Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...Ferri et Conrad ont trouvé une nouvelle cheffe de fille pour les 60 ans d’Astérix !
Astérix est un monument de l’édition francophone, et plus encore en cette année 2019 qui marque d’un obélisque blanc les soixante ans de la création du héros par Goscinny et Uderzo ! Pour leur quatrième réalisation après « Astérix chez les Pictes » (2013), « Le Papyrus de César » (2015) et « Astérix et la Transitalique » (2017), Jean-Yves Ferri et Didier Conrad (interviewés en fin d’article) accompagnent en conséquence avec « La Fille de Vercingétorix » (le 24 octobre) un univers foisonnant, qui ne cesse de s’enrichir d’hommages ou de nouveautés, comme en témoigne encore la création d’une série d’animation télévisuelle centrée autour d’Idéfix. Pour ce nouvel opus, 38e tome de la saga traduit en 15 langues et imprimé en 5 millions d’exemplaires, nos fiers héros vont devoir protéger la fille du célèbre chef gaulois Vercingétorix, le vaincu d’Alésia. Parions que cette adolescente, traquée par les Romains, risque bien de provoquer quelques bouleversements intergénérationnels dans le village des irréductibles…
Comme nous l’avions décrit dans nos précédents dossiers (voir ceux consacrés aux tomes 35, 36 et 37), c’est une machinerie promotionnelle digne des blockbusters hollywoodiens qui se met traditionnellement en place lors de la parution d’un nouvel « Astérix », et ce plusieurs semaines en amont. C’est ainsi que, dès le 5 janvier 2019, la date de sortie du 38e opus était donnée, accompagnée d’une première case sous forme de storyboard. Dans celle-ci, les arrivants s’expriment avec des « ch » parodiques, caractéristiques du phrasé arverne, à l’instar du personnage d’Alambix, croisé par Astérix et Obélix dans l’album « Le Bouclier arverne ». Les lecteurs les plus malins purent en conséquence anticiper l’un des éléments-clés du scénario, à savoir le lien tissé entre le peuple des Arvernes (anciens Auvergnats) et la mémoire combattante de la Gaule face à la conquête romaine, en 52 avant J.-C. Préservant la fameuse alternance entre une épopée hors des frontières gauloises et une aventure se déroulant dans – ou aux abords – du village, l’intrigue probable se focaliserait en outre sur les rapports entre personnages récurrents et nouveaux (ou nouvelle…) protagonistes. L’on établira ici un indispensable parallèle avec le personnage de Vercingétorix, roi des Arvernes né vers – 80 à Gergovie ou à Corent (oppidum antique dans l’actuel Puy-de-Dôme) ; ce dernier, présent dès les origines de la série dans une case mémorable d’« Astérix le Gaulois » (album publié en juillet 1961 par Dargaud… à 6 000 exemplaires), avait également fournit à René Goscinny une nouvelle base scénaristique (et semi-uchronique) lors de la gestation d’ « Astérix T11 : Le Bouclier arverne » en 1967 (voir notre article). Sans être explicite dès janvier 2019, l’évocation de Vercingétorix dans le futur album pouvait par ailleurs se deviner en creux dans la planche promotionnelle exclusive dessinée par Didier Conrad…
Le 10 avril 2019 fut ensuite la date de la révélation du titre « La Fille de Vercingétorix », accompagnée de quelques remarques et visuels humoristiques signés par Ferri et Conrad : « À ce que l’on sait, c’est une ado en révolte. Normal, c’est pas facile tous les jours de s’appeler Vercingétorix ! » Et que dire de cette couverture d’un faux Lutèce Match (sic), censée dévoiler des informations confidentielles ? « Nous avons pas mal enquêté sur elle pour l’album : son apparence, son nom, son caractère… Comme vous savez, Vercingétorix était très discret sur sa vie privée, et les sources historiques sont rares. Mais, vous verrez, nous avons réussi à collecter de nombreux scoops ! » En août, afin d’éviter le trop-plein du dévoilement des cases ou des moments-clés liés à ce futur album, éditeurs et auteurs optèrent judicieusement pour une série d’articles concernant les coulisses de la création, accompagnée par six strips inédits (intitulés « Mystère au village ») dévoilant les réactions des habitants du village à l’arrivée d’une invitée de marque : la fille du grand chef Vercingétorix. Le lundi 14 octobre, enfin, les éditions Hachette dévoilaient les dernières informations concernant l’album, dont les visuels de l’édition classique et des versions alternatives (luxe, artbook et étrangères).
