N’hésitez pas à revenir régulièrement sur cet article, puisque nous l’alimenterons, jour après jour, avec tout que nous envoient nos amis dessinateurs, scénaristes, coloristes, libraires, organisateurs de festivals et éditeurs pour vous souhaiter de joyeuses fêtes : et ceci jusqu’à la fin du mois de janvier 2024 !
Lire la suite...Akata : le numérique, chapitre par chapitre !
La lecture de manga reste encore principalement cantonnée à l’achat d’un livre imprimé : un format tangible et loin d’être archaïque malgré son grand âge. Pourtant, les éditeurs de BD tentent encore de convaincre leurs lecteurs de passer au numérique. Il y a bien quelques avantages à posséder sa bibliothèque sur un iPad ou un Kindle. Avoir tous ces livres sur soi dans un appareil tenant peu de place et léger peut, en effet, sembler tentant. Néanmoins, lire sur un appareil coûteux avec un écran rétroéclairé, d’une résolution plus faible qu’un livre imprimé et difficilement lisible en plein soleil, sont de sacrés freins à la démocratisation du « tout électronique ».
Il y a quand même un domaine où le numérique ne peut rivaliser avec le papier, c’est l’immédiateté du transfert et surtout les coûts moindres pour un petit tirage. Les éditions Akata proposent, ainsi, certains de leurs nouveaux titres chapitres par chapitre, comme lors de la publication au Japon. Un bon moyen de tester le service à petit prix.
Il y a tout d’abord les publications en simulcast de séries disponibles sur papier : « Game » et « Perfect World ». En donnant de la visibilité aux chapitres en cours au Japon de manière rapide, cela permet de couper l’herbe sous le pied des pirates en herbes qui scannent et traduisent, souvent mal, certaines séries japonaises non disponibles en France. Mais il y a également la possibilité de bénéficier de titres inédits que l’on ne pourrait jamais publier en manga, car trop courts : comme « La Couleur de ta peau » de Mai Nishitaka, l’autrice de « Game », qui ne fait que 27 pages. Pourtant, cette romance sur fond de sport aquatique mérite d’être lue par les fans.
D’un autre côté, le numérique permet également aux éditeurs de tester certains titres un peu moins vendeurs et peut être de les imprimer plus tard, s’ils estiment que la demande existe. C’est le cas de deux titres qui sortiront respectivement en mars et en mai 2020 sous forme papier : « Running Girl » et « Our Colorful Days ».
« Running Girl » est l’aventure extraordinaire d’une jeune fille unijambiste qui décide de se donner à fond dans un sport qu’elle pensait inaccessible : la course à pied. Son rêve : participer aux jeux paralympiques de Tokyo.
« Our Colorful Days » est un manga gay où un jeune homme découvre son attirance pour les hommes, alors que sa camarade d’enfance est clairement amoureuse de lui. Un superbe récit, toujours en cours par Gengoroh Tagame, déjà connu des amateurs du genre pour sa série « Le Mari de mon frère ».
Deux romances continuent d’être publiées chapitre après chapitre en numérique, tout en n’étant pas encore annoncé en version papier : « Switch Me On » et « Back to You ».
Dans « Switch Me On », le lecteur suit les doutes de Koyori qui vient de se réveiller dans un lit inconnu à côté de son ami d’enfance. Elle a atterri ici après une soirée un peu arrosée où elle a avoué à ce confident de toujours que son copain la trompait. Elle sent qu’elle a peut-être fait une terrible erreur, mais elle veut surtout ne pas briser son amitié avec Hijiri.
Dans « Back To You », Sayako vit avec son copain Naohiko dans un petit appartement. Elle s’ennuie, son couple n’est plus le même depuis quelque temps : elle sent que cela devient routinier et manque d’entrain. Alors qu’elle se balade en ville, elle prend un escalier qui la mène dans le passé, directement face au stade où s’entraînait son copain. Dans ce monde parallèle, elle ne semble pas exister et est restée plus âgée. Une nouvelle romance va débuter entre ce jeune double du passé qu’il va falloir reconquérir.
Pour leur dernier titre publié en numérique, les éditions Akata ont encore une fois innové, car il est disponible en français et en anglais : « Mes yeux rivés sur toi » deviennent donc « Staring at Your Back ». Dans la même veine que les mangas de Gengoroh Tagame, cette histoire courte de Kuro Nohara est extrêmement touchante.
Encore une fois, il est possible de parler de sentiments entre hommes sans tomber dans la grivoiserie de bas étage.
C’est le milieu de l’année et un nouvel élève débarque avec une sordide réputation en plus. Mais pour Takeru Inomata, c’est surtout le retour de Kôtarô, son ami d’enfance. Doux et sympathique, il est bien loin de l’image qu’on lui colle. Mais ça, seule Takeru peut le voir.
Kuro Nohara est un auteur japonais né en 1971 et ayant étudié le graphisme au Pratt Institute, en plein cœur de Manhattan, à New York. Dès février 1996, il intègre l’équipe du magazine gay Barazoku, jusqu’à sa disparition en 2004. C’était le plus ancien des revues gay du Japon. Commencée en 1971, elle resta disponible pendant 33 ans sans discontinuer. Quelques tentatives de reprise en 2005 et 2007 furent envisagées, mais sans succès. Fort de sa notoriété, Kuro Nohara continue sa carrière en signant des illustrations pour les revues OZ Magazine et Samurai ELO, ou réalise des visuels promotionnels et jaquettes de CD pour le groupe cali≠gari. Actuellement, c’est dans le magazine de mode féminin Sweet qu’il publie ses principaux travaux papier. En numérique, il poste énormément sur le site LGBT newTOKYO (https://the-new-tokyo.com). « Mes yeux rivés sur toi » est une commande de l’éditeur coréen 6699press.
Vu le tarif modique de cette publication (49 centimes), il serait dommage de s’en priver, car la version papier est prévue pour sortir plus tard. En attendant, on peut aussi espérer une édition numérique ou papier de ses séries les plus connues comme « Milk », « Gesshuku no Onisan » ou son recueil d’histoires courtes tirées du magazine Barazoku : « Time Capsule ».
Panini, Pika et Kana publient également quelques titres en simultrad, mais il n’y a que les éditions Akata pour nous faire découvrir en numérique des mangas difficilement accessibles et, surtout, qui ne seraient pas rentables sous forme de manga papier. Une initiative à suivre puisque, pour le moment, chaque mois nous réserve son lot de surprise de ce côté-là.
Gwenaël JACQUET