Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Pratt n’est pas mort !
L’incontestable plaisir en lisant les albums de Lele Vianello, c’est de voir avec quel bonheur cet auteur, depuis sa collaboration avec le maitre vénitien, s’est emparé de son style, de ses codes et de ses thèmes, développant titre après titre des récits voyageurs et picaresques. « Sertao » n’échappe pas à la règle : il suffit d’un lieu, ici cette région pauvre du nord-est du Brésil, et nous voilà chez les célèbres et redoutés Cangaceiros…
En 1937, dans la région d’Algoas, un certain Rédempteur joue les prophètes et les Robin des bois contre les grands propriétaires terriens. S’il tient la dragée haute auprès des siens, il craint plus que tout la désobéissance ou la désertion de ses fidèles. Il suffit de peu pour être trahi dans ce monde de bandits, souvent plus mercenaires que justiciers, prêts à tout pour survivre, d’un homme par exemple qui semble tenu par la peur, un paysan un peu simple d’esprit, enfin le croit-on, qui a en plus, le bougre !, une très jolie femme…
Alors dès qu’il est question de capturer le rebelle caché au fin fond du Sertao et de s’accaparer son or supposé, il y a des policiers qui se bougent enfin les fesses. C’est le cas du Capitaine da Silva, un homme méprisant, sûr de lui, qui ferait tout pour s’offrir les plus belles femmes, même celle d’un pauvre paysan. Mais dans ce petit monde, il y a manipulateur et manipulateur et qui l’est le plus, au final ? C’est tout l’enjeu de ce récit d’aventures, d’affrontements un peu sauvages et de femmes fatales.
Toujours est-il que le Rédempteur, ce « saint », ce « bienfaiteur » vénéré par les paysans, adoré par son épouse également combattante, lui qui justifie sa mission par un passé familial plein d’humiliations, le Rédempteur est proche de sa chute quand d’autres vont connaitre la rédemption (sociale).
Onze albums de Vianello sont disponibles aux éditions Mosquito, onze destinations. Comme nous le disions déjà à propos de « Lunes vénitiennes », en juin dernier (cf. notre chronique), Vianello aime plus que tout promener ses personnages de par le monde. Les titres de ses albums le prouvent sans difficulté : « Cubana », Argentina », « Adriatica », « Grand Nord », « Une île lointaine », « J’ai rencontré Marco Polo » ou « Le Fanfaron »… Alors, laissez-vous tenter !
Didier QUELLA-GUYOTÂ ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Sertao » par Lele Vianello
Éditions Mosquito (15 €) – EAN : 9782352839019
D’accord mais vous auriez pu rappeler que sur le même sujet des Cangaceiros, Pratt avait livré (seul ou en studio?) L’Homme du Sertão (La Macumba du Gringo), première édition en 1978 chez Dargaud.
A lire en écoutant la chanson « sertao » de Bernard Lavilliers. Ambiance garantie!