On vous a déjà dit tout le bien que l’on pensait de la saga ébouriffante, délirante et jubilatoire « The Kong Crew » d’Éric Hérenguel… (1) Or, voilà que les éditions Caurette sortent une très belle intégrale de luxe de la trilogie (224 pages, dans sa version originale en noir et blanc grisé et en français) : une incroyable épopée hommage aux comics, aux pulps et aux vieux films fantastiques des fifties ! Ceci alors que le tome 3, cartonné et en couleurs, vient aussi à peine de paraître chez Ankama… La totale en noir et blanc ou les trois volumes en couleurs, vous avez donc le choix ! L’essentiel étant de ne pas passer à côté de ces aventures follement drôles, débridées et imaginatives, sous couvert de fable épique et écologique !
Lire la suite...Vestron : le label canon de chez Wetta !
Un nouveau label, quelques premiers titres accrocheurs…il n’en fallait guère plus pour remettre les éditions Wetta sous le feu des projecteurs. Ne résistez pas à la dernière tentation !
Quinze ans ! bientôt quinze ans que Fred Wetta s’échine à proposer des titres underground de comics issus de licences cinématographiques. « Aliens », « Tarzan », « Predator », « Terminator », « Robocop »… tout cela avec des hauts et des bas, dans des formats hétéroclites et des éditions souvent très limitées.. Cependant, malgré le succès d’estime et une reconnaissance des fidèles lecteurs, on sentait bien que la chose peinait à décoller. Cet été, tout cela a cependant pris une nouvelle tournure, avec la création du label Vestron : format comics, dos carré collé, couverture et papier glacé. Comme si cette simple idée avait suffit à changer la donne. Non, car si l’habillage et la maquette sont très séduisant, la politique éditoriale est aussi là, avec des titres accrocheurs, écrits par une ribambelle d’auteurs parmi les plus doués de leur génération. Petite visite des titres Vestron avec trois sorties récentes, et avant l’invasion de la fin d’année.
Collection Brian Wood : une des premières choses qui m’a attiré sur ce nouveau label, ce sont les noms de Brian Wood et de Gabriel Hardman. Pensez donc, deux des auteurs modernes alternatifs les plus intéressants du moment.
Concernant Gabriel Hardman, on a déjà pu mettre en avant son travail à l’occasion de la série « Invisible Republic » éditée chez Hi Comics, tout comme son « Aliens Cendres ». Pour Brian Wood, nous goûtons ici à son adaptation du scénario du « Terminator » original.
New York en 1984 : ce n’est pas un Terminator qui est envoyé pour tuer Sarah Connor, à Los Angeles, mais deux, l’autre étant chargé de Lucy Castro, policière de son état, qui va, on l’apprendra par la bouche du robot, avoir une fille qui fera partie de la résistance avec Connor dans le futur .
Une occasion de coller à l’actualité du sixième film de la licence (« Terminator Dark Fate »). Le fait est que ce scénario n’apporte pas grand chose au film original, mais ce nouveau comics a au moins le mérite de proposer, pour toutes celles et ceux que la licence fait encore un peu rêver, une alternative non dénuée d’intérêt, car suffisamment dynamique et bénéficiant d’un dessin particulièrement agréable. Jeff Stoquely dont on a déjà eu l’occasion de dire du bien à l’occasion de la parution de son « Beffroi » chez Akiléos en 2017, propose un style indépendant, aux couleurs douces, séduisant immédiatement, et fait largement 70 % de l’intérêt de ce deuxième petit album de science-fiction, d’une mini série de quatre comics. La couverture est réalisée par Grzergorz Domaradzki, et est présentée en fin de volume avec celles de Robert Sammelin. Une petite douceur simple, parue le 26 septembre 2019. « Robocop : Citizens Arrest » regroupe les cinq comics paru en 2018 chez Boom Studios. Le titre laisse cette-fois la place aux dessins de Jorge Coelho, plus numériques, mais néanmoins accrocheurs. Ce dessinateur portugais a été remarqué sur de nombreuse licences Marvel en France (« Loki », « Venom », « Les Gardiens de la galaxie »…) et propose donc ici son premier travail « alternatif ». Il y a un je ne sais quoi de John Romita Jr dans ces planches de « Robocop », colorisées par Doug Garbark. Pour le scénario, et à l’inverse du « Terminator », on a je pense ici, l’un des meilleurs scénarii liés à la licence qu’il puisse exister.
