble étant illustré, de main de maître, par Stéphane Brangier qui signe aussi Siro diverses séries bien connues comme « Polka » ou les reprises d’« Aquablue » et de « La Croix de Cazenac » !
Alors que le général de Gaulle lance son célèbre appel à la résistance depuis Londres, l’or que les Belges et les Polonais ont confié à la banque de France avant d’être envahis est sur le point d’être embarqué au port de Lorient. La cargaison fait route vers les colonies d’Afrique-Occidentale, mais aidés par les représentants locaux du gouvernement de Vichy, les Allemands vont faire main basse sur le trésor à Dakar. Comme ils ne peuvent plus le remonter par la mer qui est surveillée par la puissante marine britannique, ils chargent les 200 tonnes de lingots dans un train qui va traverser l’Afrique, direction Berlin…Â
Quatre hommes que tout semble opposer (un Royal Marine anglais, un ex-officier français, un mécano porté sur la dive bouteille et un indépendantiste ivoirien) vont faire cause commune pour tenter de récupérer le magot : chacun agissant, toutefois, selon ses propres intérêts. S’engage, alors, une insensée course-poursuite, aussi périlleuse que burlesque.
Évidemment, et l’on ne va pas s’en plaindre (bien au contraire), les auteurs ont dû beaucoup regarder des films comme « Taxi pour Tobrouk », « Le Salaire de la peur » ou « Cent Mille Dollars au soleil » — voire certains « Indiana Jones » — pour écrire ces incroyables péripéties, pourtant bien basées sur un fait réel. Quoi qu’il en soit, cela fonctionne ! D’autant plus que le graphisme semi-caricatural de Stéphane Brangier, qui préfère évoquer les choses plutôt que de les reproduire trop fidèlement, permet aussi de transcender l’aspect documentaire du récit.
À noter que la seconde et ultime partie de ce très intéressant diptyque ne devrait pas tarder, puisqu’elle est annoncée pour le début de 2023.
« L’Or des Belges » T1 par Stéphane Brangier, Pierre Boisserie et Philippe Guillaume
Éditions Dargaud (15 €) — EAN : 978-2-205-08483-2