Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...Fable réaliste et humoristique chez les yakuzas…
Quand vous êtes un tueur professionnel, et que vous ne savez rien faire d’autre, il semble difficile de stopper toute tuerie durant une année entière. C’est pourtant ce que va devoir faire Fable, à qui son patron a demandé de se tenir à carreau et redevenir normal. Sauf qu’être normal pour lui, c’est tuer…
Fable, c’est le nom de code d’un jeune tueur professionnel. Son aspect simplet cache une machine à tuer imparable. Il ne sait faire que ça, et est plutôt très bon dans ce domaine. Il abat ses cibles sans sourciller et sait ne pas se faire repérer. Il est assisté par Yoko : une jeune fille qui doit le canaliser et parfois corriger ses mauvaises manières. Parce que des mauvaises manières, il en a à la pelle. Ce jeune homme est complètement déconnecté des réalités en dehors de son travail. Ses réflexions sont souvent inappropriées, et il semble se complaire dans la facilité. Il a clairement besoin d’être chaperonné. Sauf que sa vie va changer, et il va devoir se faire discret. Ayant trop travaillé, son patron l’informe qu’il n’acceptera plus de boulot pour lui durant un an : il devra se planquer à Osaka chez une connaissance de la pègre locale. Mais on ne change pas ses habitudes comme ça, et ce repos forcé ne le sera visiblement pas pour son entourage.
Les manga réalistes de Furyo sont un genre extrêmement populaire au Japon et « The Fable » est clairement dans la lignée de titres emblématiques comme « Be-Bop High School » ou« Rokudenashi Blues ». Il y a quasiment toujours une série de ce genre dans la revue Young Magazine des éditions Kodansha où il a été publié depuis 2014. La série vient de se terminer avec son 22e volume paru. C’est la seconde plus grande série de Katsuhisa Minami, après « Naniwa Tomoare » qui totalise 31 et 28 volumes en deux séries distinctes, mais complémentaires. Natif d’Osaka, il situe souvent son action dans cette grande ville du japon à l’accent si typique.
Katsuhisa Minami est un dessinateur atypique dans le monde du manga. Il a commencé sa carrière dans les années 2000, alors qu’il avait déjà 29 ans et exerçait déjà de nombreux métiers plutôt manuels comme plombier ou menuisier. Il a même fricoté avec la pègre, et c’est cette expérience qui lui sert aujourd’hui pour écrire des histoires crédibles et bien rythmées. Avec « The Fable », son dessin est mature et montre bien l’expression nonchalante du héros complètement déconnecté de la réalité en dehors du boulot. Les personnages et les décors sont réalistes et très détaillés.
Même s’il est censé être au repos, Fable ne s’est pas séparé de son arme fétiche : un pistolet Nighthawk de couleur anthracite. Cet adepte de la gâchette facile à pourtant bien intégrer qu’il devait se montrer discret, et la scène de combat parfaitement orchestré à la fin de ce premier volume détaille avec justesse l’étendue de son talent sans trahir son statut. Bien évidemment, c’est ce côté décalé entre la froideur de ce professionnel et la candeur du personnage si jeune qui donne son ton humoristique à la série.
« The Fable » est une série réaliste et violente, mais aussi particulièrement divertissante, avec un humour de situation assez simple, mais qui fait mouche. Si la série totalise 22 tomes, c’est bien qu’elle a conquis le public japonais. Elle devrait en faire de même avec les lecteurs français qui commencent à s’habituer à ces histoires réalistes ne se prennant pas au sérieux.
Gwenaël JACQUET
« The Fable » par Katsuhisa Minami
Éditions Pika (8,50 €) – EAN : 9782811657079
Un film adaptant la série est sorti au japon en 2019.