Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Bernard Swysen : Nouvelle « étoile » Dupuis…
Peu nombreux sont les lecteurs de bandes dessinées capables d’évoquer la carrière de Bernard Swysen, omniprésent dans le catalogue de cette année 2019 des éditions Dupuis. Scénariste, directeur de deux nouvelles collections, l’homme n’est pourtant pas un nouveau venu dans le monde de la bande dessinée…
Au moment où les éditions Rue de Sèvres consacrent une trilogie à Chaplin  écrite par Laurent Selsik mise en images par le très esthétisant David François (voir Chaplin, un destin sous les feux de la rampe…), les éditions Dupuis proposent elles aussi en un seul volume accessible à un large lectorat l’histoire de ce monstre sacré du cinéma. De l’enfant des quartiers pauvres de Londres à l’immense Charlot, toute la vie du prodigieux cinéaste et acteur, mais aussi de l’homme aux multiples contradictions, sont évoqués au fil des 70 pages de cet album auxquelles s’ajoute un dossier plutôt bien fait. Bien que présenté sur un ton humoristique, scénario et dessin sont fidèles à l’histoire vraie de Chaplin tant au niveau des anecdotes que des décors soignés de Bruno Bazile. Un trait classique franco belge où l’on découvre un dessinateur à la carrière trop discrète qui donne ici le meilleur de lui-même, campant un Chaplin de l’autre côté de la caméra, touchant, bouillonnant, inventif, aimant les femmes, parfois moins sympathique que ce que l’on sait de son illustre personnage. Cet ouvrage préfacé par Claude Lelouch est le premier volume de la nouvelle collection des éditions Dupuis, Les Étoiles de l’Histoire, imaginée et dirigée par Bernard Swysen, consacrée aux légendes du septième art.
Revenons au scénariste et directeur de cette collection, Bernard Swysen, qui en est à l’origine  après avoir lancé en fin d’année dernière la collection La Véritable Histoire vraie chez le même éditeur. « Caligula », « Dracula », « Hitler », « Robespierre », « Attila » et « Torquemada » ont déjà été accueillis dans cette série d’albums à la présentation élégante dont la mise en images a été confiée à une solide équipe de dessinateurs jusqu’à présent classés dans la catégorie humour, Julien Solé, Fredman, Ptitluc, Pixel Vengeur, Marco Paulo, Philippe Bercovici. Non seulement directeur de collection, Bernard Swysen en signe tous les scénarios et la rédaction des dossiers. Un travail de titan pour un auteur plutôt discret jusqu’à présent, dont les débuts remontent au milieu des années 80.
Né le 31 juillet 1964 à Bruxelles, Bernard Swysen suit les cours du soir du dessinateur Guy Brasseur à l’Académie des arts de Woluwe Saint-Lambert. Il publie son premier album en 1982, « Noisette le hamster », édité à compte d’auteur par son frère Luc, suivi d’un second en 1985. Personnage qui sera repris brièvement dans Spirou en 1992 puis dans 3 albums édités par P & T productions. Tout en proposant scénarios et dessins dans Le Soir Illustré et Pourquoi Pas ?  il apprend le métier auprès de Wally et Bom dont il est l’assistant sur « Modeste et Pompon » et « Chlorophylle ». Dans le cadre du studio Hergé il participe aux travaux publicitaires autour de Tintin, assiste Bob de Moor sur « Cori le moussaillon », Jacques Martin sur « Les Voyages d’Alix ». Également assistant de Peyo, il travaille sur les Schtroumpfs. Pour l’éditeur Claude Lefrancq de 1988 à 1997 il illustre dans un style ligne claire  huit albums adaptés par André Paul Duchâteau du « Rouletabille » de Gaston Leroux. En 2000, il crée « Albert Lombaire » aux éditions Casterman (3 albums),  chez Soleil en 2004 puis chez EP il dessine le diptyque « Toute une vie » avec Claude Lelouch, suivi de « L’Aventure c’est l’aventure » en 2010 chez Bamboo. Pour cet éditeur il anime en 2008 « Intérimaire Agency » (2 albums) et « L’heure de la rentrée » sur scénario d’Adeline Blondiau (2 albums). En 2016, pour Joker, il publie deux ouvrages d’une série de 3 dessinés par Marco Paulo, « Victor Hugo » et « Da Vinci ». Il écrit des scénarios pour 12 Bis (« Rachida au nom du père »), des énigmes pour Télé 7 jeux, collabore au magazine japonais Morning… et vient de signer le scénario des « Rescapés d’Eden » dessiné par  Siteb chez Soleil. Père de trois filles, Bernard Swysen est marié à la romancière Sophie Flamand.
Ce n’est donc pas un débutant qui débarque chez Dupuis avec ce concept simple et efficace qui consiste à raconter l’Histoire en BD, concept déjà pas mal utilisé par les autres éditeurs depuis quelques années. Sauf, qu’il le fait en utilisant un ton humoristique  tant au niveau du scénario que du dessin tout en étant respectueux et documenté avec la grande Histoire. Un concept qui convient fort bien au catalogue Dupuis « inventeur » de la bande dessinée dite franco belge. Et puis, l’éditeur de ce bon vieux « Oncle Paul » ne pouvait pas laisser la concurrence s’amuser seule avec la grande Histoire.On peut cependant se demander s’il était utile de décliner La Véritable Histoire vraie en de nouvelles collections comme cette Étoile de l’Histoire qui ne mentionne pas la parution d’un prochain volume. Peut-être un simple ballon d’essai, il faut le reconnaître plutôt réussi ?
Bonne chance monsieur Swysen !
Henri FILIPPINI
 « Charlie Chaplin » par Bruno Bazille et Bernard Swysen
Éditions Dupuis (€) – ISBN : 978 2 8001 7087 9
Bernard Swyssen, auteur des aventures de Rouletabille ( chez Lefranc ), avait réalisé l’album »Le hibou gris » aux Ed. Paul Rijperman, en 1985. Cette histoire est un péché de jeunesse de Jacques Martin, réalisée en 1946.Les films avaient disparus. Partir des magazines de l’époque était impossible. Il avait été demandé à B.Swyssen de repasser sur l’intégralité des dessins de J.Martin. Son nom n’apparaît pas dans l’album, il s’agit d’un travail alimentaire .Est-ce lui qui a assuré le coloriage? Mystère. Swyssen m’a un jour confirmé les informations. La couverture du livre est de jacques Martin – elle porte sa signature mais je suis enclin à y voir la main d’un collègue ou d’un aide.