Dessinée telle une grande adolescente à la natte rousse et au cou ceint d’un torque en or, la « Fille de Vercingétorix » fera – nous dit-on – « la rencontre de ceux qui deviendront ses meilleurs alliés en Gaule, à savoir Blinix, frère aîné de Surimix et fils du poissonnier Ordralfabétix, et Selfix, fils du forgeron Cétautomatix, tous deux de retour de leurs études à Condate ». Sur le visuel, qui fait immanquablement référence (par sa triple monstration de l’adolescence, du rivage breton et d’un danger imminent) à celui d’ « Astérix chez les Normands » (T9 paru en 1966), la nouvelle héroïne gauloise semble illustrée entre air farouche et tumultueux sentiment de liberté : ces deux sentiments sembleront ici symbolisés par les vagues et le vol des oiseaux marins, mais aussi par les positions respectivement adoptées par Obélix et Astérix. À l’évidence, la déviation généalogique introduite par ce scénario uchronique n’est pas sans rappeler d’autres tentatives du même genre, dont ce fils de Vercingétorix apparaissant en 1985 dans le 18e volume de la saga « Alix » (Jacques Martin). Rappelons que ce rapport à l’Histoire connue est néanmoins consubstantiel au thème – parodique et référentiel – du village des irréductibles : capable de résister seul face à l’envahisseur ad vitam eternam, mais sans troubler outre mesure une ligne historique paradoxalement figée, où les personnages semblent cependant grandir et vieillir… ce que vient précisément nous rappeler le canevas du présent album (voir également la trame de « Le Fils d’Astérix » en 1983 et le récit de la naissance d’Astérix et Obélix, paru en 1994) !
Transformé en nouveau héros populaire du roman national français au XIXe siècle sous une Troisième République exaltant le patriotisme anti-prussien, Vercingétorix était en réalité sans descendance connue. Prisonnier en – 52, le vaincu d’Alésia bénéficiait toutefois de l’admiration de Jules César qui ne l’élimina pas suite à son triomphe et lui attribua un régime de semi-liberté : l’ancien chef gaulois fut néanmoins exécuté vers – 46 dans les sombres prisons romaines du Tullianum, à l’initiative du Sénat… et contre la volonté de César. Nous l’avons précisé, de nombreux volumes d’ « Astérix » signés de Goscinny et Uderzo font référence à ce Vercingétorix moustachu, jetant dès « Astérix le Gaulois » (1959) ses armes non pas « aux pieds » mais sur les pieds de César, dans une savoureuse parodie du tableau de Lionel Royer (1899). Rebelote subversive dans « Le Bouclier arverne » en 1968, où le digne et impassible chef gaulois apparaît en miroir inflexible, face au ridicule d’un César sautillant en tenant ses membres endoloris. Le bouclier, arme défensive par excellence, devenu l’emblème logique du bien-fondé de la résistance gauloise, pouvait constituer dès lors le MacGuffin de cette aventure. Avançant un pas plus loin, Ferri et Conrad rappellent à leur tour une autre image de Vercingétorix : celle du véritable vaincu, apparaissant soumis dans une case du « Domaine des Dieux » en 1971, selon une scène rapportée à ses conseillers par César sur un mode proche de ses « Commentaires sur la Guerre des Gaules ».
