Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Au nom du pain » : une saga historique gourmande !
Depuis « Les Maîtres de l’orge » lancé en 1992, les éditions Glénat ont régulièrement mis en avant les artisans des plaisirs de la table. Après le vin, les sardines… c’est au tour du pain d’être le socle d’une saga familiale historique riche en rebondissements. Jean-Charles Gaudin, bien connu des lecteurs du catalogue Soleil pour ses séries d’heroic fantasy, en signe le scénario à la fois documenté, dramatique et émouvant.
Deux ans avant le début de la Seconde Guerre mondiale, Henri Martineau, sa femme Marguerite et les jumeaux Marcelin et Monique âgés de onze ans arrivent à Saint-Jean, où ils comptent ouvrir une boulangerie : ce qui n’enchante pas la famille Durand qui exploite l’unique boulangerie de la petite ville estivale vendéenne. D’autant plus que le pain d’Henri est bien meilleur que celui d’Étienne Durand. La guerre avec l’Allemagne est déclarée, alors qu’Henri ouvre une seconde boutique. Il est mobilisé. Marguerite continue courageusement à faire du pain, aidée par ses enfants. Arrive le temps de l’Occupation, l’annonce de la mort d’Henri. Marcelin et sa mère viennent en aide aux résistants, en dissimulant leurs messages dans les pains. La jolie veuve est courtisée, bien malgré elle, par le lieutenant allemand Feldberg…
Au fil des pages, Marcelin évoque avec précision les événements dramatiques dont les siens ont été témoins et souvent acteurs. À l’intrigue parfaitement maîtrisée (où se mêlent la grande Histoire et la vie quotidienne des protagonistes) s’ajoute un hymne au métier de boulanger. Jamais ennuyeux, ces cours sur l’art de la baguette participent à l’enrichissement du scénario. En toile de fond, ce premier album invite à suivre les habitants d’une petite ville sous l’Occupation à travers des personnages attachants, sans pour autant négliger la dure réalité de la guerre. Ce premier diptyque ambitionne de couvrir les années 1939-1944, un second étant déjà programmé, consacré à la période de l’après-guerre… : en espérant que le succès sera au rendez-vous et que l’éditeur nous permettra de retrouver la sympathique famille Martineau dans d’autres cycles.
Né en 1963 à Challans, Jean-Charles Gaudin aborde le scénario de bandes dessinées à la fin des années 1990, tout en réalisant des courts métrages. La plus grande partie de ses histoires est destinée aux éditions Soleil : « Marlysa » sa série la plus connue avec Jean-Pierre Danard depuis 1998, « Le Feul », « Le Prince d’Arclan », « Les Arcanes du Midi-Minuit », « Galfalek », « L’Assassin royal »… Avec « Au nom du pain », ce spécialiste de l’heroic fantasy prouve, une fois de plus, qu’il est aussi à l’aise avec l’intrigue historique qu’il a abordé avec l’adaptation BD de la série télé « Un village français ».
Né à Tahiti en 1981, Steven Lejeune intègre l’atelier Gotterdom créé à Aix-en-Provence par Arleston. Il dessine « Trop de bonheur » avec Jean-David Morvan, « Oxydes » avec Arleston, adapte « Donne-moi des ailes » de Nicolas Vanier, puis dessine « Poly ». Son dessin parfois un peu raide séduira toutefois le lecteur par son goût du détail ou ses mises en scène réalistes inspirées par les maîtres du manga.
« Au nom du pain T1 Pain noir (1939-1944) : Marcelin » par Steven Lejeune et Jean-Charles Gaudin
Éditions Glénat (14, 95 €) — EAN : 978 2 3440 4401 8
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