Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Une superbe série steampunk dérivée du « Château des étoiles », par le scénariste des « Indes fourbes » et de « De cape et de crocs »…
Avec la trilogie « Les Chimères de Vénus », Alain Ayroles et Étienne Jung explorent la face vénusienne de l’univers steampunk et romanesque du « Château des étoiles » : la bande dessinée à succès imaginée par Alex Alice chez Rue de Sèvres, où la conquête spatiale a pris place sous le Second Empire. Ce récit parallèle, qui peut se lire indépendamment, met en scène la jolie actrice Hélène Martin. Cette coqueluche du Tout-Paris est prête à tout pour rejoindre son poète d’amoureux, envoyé au bagne sur Vénus : monde sauvage couvert de brumes et infesté de dinosaures en tous genres.
Nous sommes donc en 1874 et, dans l’univers créé par l’auteur du « Troisième testament » et de « Siegfried », les vaisseaux des puissances terrestres s’élancent dans l’éther pour conquérir le système solaire. Ainsi, les Prussiens ont-ils colonisé Mars, tandis que les Anglais et les Français s’affrontent pour se partager les richesses de Vénus. Poursuivie par l’inquiétant duc de Chouvigny, affairiste peu scrupuleux, la belle et courageuse Hélène est entraînée dans ces rivalités et s’embarque pour une planète sauvage, recouverte d’une jungle inhospitalière peuplée de tricératops, de tyrannosaures et autres sauriens menaçants.Le génial Alain Ayroles (1) s’en donne à cœur joie, mêlant grand spectacle, merveilleux, lutte des classes, corruption et humour, en puisant son inspiration sans limites dans les récits de voyages fantastiques et la littérature du XIXe siècle : de Gustave Flaubert à Jules Verne, en passant par Émile Zola ou Gaston Leroux. Le tout ponctué d’une touche de Steven Spielberg (« Jurassic Park ») et de Walt Disney qu’amplifie le graphisme cartoonesque — mais pas trop, juste ce qu’il faut — d’Étienne Jung (2) qui a, selon son scénariste, « la capacité de produire des images enchanteresses, porteuses de poésie et d’émerveillement » : dont acte !Ce dessinateur du premier tome de « Gargouilles » (avec Denis-Pierre Filippi) ou de la série jeunesse « Brüssli » (avec le regretté Jean-Louis Fonteneau) aux Humanoïdes associés — par ailleurs coloriste-gouacheur de premier plan — rivalise de talent et d’inventivité dans la construction des planches : ceci afin de mettre au mieux en scène le rythme soutenu de cette fantaisiste et passionnante aventure, dont les protagonistes sont tous attachants et hauts en couleur.Sachez aussi que ce premier récit virevoltant de 54 pages est divisé en trois chapitres qui ont été prépubliés en très grand format — et agrémentés de nombreux compléments illustratifs ou littéraires inédits — au sein des gazettes du « Château des étoiles » : saga dont, on vous le rappelle, il n’est pas nécessaire d’avoir lu les différents cycles pour apprécier à sa juste valeur ce développement fort bien maîtrisé et approprié.
(1)  Voir : Dans les pas de Cervantès, avec un véritable et formidable roman picaresque en BD signé Guarnido et Ayroles !, « De cape et de crocs T11 : Vingt Mois avant » par Jean-Luc Masbou et Alain Ayroles, « D T3 : Monsieur Caulard » par Bruno Maïorana et Alain Ayroles, Dernier acte pour « De Cape et de crocs »…
(2)  Voir : « Gargouilles » T7 (« La Dernière Porte ») par Silvio Camboni et Denis-Pierre Filippi et « Brüssli » T3 (« Le Bien-aimé »).
« Les Chimères de Vénus » T1 par Étienne Jung et Alain Ayroles
Éditions Rue de Sèvres (15 €) — EAN : 978-2369811879
Autrefois, on pensait qu’il pouvait y avoir des dinosaures sur Vénus, soi disant à cause de son atmosphère et de son climat ressemblant aux premiers âges de la terre, amusant! En tout cas, voilà un album prometteur aux belles couleurs…