Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Pif : un numéro hors-série collector qui rend hommage à René Goscinny !
Une fois encore, Pif surprend ses lecteurs avec la publication d’un numéro spécial tout entier consacré à René Goscinny, dont on commémore les 45 ans de la disparition cette année. Après l’inauguration d’un mur géant dessiné par Catel (de la taille d’un immeuble de 200 mètres carrés à Angoulême), ce pavé de 132 pages arrive à point nommé. Le rapport avec Pif ? Il n’y en a pas ! Sinon que l’hebdomadaire comme le scénariste ont façonné, chez leurs lecteurs, la nostalgie de temps aujourd’hui révolus.
C’est un parcours en 120 pages de bandes dessinées méconnues que nous invite à savourer ce fascicule dont la couverture présente une petite partie du mur réalisé par Catel.
Des récits écrits — et parfois même dessinés — par René Goscinny sont exhumés des archives de l’institut René Goscinny.
Nous avons d’abord droit à la reprise d’un épisode de 19 pages des enquêtes de Dick Dicks : le privé new-yorkais dont Goscinny était l’auteur complet, publié en 1951 par le quotidien belge La Wallonie.
Ensuite, ce sont des épisodes de « Pipsi » et de « Tromblon et Bottaclou » dessinés par Christian Godard, de « Signor Spaghetti » par Dino Attanasio, de « Strapontin » par Berck, de « La Fée Aveline » par Coq, des « Divagations de Mr Saitout » par Martial, de « La Forêt de Chênebeau » par Mic Delinx… et de l’intégralité des aventures de « Record et Véronique ».
Cette dernière série évoquant la vie au quotidien de deux enfants turbulents et inventifs dont les 46 pages ont été publiées par les premiers numéros du mensuel Record en 1962 et 1963. Attention, les pages de jeux — le plus souvent imaginées par Jean-Michel Charlier — n’y figurent pas.
On peut aussi découvrir les travaux d’illustrateur de Goscinny aux États-Unis, des extraits du « Capitaine Bibobu », les « Aventures de Pierre et Paul », « Fanfan et Polo », « Jeannot », le « Docteur Gaudéamus »… Si le dossier semblera un peu court aux connaisseurs, nombreux seront les lecteurs lambda qui y trouveront quelques anecdotes sympathiques.
Les ouvrages consacrés à René Goscinny ne manquent pas, mais le plus souvent ils sont destinés à un lectorat adulte. Ce hors-série de Pif, au prix de vente modeste, s’adresse en priorité à des lecteurs pas forcément branchés BD, de tous âges : ce qui n’empêche pas une présentation acceptable et une impression correcte.
Une fois encore, évitons de lorgner vers les habituels numéros de ce nouveau journal dédié au cabot d’Arnal : lesquels ne sont pas vraiment tentants pour qui a connu ceux de la grande époque de Vaillant, puis de Pif gadget. Cela n’empêche pas de savourer les hors-séries concoctés par la même rédaction qui, jusqu’à présent, valent le détour.
Henri FILIPPINIÂ
Pif hors-série René Goscinny
132 pages en couleurs (8,95 €), en vente chez les marchands de journaux.  Â
Il est vrai que le rapport entre Pif et Goscinny semble totalement inexistant, et pourtant… fin 1959, tandis que le journal Pilote sortait ses premiers numéros, René Gosciny avait créé avec Christian Godard un personnage féminin pour le journal « Vaillant » : Pipsi !
On peut même y ajouter le méconnu « Boniface et Anatole », une petite série apparue dans Vaillant en 1958, scénarisée anonymement par René Goscinny et dessinée par Jordom (Jorge Domenech).