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Quand « Miss Fantasmes », le don Juan passe !

25/11/2021
Par Gwenaël Jacquet

À 21 ans, Kayano ne fait pas vraiment fantasmer les hommes : ils la trouvent même un peu vulgaire. De son côté, elle fantasme facilement sur tous les mâles qu’elle croise, au point que cela en devient gênant et contre-productif. Elle idéalise l’amour, sans jamais l’avoir rencontré. Comme le titre l’indique, elle fantasme à longueur de temps : et cela donne un manga plus sensuel que coquin. C’est surtout une histoire assez amusante, avec des personnages caricaturaux et parfaitement campés.

Quand Jun Kayano travers les couloirs de son université, tout le monde se retourne sur elle. Pourtant, la plupart des étudiants la considèrent comme une vulgaire « pétasse » avec ses « décolletés plongeants, mini-jupe, cheveux clairs et ondulés, manucure et maquillage ultra provocant », mais comme elle le dit elle-même, elle est encore « vierge », et elle ne parle pas que de son signe zodiacal. Son obsession pour les hommes se manifeste quasiment à chaque fois qu’elle en croise un. Elle part dans un fantasme qui lui fait perdre pied et toute notion de l’instant présent. Les interlocuteurs sont souvent interloqués par l’attitude de cette fille qui n’est plus concentrée sur ce qu’elle fait. Jusqu’au jour où Kanô, un simple client masculin, réussit à comprendre que cette belle demoiselle est novice en matière de sexe. Il va donc en profiter pour jouer un peu avec elle, afin de l’attirer dans son filet. Il pense que ce ne sera pas trop difficile, vu qu’ils habitent côte à côte. Jun n’avait jamais remarqué ce charmant voisin, et cela va donc créer de nombreuses situations rocambolesques pour le plus grand plaisir des lecteurs.

« Miss Fantasmes » est une série romantique, humoristique et pimentée. Les très nombreuses scènes de sexe, fantasmées par Jun, sont finalement bien sages et loin d’être explicites : ce qui est compréhensible, vu qu’elle manque totalement d’expérience. Elle a d’ailleurs des idées préconçues assez étranges en matière de relation physique. Ses désirs sont assez brutaux et les fantasmes de viol sont quasiment toujours présents. On comprends surtout qu’elle est incapable de faire le premier pas et, même si un homme lui ouvrait son coeur, il lui serait impossible de ne pas refuser ses avances, tout en désirant au plus profond d’elle qu’il continue à la courtiser, voire aille plus loin. Pourtant, il y a clairement un blocage qui s’opère, et ses fantasmes ne reflètent absolument pas la réalité de sa vie.

Heureusement, son voisin est un fin psychologue et il a très vite compris comment aborder la jeune femme. Il va prendre son temps pour faire mûrir son désir de s’ouvrir à lui sans la brusquer. Pourtant, les situations ubuesques développées par l’histoire vont amener de nombreux rebondissements plus amusants les uns que les autres. Le fait que l’on connaisse en permanence les pensées de Jun donne une tournure risible aux événements. En tant que lecteur, on aimerait la faire aller de l’avant, mais c’est cette frustration que l’on peut ressentir qui fait que l’histoire est prenante.

Si le scénario est tordant, les dessins concoctés par Yukino Seo le sont également. Elle arrive à garder une cohérence de style avec ses personnages réalistes, aux formes parfaites et aux attitudes provocantes qui, tout d’un coup, lors des situations humoristiques, deviennent des formes molles aux yeux exorbités et aux membres tout en rondeurs. Le tout est parfaitement dosé, afin de ne pas quitter trop longtemps le côté réaliste des situations et garder un côté humoristique qui offre une parenthèse distrayante. Les protagonistes sont donc à peu près tout charmants et leurs vêtements, très travaillés dans les moindres détails, participent à cette vision caricaturale de la beauté. Bien évidemment, dans ses fantasmes, Jun porte toujours des sous-vêtements affriolants composés de dentelles immaculées ou de mini short moulant à l’extrême.

« Miss Fantasmes » offre une vision assez drôle du quotidien d’une jeune femme clairement inexpérimentée en amour. Ses désirs sulfureux ne sont que des chimères qu’elle aimerait bien évidemment voir se réaliser, mais qu’elle n’assume pas une fois le début de ce qui pourrait être une concrétisation se présente. Bien sûr, c’est gentiment érotique et coquin : sans jamais tomber dans la vulgarité outrancière. Le fait de séparer les vraies vies, banales, des fantasmes, osés, permet d’avoir une lecture différente des événements. Voilà donc une histoire bien sympathique pour les amateurs de romances qui voudraient un peu se dévergonder, sans tomber dans le graveleux.