Tonnerre de bulles ! : éclectique et passionnant…

Publié pendant neuf ans sous le titre On a marché sur la bulle, puis rebaptisé Tonnerre de bulles ! en 2012, le trimestriel animé par l’infatigable Yannick Bonnant propose un n° 28 au sommaire on ne peut plus éclectique. Réunir un dessinateur accusant plus de 50 ans de carrière, le maquettiste d’un mensuel mythique, un dessinateur qui dit appartenir à la « ligne claire décomplexée » et un éditeur de deux albums à ce jour témoigne d’une bonne dose d’audace.

Marc Hardy, dessinateur du célèbre « Pierre Tombal » (créé avec la complicité de Raoul Cauvin au scénario) ne s’est pas limité à ce classique de l’hebdomadaire Spirou. Au fil d’un long entretien avec Sébastien Pauly, il évoque « Badminton », « Garonne et Guitare », « La Patrouille des Libellules », « Lolo et Sucette », « Triskel », « Croq’la vie », l’inachevé « Feux » avec Philippe Tome… Enfin, le long accouchement de l’aventure de « Spirou et Fantasio » imaginée par Zidrou que nous devrions bientôt découvrir. Une carrière exemplaire, un dessinateur humain et sensible.

Dans un tout autre registre, rencontre avec Zanzim par Maryse Broustail : un dessinateur qui, depuis une vingtaine d’années, multiplie les succès avec des albums rares, considérés comme des œuvres majeures du 9^e art : « Les Yeux verts », « L’Île aux femmes », « Ma vie posthume » « La Sirène des pompiers »… et le multiprimé « Peau d’homme » réalisé avec le regretté Hubert. Ce sont les parfaits exemples d’albums intelligents et soignés réalisés par un auteur de la nouvelle génération respectueux de ses lecteurs et qui sait prendre son temps.

Maquettiste est une profession incontournable au sein d’une maison d’édition. Pascal Guichard a exercé ce métier pendant dix aux à la rédaction du mythique Métal hurlant. Il confie ses souvenirs, à la fois sérieux et truculents, à Laurent Assiud. Un voyage nostalgique et exotique, du temps où le journal était dirigé par l’amiral Dionnet et le capitaine Manœuvre, qui évoquera bien des souvenirs aux quinquagénaires anciens lecteurs de la revue.

Enfin, portrait de Frédéric Lardoux : un ancien militaire sous contrat, devenu éditeur de bande dessinée après la lecture du rapport Racine sur la BD. Une démarche qu’il qualifie d’éthique, solidaire et écologique, mais aussi à l’avantage des auteurs qui lui permet d’éditer autrement. Les éditions Daviken (« pour toujours » en Breton) ont publié deux albums à ce jour : le collectif « Méfie-toi d’une femme qui lit » et « Long Kesh » de Stéphane Heurteau.

Sous une double couverture, Tonnerre de bulles ! propose 80 pages agréablement illustrées au format 15 x 21 cm. Comme il s’agit de l’une des rares revues au tirage limité encore en vie, encouragez son équipe de bénévoles en l’achetant.

Henri FILIPPINI           

Tonnerre de bulles ! n° 28

Les Petits Sapristains : La Chênaie longue, 35 500 St Aubin-des-Landes, yannick.bonnant@gmail.com (7,50 €)

 

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