Nous sommes cinq ans après que OCP : l’Omni Cartel des Produits, une société très puissante travaillant dans l’électronique de pointe et l’intelligence artificielle, a forcé la mairie à privatiser la police, finissant par mettre au rebus l’ancien Robocop Alex Murphy. Leo Reza, jeune diplômé de l’école de police, fait les frais de cette nouvelle politique, avec des centaines d’autres agents municipaux. Sur la côte, où il habite avec sa femme et leur bébé tout juste né, Léo va cependant faire la rencontre de l’ex agent Robocop, caché dans une maison de son quartier, abandonné de tous, et surtout déconnecté par OCP. L’occasion pour ce dernier de regagner sa dignité, et surtout son autonomie.
Brian Wood réussi là un pari : redonner de la verve à une licence qui avait déjà fait ses preuves au cinéma, mais qui, en tous cas sous format comics, n’avait pas encore vraiment marqué le marché (1). 128 pages, dont 12 des couvertures alternatives, par Nimit Malavia, David Rubin, Pius Bak, Jim Towe et Hal Laren. Recommandé.
Une tentation alléchante : en 1994, Alice Cooper, célèbre chanteur de hard rock à tendance gotique sortait son album « The Last Temptation ». Une édition collector proposait un coffret accompagné d’un comicbook, scénarisé par Neil Gaiman et dessiné par Michael Zulli. Autant dire qu’à part les amateurs du chanteur, peu ont du mettre un œil à cette œuvre dessinée, pourtant à la hauteur du talent de son scénariste renommé.
L’année dernière, Wetta Sunnyside a proposé une nouvelle édition française de cette bande dessinée, (après celle de chez Bulle Dog en 2002), néanmoins, quelques coquilles entachaient cette édition réalisée un peu trop vite sans doute.
L’erreur est corrigée, Fred nous assure, et cette nouvelle édition, sous le label Vestron, devrait permettre à un plus large public de découvrir ce superbe conte aux planches magnifiquement horrifiques.
Autant le dire tout de suite : « The Last Temptation » ne doit pas être manqué. Ayant connu une histoire un peu compliquée, ce titre, pourtant très intéressant, scénaristiquement et graphiquement, mérite l’attention des lecteurs amateurs de fantastique, d’horreur, et plus généralement de gothique. Je ne parle même pas des aficionados du grand auteur qu’est Neil Gaiman, et qui se devront de compléter leur collection. Bonus : cinq couvertures de Dave Mc Kean.
Franck GUIGUE
(1) On notera cependant les titres « Robocop Delta City » (un tome par Frank Miller et Juan José Ryp, chez Albin Michel en 2005) et « Robocop Last Stand » (deux tomes ; adaptation par Frank Miller du troisième film jamais tourné, dessinés par Öztekin, Korkut en 2014 chez Wetta Sunnyside), qui valent le détour.
« Terminator Sector War » par Jeff Stoquely et Brian Wood
Éditions Vestron (14,95€) – ISBN : 979-10-95656-10-4
« Robocop : Citizens Arrest » par Jorge Coelho et Brian Wood
Éditions Vestron (16,95€) – ISBN : 979-10-95656-19-7
« The Last Temptation (La Dernière Tentation) » par Michael Zulli, Alice Cooper et Neil Gaiman
Éditions Vestron (16.95€) – ISBN : 979-10-95656-12-8