« Guy Lebleu »… Charlier feuilletoniste !

Avant la (re)découverte prochaine des premiers « Tanguy » et « Barbe Rouge » dans leurs versions originales, les lecteurs amateurs des histoires de Jean-Michel Charlier vont pouvoir se régaler avec la publication d’une nouvelle enquête du journaliste Guy Lebleu : « La Cité secrète de la mort ». Un long récit où Maître Charlier fait preuve d’une maestria digne des grands feuilletonistes…

L’affaire des « Les Pirates de la nuit » tout juste résolue dans le numéro 286 de l’hebdomadaire Pilote, Guy Lebleu est de retour trois semaines plus tard pour une longue enquête en 90 pages qui sera découpée en trois parties, respectivement de 28, 28 et enfin 34 pages : « L’Organisation XXX », « Morts en tous genres » et « La Cité secrète de la mort ». C’est ce dernier titre qui sera retenu pour le présent album. Éditeur de la première édition sous forme d’album en noir et blanc, publié par Glénat en 1976 dans la collection BDécouverte, je confirme que c’est aussi le titre qu’avait retenu Jean-Michel Charlier à l’époque. Débutée sous son titre d’origine « Allo D/M/A » (pour « Dix Millions d’Auditeurs ») la série devient « Guy Lebleu » en cours de publication de cette trilogie, les journalistes de Radio Luxembourg, alors proche de grandes transformations, vivant mal leurs trognes en héros de BD. Qu’importe, le héros est le même, journaliste baroudeur, beau gosse et prêt à tout pour informer ses dix millions d’auditeurs.

Mauclère, journaliste de D/M/A en reportage à Caracas au Venezuela est enlevé dans son hôtel par une jeune femme, membre la redoutable organisation criminelle internationale, l’organisation XXX, à propos de laquelle il enquêtait. Guy Lebleu est envoyé sur place afin de retrouver sa trace. Avec l’aide de son confrère Christian Brincourt, il finit par se faire parachuter au coeur de la jungle où se trouve le quartier général des malfaiteurs. Un repaire souterrain construit sous une ville morte où se dissimule le laboratoire du chef de l’organisation. Après de nombreux rebondissements tous plus époustouflants les uns que les autres dont Jean-Michel Charlier avait le secret notre reporter peut rejoindre sa rédaction parisienne, non sans avoir triomphé de l’organisation XXX.

Ce récit de 90 pages publié de mai 1965 à mars 1966 est un modèle de ce que pouvait faire de mieux la bande dessinée d’après-guerre. Le grand dessinateur Raymond Poïvet (« Les Pionniers de l’Espérance ») ne ménage pas le dynamisme dans les scènes d’action imaginées par Charlier tout en proposant des décors exotiques propres à faire rêver les jeunes lecteurs de l’époque. Eh bien, aujourd’hui encore, jeune ou nostalgique, on peut rêver à la lecture de ce passionnant récit publié il y a plus d’un demi-siècle.

La présente édition bénéficie d’une nouvelle mise en couleur réalisée par le studio de Vittorio Léonardo qui peut-être fera tiquer les plus puristes des lecteurs. Mais que faire lorsqu’une partie des pages a été publiée avec une seule couleur dans Pilote ? Pas de quoi bouder cet ouvrage de la collection Fordis Patrimoine qui permet de savourer ce classique dans les meilleures conditions . Un dossier réalisé par Gilles Ratier revient sur l’émission radiophonique qui a inspiré Jean-Michel Charlier, la publication du présent épisode et dresse un bref portrait d’Antonio Parras, auteur de la superbe couverture du numéro 319 de Pilote qui est utilisée pour la Une du présent album.

Il existe une édition spéciale limitée à 99 exemplaires, accompagnée d’un ex-libris numéroté de 1 à 99 disponible chez Fordis.

Henri FILIPPINI

« Guy Lebleu T 4 : La Cité secrète de la mort » par Raymond Poïvet et Jean-Michel Charlier
Éditions Fordis (26 €) – ISBN : 979 10 95720 11 9

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3 réponses à « Guy Lebleu »… Charlier feuilletoniste !

  1. Fab dit :

    Je me souviens avoir découvert Guy Lebleu dans les années 70 dans le journal de Tintin. Mais je ne me rappelle plus s’il s’agissait d’une histoire originale ou d’une reprise d’un épisode déjà paru dans Pilote.

    • Marcel dit :

      Il y a eu Les pirates de la nuit et 15 milliards de diamants, en 1976-77, tout deux repris de Pilote, avec même les couvertures d’époque de Parras.

  2. Kroustiliyon dit :

    Magnifique réalisation, et j’attends déjà avec impatience les prochains albums de cette collection !

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