« Aria » : 40 ans, 40 albums… et des adieux !

« Aria » appartient à ces séries familières que l’on retrouve toujours avec le même plaisir. Sans avoir connu la griserie du vrai grand succès, Michel Weyland a réussi le prodige de maintenir en vie sa blonde guerrière pendant plus de 40 ans. Avant de laisser son héroïne couler des jours heureux dans son château en bord de mer, il revient sur sa longue vie d’aventure sous forme d’un émouvant carnet de voyage.

La première apparition d'Aria...

« Aria » voit le jour dans le premier numéro de janvier 1980 de l’édition belge de l’hebdomadaire Tintin.

Elle inaugure la rubrique « Pour ou contre » imaginée par Jean-Luc Vernal : le nouveau rédacteur en chef.

Proposé en noir et blanc dans le supplément belge du journal, « La Fugue d’Aria » est un récit à suivre signé par Michel Weyland : un jeune homme qui vient de tout plaquer pour se lancer dans la bande dessinée.

Il lui faudra patienter jusqu’au mois de juin pour débarquer en couleurs dans les éditions belges et françaises de Tintin, avec la publication d’une histoire complète en cinq pages : « Aria et le dragon ».

C’est le début d’une longue collaboration avec l’hebdomadaire belge qui prend fin en 1992, après la parution de 17 albums aux éditions du Lombard.

Sentant la fin du journal inéluctable, Michel Weyland rejoint son concurrent Spirou où il publie sa première aventure d’Aria : « Ove » en 1994.

Les pages seront réunies, un premier temps, dans un album de la nouvelle collection Repérages.

« Aria » obtient sa propre collection en 1998 : année où les albums parus au Lombard rejoignent le catalogue Dupuis.

Bien qu’absente des pages de Spirou depuis de longues années, Aria poursuit ses aventures avec régularité, directement sous forme d’albums jusqu’en 2019 : où sort sa dernière longue aventure intitulée « Flammes salvatrices ».Ce « Carnet de voyage » se présente comme un carnet de croquis supposé avoir été réalisé sur le vif avec un Bic et des crayons par l’auteur, au fil des aventures de son héroïne : un moyen agréable pour le lecteur de se souvenir des points forts de cette série attachante.

Les couleurs aux tons pastels sont réalisées par son épouse Nadine qui l’accompagne dans son travail depuis ses débuts. L’album de 68 pages se termine avec la reprise de trois histoires courtes parues dans Super Tintin au cours des années 1980.

Née à une époque où les jolies filles ont enfin le droit de figurer dans les pages de Tintin, Aria est une blonde guerrière aux formes généreuses qui ont fait rêver plus d’un jeune lecteur.

Elle évolue à une époque indéterminée, dans un monde barbare où la femme est considérée par les hommes comme un simple divertissement.

C’est compter sans son caractère bien trempé qui lui permet de combattre à égalité et avec courage auprès des guerriers. Au fil de ses nombreux voyages, elle découvre d’autres civilisations, croise de nombreux soupirants, rencontre d’étonnantes créatures, devient mère de Sacham dont le corps porte les traces de la pollution. Humaine, intelligente, courageuse, indomptable, Aria affronte des mondes hostiles en femme moderne, osons même dire un peu féministe avant la lettre.

Michel Weyland dans son atelier.

Né le 19 août 1947 à Ixelles, Michel Weyland se passionne très jeune pour la bande dessinée dont il souhaite faire son métier.

Sur les conseils de Jacques Martin, il entre en 1966 à l’institut Saint-Luc de Bruxelles dont il sort diplômé en 1969.

Au cours de cette période, il publie dans Tintin huit histoires courtes humoristiques et fantastiques sous le titre « Stéréo-Land ».

L’expérience tourne court. Pour vivre, il travaille chez un grossiste, puis est employé pendant dix ans comme retoucheur de films. Il quitte son emploi en 1969, avec l’idée fixe de devenir auteur de bandes dessinées.

« Stéréo-Land » dans Tintin.

L’hebdomadaire Tintin lui propose de soumettre à l’avis de ses lecteurs le projet « Aria » dans sa nouvelle rubrique « Pour ou contre ».

Aux éditions du Lombard, puis chez Dupuis, Aria sera l’héroïne d’une série de 40 albums. Bien qu’ayant consacré la plus grande partie de son temps à « Aria », Michel Weyland est aussi l’auteur en 1988 de « Yvanaëlle, la dame de Morderez » : album publié dans la collection Histoires et Légendes des éditions du Lombard. À noter que ce personnage était destiné à l’origine à un projet de journal plus adulte, hélas avorté. On lui doit aussi quelques récits courts pour Tintin et son supplément trimestriel Tintin sélection.

Michel Weyland a toujours travaillé avec l’aide de son épouse Nadine (né en 1944), elle-même dessinatrice qui l’a assisté pour les scénarios et a réalisé la plupart des couleurs d’« Aria ». Malgré un dessin à ses débuts encore hésitant, il a rapidement évolué vers un style personnel original, non dénué de charme. À 74 ans, il prend une retraite bien méritée, avec le privilège d’avoir bouclé la série qu’il a animée tout au long d’une carrière discrète. Ce qui n’est pas donné au premier venu.

Henri FILIPPINI

« Aria T40 : Carnet de voyage » par Michel Weyland

Éditions Dupuis (13,95 €) — EAN : 979 1 0347 5035 1

Galerie

Une réponse à « Aria » : 40 ans, 40 albums… et des adieux !

  1. Olivier Northern Son dit :

    J’ai été de ces lecteurs du journal Tintin sensibles aux charmes de la jeune fille. Puis je l’ai perdue de vue.
    Bonne retraite, Monsieur Weyland!

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