Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Le Canard enchaîné : Didier Convard raconte le « palmipède »…
Jusqu’à présent le nom de Didier Convard était associé à la bande dessinée classique réaliste comme dessinateur puis comme scénariste. Notre homme ne manque cependant pas d’humour et il le prouve avec cette « Incroyable Histoire du Canard enchaîné » dont la troisième édition vient de sortir aux Arènes BD. Avec plus de 500 000 exemplaires vendus à ce jour, le palmipède en patauge de bonheur…
Véritable institution depuis sa création en 1916 (après une première tentative avortée en 1915) au coeur de la Première Guerre mondiale, par Maurice Maréchal, l’hebdomadaire satirique du mercredi est connu de tous. La bande dessinée se devait d’en conter l’histoire, d’autant plus qu’il a hébergé dans ses pages nombre de dessinateurs qui ont oeuvré en ce domaine, César, Ferjac, Grum, Moisan, Cabu, Pétillon… et aujourd’hui Bouzard, Arenaga, Dutreix, Lindingre, Lefred-Thouron… Didier Convard, fin lecteur du volatile de papier depuis des lustres, s’est associé au dessinateur Pascal Magnat pour se lancer dans cette entreprise qui couvre plus de cent ans d’histoire (de France).
Cent années qui ont vu passer trois Républiques, 15 Présidents et bien plus d’affaires sordides que le canard a révélé avec cet humour gaulois bien à lui qui vous détruit les réputations. Avec pour guide le fameux « canard », mascotte du journal depuis toujours, Didier Convard et Pascal Magnat remontent le temps et comme au spectacle ouvrent le rideau rouge. Les textes truculents que ne démentiraient pas les épistoliers du journal sont précis, documentés et témoignent d’une sérieuse enquête au sein de sa rédaction. Les dessins drôles mais néanmoins travaillés jusqu’au moindre détail redonnent vie à tous les journalistes et dessinateurs qui s’y sont succédés tout en mettant en scène les politiques qui ont involontairement contribué au succès de cette aventure éditoriale hors norme. À savourer non seulement comme l’histoire d’un journal mais aussi comme l’histoire publique et politique de la France.
Après les éditions de 2016 et 2018, c’est une troisième édition de 240 pages au format 210 x 285 cm qui nous est proposée avec un cahier complémentaire de 32 pages inédites qui reviennent sur les deux premières années tumultueuses de la macronie. Et croyez-moi ce n’est pas triste ! Le cadeau de Noël par excellence pour les lecteurs du Canard enchaîné.
Né en 1950, Didier Convard débute dans les magazines de la presse catholique avant de proposer ses propres histoires aux éditions Glénat (« Les Héritiers du soleil ») et Dargaud (« Chat »). Scénariste, il écrit « Neige », « Le Triangle secret » vendu à plus d’un million d’exemplaires. Ancien élève de l’École supérieure des arts appliqués Duperré, Pascal Magnat publie son premier ouvrage, « Mad in China » en 2013 aux éditions Glénat. À partir de 2015 il dessine le diptyque « L’Empire : une histoire politique du christianisme » écrite par Olivier Bobineau aux Arènes BD.
Henri FILIPPINI
« L’incroyable Histoire du Canard enchaîné » par Pascal Magnat et Didier Convard
Les Arènes BD (22,90 €) – ISBN : 9978 2 7112 0199 0