Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Les robots rêvent-ils d’amitiés humaines ?
Dans un monde hyperconnecté, les relations humaines se font, parfois, de plus en plus rares. Pour des parents débordés pourquoi ne pas acheter un robot pour combler le manque affectif de leur fils adolescent. Ce robot pas comme les autres, c’est Genius, à l’écoute 24 heures sur 24, qui doit devenir un ami pour la vie. Vaste programme, alors que la vie n’est pas programmable. « Genius », c’est le début d’une série intrigante, subtile et finalement très humaine.
Dans un futur proche, robotique et domotique ont envahi le quotidien de toutes les familles. Cela n’empêche pas M. Neuman d’être débordé par son activité professionnelle.
Or, depuis le départ de sa femme pour la Canada, il élève seul Max, un adolescent bougon de 12 ans. Il s’inquiète de sa timidité et de sa solitude quand il rentre seul du collège dans une maison vide.
C’est pour cela qu’il cède à une offre publicitaire. Il achète un exemplaire de Genius : un androïde à la pointe de l’intelligence artificielle qui répond à toutes les sollicitations, à toutes les envies.
La notice précise : « Genius est cet ami dont tous les enfants rêvent. 100 % dévoué, 100 % disponible. Un ami pour la vie. »
L’arrivée de ce nouvel ami de métal ne se passe pas comme l’espérait M. Neuman. Max boude son cadeau, ce qu’il veut, lui, c’est passer plus de temps avec son père, qu’ils fassent des choses ensemble. L’acclimatation de Genius à la vie familiale est encore compliquée par quelques bugs inexplicables selon la hotline de l’entreprise qui le commercialise. Le robot à l’apparence adolescente déclare ainsi à Max qu’il l’aime après l’avoir réveillé en pleine nuit. Le lendemain, au contraire il refuse de ranger sa chambre en affirmant qu’il n’est pas son esclave. De nouveaux réglages s’imposent pour le service après-vente.
Divisé en de courts chapitres centrés sur un aspect de la relation entre Max et son robot de compagnie intitulés : « Le Cadeau », « Question de réglage », « Une vie de robot » ou « Jalousie », ce premier volume pose progressivement, avec finesse, les bases d’une intrigue qui pourra se développer sur plusieurs albums.
Max et Genius doivent s’apprivoiser l’un l’autre.
Après le rejet et la méfiance, Max comprend les avantages dont il peut bénéficier avec un androïde coincé dans le domicile familial.
De son côté, Genius après quelques ratés dans sa mise en marche, fait son possible pour vraiment devenir le meilleur ami du jeune garçon ; mais il commence à s’interroger sur sa nature. Il s’ennuie dans une maison vide toute la journée, fait des cauchemars, éprouve de la peur ou de la jalousie : il s’humanise sans que Max et son père en prennent pleinement conscience.
Que va-t-il se passer quand Max va grandir et que lui conservera son aspect d’adolescent ?
Le premier volume de « Genius » s’adresse à de jeunes lecteurs du collège qui peuvent s’immerger dans un monde légèrement futuriste dans lequel fleurisse les collèges Thomas Pesquet. L’intrigue intrigante et parfois inquiétante sait émouvoir, en restant toujours près des émotions de personnages aux réactions parfois ambiguës. Une vraie réussite de la bande dessinée jeunesse de cette rentrée 2021.
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Genius T1 : Un robot pas comme les autres » par Stéphane Hirlemann et Sergio Salma
Éditions Glénat (10,95 €) – EAN : 978-2-344-04464-3