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Un capitaine de 15 ans, est-ce possible ?

13/03/2022
Par Laurent Lessous

On ne compte plus les adaptations Jules Verne en bande dessinée. Elles sont parfois excellentes, comme récemment « Les Enfants du capitaine Grant » ou « Deux Ans de vacances ». Après son travail remarqué sur ce dernier titre, Frédéric Brrémaud récidive en scénarisant « Un capitaine de 15 ans ». Porté par de belles valeurs, le premier volume de ce voyage initiatique à rebondissements s’adresse à un vaste lectorat, dès 12 ans.

Nous sommes en 1873, on chasse la baleine dans le Pacifique Sud pour en récupérer une huile très recherchée. Le brick-goélette Le Pilgrim rentre au port d’Auckland les cales à moitié vides. La pêche n’a pas été bonne ce qui rend le capitaine Hull et son équipage de mauvaise humeur. Leurs soldes vont être maigres. Fort heureusement pour eux, à peine débarqués sur le sol néo-zélandais, M. Weldon, leur armateur, leur propose d’effectuer un voyage fort bien payé.

Il s’agit de conduire, à Boston, quelques passagers de marque : son épouse Mme Weldon, Jack son fils accompagné d’une nourrice, ainsi que son cousin Benedict : un entomologiste hurluberlu. Vieux loup de mer, le capitaine s’empresse d’accepter cette proposition rémunératrice, car il sait qu’il n’a besoin pour rallier San-Francisco que d’un équipage réduit : son second, quatre marins, un cuisinier et un mousse, le tout jeune Dick Sand.

« Un capitaine de 15 ans » T1 page 3.

Avec cet équipage minimal, la traversée du pacifique Sud d’Auckland à San-Francisco est prévue en une cinquantaine de jours. Le Pilgrim devra ensuite décharger une cargaison à Valparaiso au Chili, avant de passer le Cap-Horn, et de remonter les côtes américaines vers le port du Massachusetts. Mais la mauvaise météo fait prendre du retard au navire tout autant que la découverte d’une épave.

À l’intérieur du Waldeck, les marins découvrent des hommes assoiffés et presque sans vie, ainsi qu’un gros chien qui veillait sur eux. Ce sont quatre adultes à la peau noire, mais libres, qui rejoignaient les États-Unis. Ils se refont une santé sur le Pilgrim, jusqu’à ce jour tragique où le navire croise la route d’une baleine. Le Capitaine Hull et ses matelots montent dans un canot dans le but de la harponner, pour récupérer sa précieuse huile. Mais le mammifère marin se défend et coule la fragile embarcation. Tous les marins sont emportés par le fond…

« Un capitaine de 15 ans » T1 page 5.

Le mousse Dick Sand, seul marin encore à bord, devient le véritable capitaine du navire pour sa deuxième campagne en mer. Les responsabilités sont immenses, mais cet adolescent les accepte pour mener à bon port le navire. C’est sans compter sur le cuisinier portugais Negoro qui lui prépare une bien mauvaise surprise…

Ce n’est pas le plus connu des romans de Jules que Frédéric Brrémaud adapte fidèlement, avec au moins autant de talent que pour « Deux ans de vacances » dont nous vous avons vanté les qualités ici. C’est un beau récit d’apprentissage sur le passage à l’âge adulte.

L’écrivain nantais excelle dans la construction de voyages initiatiques comme dans « 80 jours en ballon » ou « Voyage au centre de la Terre », il profite ici des pérégrinations du jeune mousse pour condamner avec virulence l’esclavage et la traite négrière, et s’attarder sur les bienfaits de la science au travers des remarques du cousin Benedict.

« Un capitaine de 15 ans » T1 page 11.

Une pêche dangereuse...

Aucune faute de goût dans le dessin classique de Christophe Picaud : que ce soit dans celui des navires du XIX^e siècle ou dans les mouvements aquatiques des grands cétacés. Du dynamisme au contraire, au service d’une intrigue à rebondissements et de l’évolution des relations humaines au sein d’un petit groupe soumis à de multiples dangers. Le deuxième tome de ce diptyque annoncé est attendu impatience. Le travail des deux auteurs facilite l’accès à des lecteurs, dès le début du collège, d’une intrigue publiée sous la forme de feuilleton en 1878.