Avant de céder la parole aux auteurs, achevons cet article par un petit tour d’horizon des nouveautés liées à l’anniversaire des soixante ans d’Astérix : outre l’imposant « Le Roman des Goscinny » (voir l’article de Gilles Ratier), les lecteurs pourront se procurer « Générations Astérix » (25 €, 160 pages), album où de nombreux auteurs internationaux (Vivès, Manara, Guibert, Meyer, Delisle, Adlard, etc.) rendent hommage au maître. En kiosque, trois hors-séries sont à signaler : « En Bretagne avec Astérix » (Ouest-France, 128 p., 8,90 €), « Astérix, les 60 secrets d’une star très française » (Ça m’intéresse, 5,95 €) et « Astérix et la véritable histoire de la Guerre des Gaules » (Historia, 7,90 €). D’autres passionnés suivront le dévoilement des premières images de la future série animée (52 épisodes de 11 minutes 30) produite par France Télévision pour 2020 : Idéfix, transformé en irréductible animal lutécien (ou lutéchien !) résiste avec ses amis aux troupes du général Labiénus, bien avant que ce vaillant petit chien ne rencontre (lors du « Tour de Gaule » en 1963) certains Gaulois… Présent en kiosque, à la télévision, au cinéma, mais aussi dans le métro (avec 12 stations parisiennes redécorées par la RATP) et du côté des monnaies de Paris (voir le site https://www.monnaiedeparis.fr/fr/boutique/60-ans-d-asterix), avouons qu’il sera difficile de rater le lancement phare du nouvel album ! Laissons désormais et comme convenu les mots de la fin à Didier Conrad et à Jean-Yves Ferri…
L’album « Générations Astérix », paru en août 2019, rend hommage au génie d’Uderzo et de Goscinny : quel est votre regard sur ce type de productions, qui vient aussi poser en creux (dans le contexte éditorial actuel), la question de potentiels albums réalisés sur un mode « Astérix vus par… » ?
Didier Conrad (D. C.) : « Dans le cas d’Astérix, ce type d’album est justifié. Astérix a soixante ans et le succès de la série est toujours là. D’autre part le livre est soigné et abordable, certains hommages sont très réussis (par exemple, celui de Jannin ou de Lewis Trondheim, entre autres). Quant à des albums sur le mode « Astérix vus par… », c’est une autre question. Dans le cas de « Spirou » et plus récemment de « Blake et Mortimer », l’éditeur est propriétaire des séries et a constaté un essoufflement de ces dernières. L’éditeur a eu intérêt dans ces cas à trouver une formule qui l’affranchit de la dépendance à un auteur, et s’est rapproché du modèle de production à l’américaine, qui permet de créer un intérêt nouveau. « Astérix » appartient à Uderzo et Anne Goscinny. Hachette a acquit les droits d’exploitation de la série pour une durée de 20 ans. Les résultats sont toujours excellents… C’est donc peu probable pour le moment. »
Dans la saga « Alix », Jacques Martin avait donné une postérité à Vercingétorix, avec un fils (tome 18, paru en 1985 chez Casterman). Avez-vous songé à cet album et, en miroir, l’idée d’une fille était-elle un peu plus dans l’air du temps ?
D. C. : « J’ignorais que Vercingétorix avait eu un fils dans « Alix ». Je me rappelle bien par contre de l’album « Le Fils de Spartacus ». L’idée d’une fille est plus intéressante parce qu’avec un nouveau personnage féminin, on peut renouveler la représentation des femmes dans « Astérix ». On sait qu’Astérix s’amuse des stéréotypes pour mieux les dénoncer, et la part émotionnelle des personnages féminins est une bonne source de gags. »
Comment est venue l’idée du présent scénario ?
D. C. : « Jean-Yves avait envie de faire un album centré sur Agecanonix qui partait à l’aventure, mais cela risquait trop d’être un album d’Astérix sans Astérix, proche d’un spin-off. Ensuite, nous avons pensé recentrer notre scénario sur l’idée de résistance et sur ce que cela représentait pour le village, qui résiste aux Romains sans jamais repasser à l’offensive. Là-dessus, Jean-Yves a réfléchi de son côté et a choisi ses idées. »
Parler de héros gaulois, de Gergovie ou d’Alésia, est-il un canevas en lien avec votre interrogation perpétuelle sur les fondements de la série, à savoir cette mixité entre patrimoine historique et fiction (ou mythe) idéaliste (« Nos ancêtres les Gaulois… ») ?
