Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...1780, sur la toute neuve frégate Hermione, de jeunes terreurs des mers affrontent la perfide Albion…
La force des embruns, des batailles navales sans pitié, la lutte séculaire sur les mers entre la marine royale française et les navires de sa gracieuse majesté ; vous trouverez tout cela dans la série jeunesse « Les Terreurs des mers », avec en plus de l’humour et un amour fraternel exacerbé entre les trois membres d’une sympathique fratrie. Alors, partons tous à l’abordage de la nouvelle bande dessinée de Frédéric Brrémaud.
En cette fin de XVIIIe siècle, la toute jeune Alix et son grand frère Arsène espèrent beaucoup de leur premier acte de piraterie. En cette année 1780, un jour de grand brouillard, ils testent leur compétence de naufrageur. Sur la côte, en Vendée, près des Sables-d’Olonne, ils essayent d’attirer les navires qui passent au large pour qu’ils s’échouent afin de piller leur épave.
Exercice délicat quand la lumière piégeuse provient d’une lanterne posée sur la tête d’une vache et que le trois-mâts qui s’approche est un fier navire de guerre anglais.
Evidemment, l’audacieuse manœuvre des enfants échouent. Les soldats aux uniformes rouges les surprennent, les encerclent et prennent l’ainé tandis qu’Alix parvient à s’enfuir sur le dos de Marguerite, la vache du prisonnier Arsène ! Elle la force à un galop endiablé pour rejoindre Rochefort-sur-mer ou réside Germain, leur frère plus âgé.
Alix s’introduit dans l’arsenal royal et convainc Germain de la nécessité de délivrer son benjamin. L’ainé, aigrefin en herbe et guerre courageux, use de l’hypnose pour se sortir d’affaires. Il est ainsi devenu indument le chirurgien de l’Hermione, une superbe frégate prête à conduire le marquis de La Fayette en Amérique pour aider les insurgés dans leur guerre d’indépendance.
Commence alors une course maritime entre l’Hermione et le Northampton, le navire anglais sur lequel le pauvre Arsène officie désormais comme mousse.
Le capitaine de Latouche-Tréville est prêt à engager le combat pour le délivrer, voire à le poursuivre jusqu’au Antilles pour une improbable chasse au trésor des Conquistadors.
Cette traversée de l’Atlantique jusqu’à Marie-Galante sera le sujet d’un deuxième volume que l’on présume aussi rocambolesque que le premier.
Qu’il est bon de respirer de nouveau les embruns, de vivre de l’intérieur une course entre frégates françaises et anglaises sur l’océan. Frédéric Brrémaud a construit un beau récit d’aventures entre histoire vraie, séquences d’actions audacieuse et parfois improbables, des personnages attachants et des scènes dont l’humour hésite entre le loufoque et l’ironie amusée.
« Les Terreurs des mers », ce sont les trois membres, un peu filous, d’une fratrie qui survivent en se soutenant les uns les autres et qui se trouvent au cœur d’une course poursuite marine dangereuses entre les fleurons des plus grandes flottes de guerre de l’époque. À force d’invention, d’effronterie et d’audace, ils modifient le cours de l’histoire.
Pour cette nouvelle série, Frédéric Brrémaud retrouve Giovanni Rigano, son complice de plus de 15 ans sur des albums jeunesse comme « Daffodil », « Alix et Arsénou » ou « Fafa & Ciboulette ». Cet ancien des studios Disney, il a notamment œuvré sur « Lilo et Stich » et « Les Indestructibles », apporte son dessin cartoonesque, rond mais vif, à un récit sans temps mort.
Quand il le faut, il sait être précis. Il donne ainsi de nombreux détails dans les planches où sont représentés les navires, dans les scènes d’abordages et même dans les vues en plongée de l’arsenal de Rochefort, cher à notre collègue Didier Quella-Guyot, Rochefortais de naissance.
On retrouve l’influence disneyenne quand il exagère à bon escient les expressions de ses personnages et sait nous amuser des mimiques des animaux, chats et même vaches.
Nous vous recommandons le premier volume de cette série maritime qui sait prendre appui sur l’histoire : la présence du premier capitaine de l’Hermione Louis-René-Madeleine de Latouche-Trèville, cette belle frégate elle-même, reconstruite à l’identique à partir de 1997 dans une forme de radoub de l’arsenal rochefortais et en toile de fond la rivalité ancestrale entre marines française et britannique, pour mieux développer une histoire fictionnelle aux rebondissements inattendus et l’humour sympathique.
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Les Terreurs des mers T1 : L’Hermione à la rescousse ! » par Giovanni Rigano et Frédéric Brrémaud
Éditions Vents d’Ouest (11,50 €) – ISBN : 978-2-7493-0882-1