« Mattéo », cinquième époque » : Adieu l’Espagne…

Voici plus de dix ans déjà que Jean-Pierre Gibrat s’est lancé dans l’évocation de la vie de Mattéo, jeune homme révolté, puis adulte au destin contrarié par les turbulences de la grande Histoire. Après la guerre de 1914, la Révolution russe puis le Front populaire, Mattéo participe aux heures chaudes de la guerre d’Espagne. Cinquième et avant-dernier épisode d’une errance tumultueuse magnifié par un dessinateur toujours plus fascinant.

Octobre 1936. Après deux années de guerre civile, l’hiver s’installe lentement sur Alcerita, village fortifié tourné vers la vallée d’Alcarras que les troupes phalangistes occupent. Mattéo, qui commande un groupe de républicains a réussi a négocier la libération d’Amélie prisonnière des franquistes en échange du curé du village qui finira sous une balle tirée par sa compagne russe Aneschka. Lorsqu’il ne surveille pas la vallée depuis la grange de Miguel, Mattéo loge chez don Figueras, le dignitaire du village, riche propriétaire aux convictions nationalistes, réduit à se déplacer dans un fauteuil roulant. Les deux hommes que tout sépare finissent par s’apprécier et plus encore le jour où un compagnon de combat fait d’étonnantes révélations à notre héros.

1939. La guerre se rapproche du village cerné par les troupes phalangistes de plus en plus menaçantes. Mattéo désemparé voit ses amis tomber sous les balles fascistes, Aneschka mourir dans ses bras, Amélie disparaître dans la tourmente. C’est à bord de la barque de son père qu’il abandonne Barcelone, vaincu et impuissant, direction Collioure et la France… Élevé pauvrement par sa mère, fils d’un anarchiste espagnol disparu, il espère y retrouver Juliette, riche héritière des Brignac, mère de l’enfant né de leur amour impossible.

Cinquième et avant dernière époque de ce récit exaltant où se mêlent l’Histoire et le romanesque, l’odeur du sang et la chaleur des passions exacerbées. Un scénario conventionnel à cent lieues des excès du roman graphique, écrit avec classicisme, ce qui n’enlève rien au plaisir de lecture, bien au contraire. Un scénario sur mesure écrit par le scénariste Jean-Pierre Gibrat qui offre de beaux morceaux de bravoure au dessinateur Jean-Pierre Gibrat. L’Espagne est sublimée par ses images aux décors superbes, ce qui ne l’empêche pas de proposer une somptueuse galerie de personnages aux trognes inoubliables. Et, Dieu que ses filles sont belles ! 64 pages aux couleurs sublimes pour le plaisir des yeux.

Né à Paris en 1954, Jean-Pierre Gibrat publie ses premières histoires dans Pilote où il débute avec Jacky Berroyer signant « Goudard » en 1978, suivi de « La Parisienne » dans Charlie Mensuel. Après avoir dessiné la piquante « Pinocchia » dans L’Écho des savanes, il publie « Marée basse » avec Pecqueur chez Dargaud. Ce sont les publications du « Sursis » en 1998 puis du « Vol du Corbeau » en 2002 dans la collection Aire Libre des éditions Dupuis qui lui permettent d’entrer dans le club très fermé des auteurs qui multiplient les performances sur le marché des ventes d’originaux.

Henri FILIPPINI

« Mattéo T5 : Cinquième époque (septembre 1936/janvier 1939) » par Jean-Pierre Gibrat

Éditions Futuropolis (17 €) – ISBN : 978 2 7548 0746 3

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Une réponse à « Mattéo », cinquième époque » : Adieu l’Espagne…

  1. Vieux Crouton dit :

    houlà ! une fin d’année de qualité et apparement c’est pas fini.

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