D. C. : « Lorsque nous parlons d’Astérix, nous cherchons des idées dans toutes les directions possibles. Ensuite nous voyons en quoi et comment elles peuvent être développées dans la série. Il n’y a pas de recette à proprement parler. Si nous avons choisi de faire une alternance entre récit de voyage et récit au village jusqu’à présent, c’est par volonté de réaliser cette reprise « en douceur », aussi bien pour les lecteurs que pour nous-mêmes. Mais rien n’est arrêté pour la suite… »
Une planche de présentation, une série de strips humoristiques, différents visuels publicitaires : le travail promotionnel est-il de plus en plus intensif avant la parution d’un nouvel album ?
D. C. : « La sortie d’un nouvel album d’Astérix est toujours un événement. La promotion tient une part très importante pour la vente. Déjà dans les années soixante, Françoise Sagan disait qu’un de ses livres n’avait fait que la moitié en ventes parce qu’elle n’avait pas voulu faire de promotion ; et c’était à une époque où il sortait comparativement très peu de livres. Nous consacrons un mois de présence complet pour la promotion depuis « Astérix chez les Pictes ». À la sortie des deux albums précédents, nous avions à chaque fois réalisé cinq affiches originales en guise d’accompagnement. Mais les journaux demandent toujours des images ou des visuels en exclusivité pour annoncer la parution de l’album. L’éditeur fournit en conséquence des pages intérieures de l’album, généralement des moments forts, pour augmenter l’envie de lire la nouveauté. Mais en donnant un extrait hors contexte, on déflore le plaisir de découverte d’une scène dans la continuité de l’histoire et on diminue l’impact du « moment fort » dévoilé à l’avance. Pour remédier à cela, l’idée de réaliser une série de strips originaux pour les journaux a été retenue. Et le lecteur y gagne un peu de lecture… »
Évoquer le thème de l’adolescence à l’heure des 60 ans d’Astérix est un joli clin d’œil intergénérationnel : Albert Uderzo et Anne Goscinny ont-ils été particulièrement sensibles à ce sujet, entre autres choix scénaristiques possibles ? D’autres pistes furent-elles d’ailleurs évoquées avec eux ?
D. C. : « Nous n’avons pas eu de retour précis sur ce point de leur part. Il y avait plusieurs pistes pour cet album, mais Jean-Yves ne se sentait pas à l’aise avec elles et a choisi une autre direction. »
Jean-Yves Ferri (J.-Y. F.) : « L’album n’a pas du tout été imaginé dans l’optique des 60 ans. C’est simplement la piste d’histoire que j’ai retenue « au feeling »… Concernant Albert. Uderzo et Anne Goscinny, il ne faut pas du tout imaginer une sorte de contrôle rapproché. Jusqu’à présent, les thèmes des albums ont été totalement libres et les remarques postérieures très très limitées. Le dernier ne fait pas exception. J’en ai fait lire le pitch à Conrad et à l’éditeur qui ont donné leur accord. Puis le processus de travail que nous avons rôdé depuis 4 albums s’enclenche : j’exécute un découpage sous forme de story-board que j’expédie à Conrad qui commence à dessiner. Puis ainsi de suite ; par tranches de 10 pages… »
Les (jeunes) personnages – notamment féminins – sont rares dans Astérix, outre Goudurix dans « Astérix et les Normands » (T9 en 1966), Pépé dans « Astérix en Hispanie » (T14, 1969) et Zaza dans « Le Cadeau de César » (T21, 1974) : aviez-vous l’ambition de créer un nouveau caractère qui puisse aussi être une figure juvénile récurrente dans la saga ?
D. C. : « Difficile à dire à ce stade. De mon côté, je n’y ai pas songé, dans le sens où j’essaie toujours de faire des personnages qui tiennent la distance. Leur avenir dans une série comme « Astérix » est impossible à prévoir. »
J.-Y. F. : « Là encore pas de préméditation : j’avais besoin, pour étoffer mon histoire, de personnages d’ados issus du village. J’ai donc inventé Selfix et Blinix et justifié leur absence antérieure par une pirouette en disant qu’ils étaient d’ordinaire à Condate [Rennes] pour leurs études. L’ajout de Falbala avait été justifiée par Goscinny par ce même procédé. »
Adrénaline ressemble un peu à Astérix (par son costume) et un peu à Obélix (par sa coiffure) : une intention graphique consciente ?
