Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Le Lombard se recentre sur les séries dites classiques…
Sous l’intitulé « Lire c’est grandir », le célèbre éditeur belge de l’avenue P. H. Spaak à Bruxelles a dévoilé ses nouveautés déconfinées de juin et de juillet 2020 ! Force est de constater que l’accent est mis sur la bande dessinée traditionnelle, car même les nouvelles séries annoncées ont des allures de futurs classiques : que ça soit « Les Omniscients », « Le Convoyeur » ou « Babylone » !
Contrairement à beaucoup d’autres éditeurs du même acabit qui ont préféré miser sur la diversification de leur catalogue, Le Lombard semble rester fidèle à un certain classicisme : respectant ainsi la lignée de la politique éditoriale initiée par son créateur, Raymond Leblanc, lequel lança officiellement cette entreprise, en septembre 1946, pour assurer la diffusion et la vente du journal Tintin.
Même si Le Lombard, qui évolue au sein du groupe Média-Participations, a sérieusement limité ces derniers temps son nombre de productions pour ne pas trop envahir le marché (un exemple à suivre !), cette structure avait pourtant quelque peu flirté ces dernières années avec une tendance plus contemporaine, en proposant quelques romans graphiques de qualité signés par des auteurs aux traits moins classiques comme Judith Vanistendael, Daniel Casanave ou Amazing Améziane.
Toutefois, il semblerait qu’en cette reprise d’après confinement, ces éditions dirigées aujourd’hui par Gauthier Van Meerbeeck, mettent plutôt à l’honneur leurs séries habituelles, tout en en créant de nouvelles qui ne déméritent pas d’un ensemble logique où alternent l’aventure et l’humour destinés à tous les publics.
Ainsi, retrouverons-nous avec plaisir les nouveaux opus des « Schtroumpfs » (reprise, avec talent et respect, de l’œuvre originelle de Peyo par Miguel Diaz au dessin, Alain Jost et Thierry Culliford au scénario pour ce volume 38 intitulé « Les Schtroumpfs et le vol des cigognes » qui est annoncé pour le 12 juin), de « Sisco » par Thomas Legrain et Benec (« Belgian Rhapsody » : tome 11 prévu pour le 12 juin également), de « Léonard » toujours dessiné par Turk, mais scénarisé désormais par Zidrou depuis 2016 avec le tome 46 (et nous en sommes déjà au 51e, « Génie du crime », prévu le 19 juin), d’« I.R.$ » de Bernard Vrancken et Stephen Desberg (« La Chute des anges » : volume 21, en librairies le 26 juin) et de « Klaw » par Joël Jurion et Antoine Ozanam (déjà le 12e tome, « Phénix », prévu aussi pour le 26 juin).
En juillet, le 10 exactement, nous pourrons aussi découvrir le tome 2 du « Monde selon Kev » par le Studio Minte et Chico (« La Frisée de l’école »), le 3 d’« Irons » par Luc Brahy et Tristan Roulot (« Les Disparus d’Ujung Batu ») et le 2, après une longue absence, de « Centaures ».
À noter que le dessinateur Éric Loutte s’y fait relayer par André Le Bras et Gilles Laplagne : le scénario étant toujours d’Emmanuel Herzet (« Cri de guerre »).
En ce qui concerne les nouvelles créations, outre « Le Convoyeur » — un étonnant scénario post-apocalyptique de Tristan Roulot illustré avec talent par Dimitri Armand dont vous parlera plus longuement notre collaborateur Philippe Tomblaine lors de sa sortie le 26 juin —, mettons l’accent sur le premier tome de la très intéressante série « Les Omniscients » annoncé pour le 12 juin.
Il s’agit d’une palpitante série basée sur les concepts d’omniscience et d’apprentissage : à New York, cinq adolescents se réveillent, du jour au lendemain, en découvrant qu’ils possèdent la totalité du savoir connu par l’humanité.
Les jeunes prodiges sont immédiatement mis à l’abri du monde par le FBI, mais une organisation gouvernementale secrète est décidée à les capturer.
Le scénario de Vincent Dugomier (bien connu pour ses forts justement réputés « Enfants de la Résistance »), parfaitement bien construit, comporte sa part de mystère et de suspense.
 Quant au dessin de l’Italienne Renata Castellani, qui a déjà travaillé pour Panini Comics et l’hebdomadaire Topolino (l’équivalent transalpin du Journal de Mickey), il est tout à fait adapté à cette série, dans la lignée de « Seuls » ou de « Big Hero 6 », qui vise principalement le public des 8-12 ans, mais où les plus vieux prendront aussi beaucoup de plaisir à la lecture.Enfin, « Babylone » est un nouveau thriller, rempli d’action et de rebondissements, conçu par le regretté scénariste, historien et homme de bien, qu’était Frank Giroud.
Bien que malade, le créateur du « Décalogue » et de « Louis La Guigne » continuait de travailler sur divers projets de bandes dessinées, comme cette série écrite en collaboration avec son ami Laurent Galandon et dessinée par Philippe Nicloux.
Pour mémoire, les deux talentueux scénaristes avaient déjà signé, ensemble, le triptyque « L’Avocat » (1), chez le même éditeur.
Dans « La Traque », le premier tome de « Babylone », Max Ferlane se retrouve esseulé dans la jungle hostile du Congo et poursuivi par toute une armée. Il doit exfiltrer un dictateur sanguinaire : une mission à laquelle il ne voulait pas participer, mais les enjeux financiers sont importants.
Voilà qui est vraiment prometteur et devrait permettre à cette vénérable maison d’édition de résister et de s’adapter aux conditions drastiques de reprise après le confinement.
D’autant plus que les responsables ont également maintenu, pour septembre, la programmation de nouveautés importantes;
À l’exemple de la quatrième bande dessinée au long cours issue de la collaboration entre François Boucq et l’écrivain Jerome Charyn (« New York Cannibals »), la nouvelle série signée par Lewis Trondheim et Franck Biancarelli (« Karmela Krimm »), ou encore « Tanz » : le très beau premier ouvrage de Maurane Mazars, la jeune lauréate du Prix Raymond Leblanc 2018 !Â
Gilles RATIERÂ Â
(1)  Pour en savoir plus sur « L’Avocat », cliquez ici « L’Avocat T1 : Jeux de loi » par Frédéric Volante, Laurent Galandon et Frank Giroud.