Albert Uderzo : comme une potion magique…

Décédé l’an dernier, Albert Uderzo est quatre fois d’actualité en cette fin mai : consécration de l’artiste par une exposition au musée Maillol, publication de numéros hors-série des revues BeauxArts et Le Parisien, enfin parution d’un ouvrage monumental, catalogue de l’exposition. Hommage mérité à un dessinateur de bande dessinée génial, bien au-delà du seul personnage d’Astérix qui a trop longtemps injustement limité son œuvre à ce succès. Il fut aussi un brillant artisan du 9e art, parmi les plus inventifs.

Le musée Maillol, lieu symbolique s’il en est, propose du 27 mai au 30 septembre prochain, une formidable exposition des œuvres d’Albert Uderzo réalisée par Olivier Lorquin : président de la Fondation Dina Vierny-Musée Maillol.

De ses travaux destinées à la grande presse au dernier album d’Astérix réalisé en 2005, en passant par ses innombrables créations, cette riche exposition présente originaux de planches et de couvertures, dessins de presse, crayonnés somptueux, sculptures des personnages…

Pour un artiste qui disait volontiers ne jamais avoir appris à dessiner, on reste admiratif face à l’éclectisme de l’œuvre accomplie. Si vous passez par Paris, la visite est indispensable. Le musée est ouvert tous les jours de 10 h 30 à 18 h 30 (nocturne le vendredi jusqu’à 20 h 30). Plein tarif : 13 50 € ; 61, rue de Grenelle, Paris, museemaillol.com.La revue BeauxArts dédie un copieux numéro hors-série au dessinateur à l’occasion de l’exposition Uderzo.

Manon Lancelot, Pauline Mari, Christophe Vilain et Pierre Watt présentent une série d’articles passionnants sur l’artiste et son œuvre : entretien avec Sylvie Uderzo fille du dessinateur, retour sur son riche parcours avant la création du journal Pilote, portfolio reproduisant les plus beaux crayonnés, Uderzo génie comique universel…

Un travail sérieux et soigné qui consolera ceux qui ne peuvent pas s’offrir le catalogue !

BeauxArts hors-série n° 53, 116 pages couleurs, 8,50 €, en kiosques.

Le numéro publié par Le Parisien se propose de dévoiler les secrets du géant de la BD  qu’est Albert Uderzo. Et c’est plutôt réussi !

100 pages d’articles qui évoquent bien sûr les étapes incontournables de la longue carrière du dessinateur, mais l’approche est différente : plus conviviale, moins intellectuelle.

Passionnant entretien croisé entre Anne Goscinny et Sylvie Uderzo, émouvant pèlerinage dans l’antre du maestro, entretien avec Ada Uderzo qui confie « Albert a fait de moi une reine », évocation originale des autres héros créés par Uderzo…

À noter une riche iconographie présentant des documents moins connus, voire inédits. L’amateur de l’œuvre d’Uderzo se doit d’acquérir ces deux opus aux tons différents, mais tout aussi respectueux envers l’homme Uderzo (Le Parisien hors-série, 100 pages en couleurs, 6,90 €, en kiosques).

« Uderzo comme une potion magique » : coédité par le musée Maillol et les éditions Hazan, ce catalogue de l’exposition réalisée par l’agence Artcurial culture, sous la direction de Sylvie Uderzo qui en est la commissaire, est une pure merveille.

288 pages au format 24 x 28 cm reproduisant les originaux de toutes les époques et les crayonnés d’Albert Uderzo et les textes de la famille Uderzo sont accompagnés par ceux plus érudits de Thomas Schlesser qui évoquent le riche parcours de l’auteur. Aux œuvres de jeunesse succèdent les travaux pour la presse, les séries créées pour les journaux franco-belges, enfin la mise en orbite d’« Astérix » dans les pages de Pilote. Bien sûr, les photos proposées, comme les pages reproduites, sont pour la plupart connues des inconditionnels de cette œuvre foisonnante, mais quel plaisir que de les retrouver avec cette qualité de reproduction. Un beau livre qui trouvera sa place aux côtés des trois premiers tomes d’« Uderzo l’intégrale » de Philippe Cauvin et Alain Duchêne. À quand la parution du quatrième ?

Henri FILIPPINI

Pour finir, voici une petite anecdote personnelle pour mieux évoquer l’humanité d’Albert Uderzo. Un jour un vieux dessinateur qui avait eu son heure de gloire m’a confié les larmes aux yeux : « Tu sais, Albert m’a fait parvenir un chèque de 50 000 francs ». Quelques semaines plus tôt, lors d’un séjour à Blois où j’avais eu pour agréable mission d’accompagner Uderzo, nous avions parlé de ce dessinateur qu’il avait depuis longtemps perdu de vue et je lui avais confié qu’il était dans la misère. À la fin du siècle dernier 50 000 francs, c’était une belle somme !

« Uderzo, comme une potion magique »

Éditions Hazan/Musée Maillol (35 €) – EAN : 978 2 7541 1225 3

Galerie

Une réponse à Albert Uderzo : comme une potion magique…

  1. Karl dit :

    Et parmi les secrets dévoilés du géant de la bédé qu’était Marcel Uderzo, le plus gros secret est-il révélé ? L’homme maintenu dans l’ombre du géant aussi bien par René que par Albert et sans qui cette Å“uvre soit disant d’un seul homme aurait été beaucoup moins prolixe. À quand en quatrième où je ne sais quelle page et ce pour plusieurs albums de « Tanguy et La verdure » ainsi que pour plusieurs « Astérix » (faciles à trouver, ce sont les années ou sortaient 2 albums du petit gaulois)
    Crayonnés: Albert Uderzo
    Encrage: Marcel Uderzo

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