D. C. : « Vraiment un tout petit peu : elle a une petite épée comme Astérix et a les cheveux roux comme Obélix. Mais l’épée vient de ce qu’elle est fille de chef et la chevelure par choix esthétique, le blond prévu étant trop pâle. »
J.-Y. F. : « Non, pas de choix de coloris conditionné par les deux Gaulois. Il fallait simplement qu’Adrénaline soit bien lisible. Ma principale demande était qu’elle arbore le look « gothique » qui colle à son caractère. Pour le reste, Conrad a su lui donner un profil graphique bien conforme au style « Astérix ». »
L’idée d’une mise en scène de la « résistance féminine » a-t-elle été induite ou télescopée par l’actualité du Mouvement « Balancetonsanglier » (sic !), voire de l’engagement de nouvelles dirigeantes ? Avez-vous relu d’anciens albums comme « La Rose et le glaive » par éviter de vous répéter ?
D. C. : « À ma connaissance non, mais je ne suis pas le scénariste. Simplement, en travaillant un nouveau sujet d’ « Astérix », le souci est d’avoir un album qui tienne la distance et donc d’éviter de coller trop précisément à l’actualité du moment. Par conséquent, je ne pense pas que Jean-Yves ait été inspiré par ces événements. J’ai relu plusieurs albums d’Uderzo et Goscinny pour me remettre dans l’univers, comme je le fais à chaque fois. J’ai relu « La Rose et le Glaive », mais pour le plaisir. »
J.-Y. F. : « Un album paraît toujours dans un contexte particulier. Dans le genre, « La Transitalique » était, soi-disant, une allusion à l’Indépendance de la Catalogne. Cette fois c’est Greta Thunberg qui est dans l’actu.
Pas grave, ça ajoute une nuance imprévue au personnage. En revanche, j’avoue avoir emprunté le passage sur « les Gaulois réfractaires » au discours de Macron… »
La résistance à l’oppresseur, la féminité et la jeunesse en guise de bouclier, des inquiétudes concernant le monde futur : ces thèmes, vous l’avez dit, n’ont pas été inspirés par l’actualité du moment. Comprenez-vous néanmoins ceux qui rapprochent déjà votre « Fille de Vercingétorix » de figures récentes comme Greta Thunberg ?
D. C. : « Oui, bien sûr, d’autant que la jeune activiste a le même âge et une apparence voisine d’Adrénaline. C’est une coïncidence, l’album ayant été déjà imprimé quand Greta Thunberg a fait son apparition aux Nations Unies. »
Le visuel (qui fait penser à la couverture d’« Astérix et les Normands ») montre une scène « défensive » située en bord de mer, face à un ennemi (romain) invisible : comment ce cadre (breton…) et cette scène ont-ils été imaginés ?
J.-Y. F. : « En l’occurrence, le trio a été combiné de différentes manières pour aboutir a cette version. L’arrière-plan aussi a changé plusieurs fois. L’idée était surtout de rompre avec l’image « pub » d’Astérix et de renouer avec l’ambiance plus tendue et aventureuse de certains titres (« Le Combat des Chefs », « Astérix et les Normands », « Le Devin », etc.). »
D. C. : « Il y a eu plusieurs versions de couvertures, centrées sur le torque, opposants gaulois résistants et troupes romaines de part et d’autre d’Adrénaline.Finalement, après des essais bien trop chargés, la lumière est apparue quand Céleste Surugue, notre éditeur, nous a dit que l’on pouvait ne pas faire rire ou sourire Astérix. Le vrai sujet de l’album étant l’adolescente Adrénaline, et Astérix et Obélix se trouvant chargés de sa protection, l’image s’est imposée d’elle-même. »
Le titre lui-même a-t-il posé question, notamment pour les éditions étrangères ?
