Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Fukushima pendant et après…
Au Japon, le 11 mars 2011, un tremblement de terre a entraîné un tsunami qui a provoqué à son tour la fusion du cœur de trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima, une des plus grandes au monde. S’ensuit une catastrophe nucléaire de l’ampleur de celle de Tchernobyl et dont on vient de « célébrer » les 10 ans. Deux albums, dont les récits se complètent, évoquent ce drame : « Fukushima : chronique d’un accident sans fin » et « Naoto, le gardien de Fukushima »…
Dans « Fukushima : chronique d’un accident sans fin », le scénariste Bertrand Galic a souhaité raconter heure après heure l’enchainement fatal et infernal, non pas de « la » catastrophe, mais « des » catastrophes : d’abord une catastrophe naturelle qui souligne qu’on a sous-évalué le risque sismique et les parades anti-tsunami (une digue de six mètres insuffisante), puis la catastrophe technologique qui n’est elle-même qu’un enchainement d’impuissances techniques et humaines.
Le scénariste choisit de s’appuyer sur l’audition du directeur de la centrale qui s’est déroulée pendant l’été 2011. Au fil de son témoignage et des questions dont on l’assène, le cycle infernal se reconstitue avec ses failles, ses omissions, ses mensonges probablement. Difficile de faire complètement éclore la vérité quand tant d’enjeux économiques et politiques se mêlent, mais l’idée de raconter de l’intérieur s’est imposée et cela fonctionne très bien.
Un tel huis clos dans un tel univers n’était pas évident à mettre en scène, mais la succession des événements réels pendant les cinq premiers jours des événements est telle que la tension, déjà forte en soi par le sujet, ne faiblit pas un instant. Il va sans dire que c’est documenté, étayé, et que le dossier final, très complet, très dense, ajoute encore à l’horreur des faits et au bilan humain et écologique, effroyable.
Découvrir, ensuite, « Naoto, le gardien de Fukushima » est particulièrement complémentaire. Comme tous les habitants de la région, Naoto Matsumura est évacué mais, refusant d’abandonner la ferme familiale et ses bêtes, il retourne chez lui au cÅ“ur de la zone interdite. Ce récit inspiré d’un personnage réel constitue un témoignage de première main tant l’expérience et le courage de cet homme sont difficilement contestables. Depuis, « l’homme le plus irradié du monde » fait régulièrement part de sa colère, voyageant dans le monde entier pour mettre en garde contre le nucléaire…
On pourra aussi relire, sur le sujet, et traité par une autrice japonaise, Ichiguchi, Keiko, « Les Cerisiers fleurissent malgré tout » paru chez Kana, en 2013. La Japonaise qui vie en Italie, décide après le drame de Fukushima de revenir dans l’archipel du soleil levant avec son mari pour soutenir ses proches, un récit intimiste dans lequel elle affirme tout en délicatesse son amour pour son pays.
Didier QUELLA-GUYOTÂ ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Fukushima : chronique d’un accident sans fin » par Roger Vidal et Bertrand Galic
Éditions Glénat (18,50 €) – EAN : 9782344034378
« Naoto, le gardien de Fukushima » par Ewen Blain et  Fabien Grolleau
Éditions Steinkis (19 €) – EAN : 9782368463581
Bonjour,
Vous écrivez :
« S’ensuit une catastrophe nucléaire de l’ampleur de celle de Tchernobyl ».
Quel est le nombre de victimes de l’accident nucléaire proprement dit et non victimes du tsunami ?
Quelles doses mesurées (mSv) ont reçu les habitants évacués ?
Merci
Bonjour,
Je reviens sur la phrase : « S’ensuit une catastrophe nucléaire de l’ampleur de celle de Tchernobyl ».
Il me semble qu’une telle phrase demanderait des justifications chiffrées précises scientifiquement établies.
Sinon, elle ne demeurerait que du qualitatif vague. Quelle « ampleur » ?
Il me semble qu’il convient d’être prudent, et précis, à propos d’un sujet complexe.
Patrice Delva