Colossale conclusion pour « L’Attaque des titans » !

34 numéros, 139 chapitres, trois spin-offs, autant de romans, quatre saisons pour la série d’animation, des jeux vidéo en pagaille, de nombreux produits dérivés, et ce n’est pas terminé. « L’Attaque des Titans » est la série de tous les superlatifs. C’est l’une des rares sagas pour jeunes adultes à taquiner les sommets des ventes habituellement détenues par des titres ciblant un public plus jeune comme « DragonBall », « Naruto » ou l’actuel challenger : « One Piece ». Si cette collection était très attendue, l’attrait n’a cessé de progresser au fil des parutions et de la diffusion de la version animée. Conclusion en apothéose d’un des plus gros blockbusters de l’édition de ces dernières années.

« L’attaque des Titans » raconte le combat d’un groupe de jeunes soldats funambules contre des colosses démesurés, dans un monde postapocalyptique. L’histoire débute plus de 100 ans après la construction de la première muraille censée protéger les humains des attaques d’êtres humanoïdes, lesquels sont dix fois plus grands qu’un humain moyen. Or, ces murs entourant la cité dont le plus grand fait quand même 50 mètres de haut, font pâle figure face au titan d’un nouveau genre mesurant près de 60 mètres. Personne ne sait trop d’où sortent les titans : une sorte de zombie monumental sans peau, se contentant de traquer les humains pour les dévorer. Après de longues batailles, un twist, survenu au tome 21, a permis de comprendre un peu mieux ce monde. Ces révélations vont radicalement changer la vision de ces êtres et ouvrir la voie a une conclusion épique qui nous est racontée dans ce volume 34. Comme il reste sûrement des lecteurs qui n’ont pas commencé la série, nous préférons ne pas dévoiler les tenants et aboutissants de l’intrigue. Cette histoire se développant au fil des épisodes, elle permet au lecteur d’envisager cet univers d’égal à égal avec ses habitants. On subit ces monstres gigantesques comme, eux, pleurent devant la cruauté de ce monde et la dureté de certaines scènes.

Un exemple de dessin vraiment naïf. Heureusement, Hajime Isayama a su s'entourer d'assistants corrigeant certains défauts et réalisant surtout des décors grandioses.

La série « L’Attaque des titans » n’est pas exempte de critiques, surtout concernant son dessin : raide, froid et malhabile. Hajime Isayama fait partie d’une longue lignée de conteurs japonais maîtrisant la narration, mais clairement pas l’anatomie ni le mouvement : à l’instar d’autres auteurs prestigieux comme Masami Kurumada (créateur de « Saint Seiya ») ou Izumi Matsumoto (« Kimagure Orange Road ») qui ont su créer un univers fascinant avec un dessin pourtant assez faible. Néanmoins, cette froideur apparente sert le récit qui joue à fond sur l’image de la rigueur allemande. Rigueur que l’on retrouve à travers les superbes costumes et les décors faisant immanquablement penser à une cité bavaroise moyenâgeuse. Le succès de cette série est donc surtout dû à son scénario extrêmement original et atypique. Contrairement à d’autres titres horrifiques, aucun humour ne se dégage du récit, c’est une quête froide et haletante pour la survie de l’humanité, dans un monde aux allures médiévales avec des combats au corps à corps impressionnants. C’est surtout une sorte de huis clos, puisque l’histoire se passe principalement dans l’enceinte d’une ville assez exiguë, comparée aux mégalopoles actuelles. La vie qui continue de s’y développer est presque décadente et la survie de l’humanité réside dans une ouverture sur un monde clairement inconnu, sauvage et surtout mortel, puisque peuplé de titans.

« L’Attaque des Titans » reprend quand même certains poncifs propres au genre manga. Les personnages principaux sont jeunes et inexpérimentés. Ils doivent, donc, apprendre de leurs échecs. Ces connaissances vont permettre à chacun de s’élever à un rang supérieur au fil du récit et arriver à jouer d’égal à égal, voire à dépassé les adultes. En revanche, contrairement à la plupart des mangas, il n’y a pas d’histoire d’amour à même de pimenter le récit. Le héros ne se bat pas pour sauver la belle princesse. Ce qui n’empêche pas les hommes et les femmes de s’affronter. Ces combattantes ne sont même pas là pour faire un quelconque fan service aux plans affriolants comme il est coutume de trouver dans ce type de manga de combats destiné a un public masculin. On peut donc dire que cette série est extrêmement moderne et casse les codes de la société japonaise, plutôt patriarcale. Serait-ce pour ces raisons que cette série a aussi bien conquis les fans des deux sexes ?

Les éditions Pika n’ont pas lésiné sur la promotion de cette série qui a connu un pic de popularité grandissant avec le premier confinement. Est-ce que les lecteurs, du fait de leur enfermement forcé, se sont reconnus dans ce site encerclé par des murs servant à contenir un ennemi mortel ? Un assaillant qui, dès le premier tome, réussi a briser cette barrière de pierre censée être infranchissable. Succès oblige, la conclusion de la sage a donc été tirée à 170 000 exemplaires. Deux versions du n° 34 existent : une classique, mais aussi une, dite limitée, donc forcément collector, avec une jaquette exclusive à l’édition française, un livret contenant les croquis préparatoires des deux premiers chapitres, ainsi que deux cartes postales et un ex-libris. Mais ce n’est pas tout, car il existe aussi une édition dite colossale en 12 volumes de grande taille (177 x 265 mm). Chaque pavé regroupant l’équivalent de trois tomes classiques. Si vous n’avez pas déjà commencé la série, il est conseillé d’acquérir cette version qui permet de mieux appréhender la richesse des cases et des dialogues, lesquels sont parfois un peu petits et fouillis en taille manga de poche. Phil Balsman, un auteur américain de comics a réalisé, pour l’occasion, les couvertures de cette édition en mettant en scène 12 versions différentes des titans. Les dessins sont proches de l’animé et plairont à un public ayant découvert cette série en streaming sur Wakanim.

À noter pour ceux qui souhaitent commencer la série en numérique que, du 13 au 27 octobre, une promotion sur les huit premiers volumes (passant de 4,49 € à 1,99 € l’unité) sera appliquée dans toutes les boutiques virtuelles où le titre est disponible.

La conclusion attendue de cette saga qui a duré presque dix ans est loin de décevoir. Tous les secrets ne sont pas vraiment révélés, mais c’est clairement un nouveau jour pour l’humanité. Que vous choisissiez de lire ce tome 34 ou d’attendre le douzième de la version colossale, un combat épique et titanesque vous attend pour vous en mettre plein la vue.

Gwenaël JACQUET

« L’Attaque des titans » T34 par Hajime Isayama
Éditions Pika (6,95 €) – ISBN : 978-2-8116-6402-2

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