J.-Y. F. : « Vercingétorix est peu connu à l’étranger mais ça ne change pas fondamentalement la perception du titre qui est apparemment repris souvent tel quel. Sauf par les Anglais qui ont opté pour « The Chieftain’s Daughter »… « Le Torque de Vercingétorix » était mon titre de travail. Ça nous faisait deux mots compliqués au lieu d’un. On a choisi de simplifier (comprends pas : « Le Sceptre d’Ottokar » a pas trop mal marché (rires)). »
D. C. : « Le titre a suivi un peu le même chemin que la couverture. Jean-Yves était partant pour « Le Torque de Vercingétorix ». Mais, sans compter la difficulté de prononciation, il n’était pas vraiment représentatif puisque le torque, symbole de royauté, n’est pas l’enjeu de l’histoire. Finalement, « La Fille de Vercingétorix » a été retenu. »
Merci pour vos explications !
Philippe TOMBLAINE
« Astérix T38 : La Fille de Vercingétorix » par Didier Conrad Jean-Yves Ferri
Éditions Albert René (9,99 €) – ISBN : 978-2864973423
Version luxe (39 €) – ISBN : 978-2864973430
Artbook (199, 95 €) – ISBN : 978-2864973447
Bon, l’ivresse médiatique va être telle qu’on va sûrement faire une overdose… Mais en attendant, j’avoue que lire ce copieux dossier est quand même une régalade !
(Merci au passage pour l’insert de cette somptueuse 1ère case de l’album en n&b et en HD, quel plaisir de zoomer da
[sorry, fausse manip ^^]—> … « quel plaisir de zoomer » dans l’encrage virtuose et moelleux de Conrad !
Pour ce qui est de l’album, ma foi le thème et les ingrédients dévoilés sont malins et alléchants, mais je suis plus que prudent. Le simple fait d’être plutôt fan-au-préalable du duo Ferri/Conrad (pour leurs oeuvres respectives) m’avait totalement convaincu d’acheter « A. chez les pictes » les yeux fermés… que j’ai moyennement aimé, hélas. J’ai quand même acheté « Le papyrus… » qui a suivi, convaincu a priori par son postulat… avec au final une impression un peu mitigée. Phase 3 : « La Transitalique »… , lu seulement en numérique. (Dessins splendides, pourtant !).
Bref, n’ayant jusque-là pas vraiment trouvé dans leurs néo-Astérix la richesse, la consistance narrative et le bonheur humoristique que j’en espérais tant, je continue d’être titillé par tous ces amuse-gueules (graphiques, historico-ludiques, socio-anachroniques) mais cette fois j’attends vraiment d’en lire un peu plus avant de succomber… ou pas !
Merci pour ce bel article savant ; vous auriez pu aussi citer « en Hispanie », pour le caractère difficile des « fils/filles de » . Par ailleurs c’est dommage que la belle planche avec Panoramix ait disparu de l’album
Je n’ai pas oublié Astérix en Hispanie (cf. interview !). La planche promotionnelle avec Panoramix est reprise pour sa part dans l’instructif dossier complémentaire de la version luxe (39 €) de cet album.
Mêm e la RATP a célebré l’évènement:: https://www.ratp.fr/asterixdanslemetro
Ce qui est curieux,c’est que ce n’est plus du tout du Uderzo,ni dessin ni narration,on passe du « théâtre » au cinéma sans que ce soit plus efficace, au contraire.
Le remarquable et caméléon Conrad se cherche encore,sur Obélix notamment, même le design d’Adrénaline n’est pas le plus réussi, loin de ce qu’aurait fait Uderzo ou Conrad dans son propre style.
Mais bon,Uderzo n’est pas n’importe qui,même un Conrad peut s’ y casser les dents.
Le grand,l’immense,le fantastique Uderzo est fêté par ses confrères ici : https://people.bfmtv.com/actualite-people/asterix-fete-ses-60-ans-enquete-sur-le-mystere-uderzo-1794365.html
Maestro Uderzo.
Article fort instructif, merci CC!