Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...Elliott se rêve en super-héros, et si c’était vrai malgré son handicap ?
Comme beaucoup d’enfants de son âge, le petit Elliott s’imagine parfois être un super-héros aux pouvoirs impressionnants. Il ne commettrait ainsi aucune erreur et triompherai de tous les méchants ! Tout le monde le féliciterait ; de sa maman à ses camarades de classe. Une manière délicate d’échapper au quotidien subi d’une maladie génétique orpheline.
Elliott sait qu’il n’est pas un enfant comme les autres. Mais pour lui, ce n’est pas parce qu’il est handicapé mais bien parce qu’il est un super-héros quasi invulnérable. Son incroyable tenue le protège de tous les dangers : flèches, couteaux, balles et même des rayons-laser ! De quoi affronter tous les périls qu’il croise dans sa vie : problèmes de maths ou, plus rarement super-méchants. De quoi aussi s’enivrer de vitesse et des effets d’une force colossale et provoquer ainsi l’admiration de tous ; des élèves de son école et de ses parents.
La réalité est bien plus prosaïque. Le costume d’Elliott est bricolé de bric et de broc : une vieille serviette aux carreaux vichy, des chaussures de football à crampons non lacées et un jogging coton-polyester.
Et s’il s’imagine sauver la ville ou des êtres fragiles c’est tout simplement pour s’échapper du quotidien d’un jeune garçon atteint du syndrome de Williams, une maladie génétique rare qui associe malformation cardiaque, retard psychomoteur, dysmorphie du visage et comportement cognitif spécifique.
Les livres de Laurent Souillé sont dédiés aux enfants atteints du syndrome de Williams. Cette bande dessinée, destinée à de jeunes lecteurs, évoque fort élégamment cette maladie par le décalage entre un texte hyperbolique sur les pouvoirs de super-héros d’Elliott et la vérité de son apparence et de ses actions.
La page dans laquelle Elliott évoque l’admiration des autres pour son personnage alors que ses camarades se moquent de lui est particulièrement émouvante.
Paul Mager illustre par des dessins pleine planche ce récit tout en retenue. Son beau trait, rond et expressif, humanise une chronique astucieuse, jamais larmoyante, toujours souriante.
Laurent Souillé s’amuse à détourner les codes du genre en utilisant avec une gentille ironie le décalage entre le texte et l’image.
Auteurs du remarqué « Moi, Ernest… », il y a trois ans chez le même éditeur, les deux auteurs nous offrent avec « Elliott, le Super (non) héros », une BD pour les tout jeunes lecteurs, dont le regard bienveillant sur le handicap portera ses fruits à moyen et long termes.
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Elliott, le Super (non) héros » par Paul Mager et Laurent Souillé
Éditions Des Ronds dans l’O (14,00 €) – ISBN : 978-2-37418-071-7