Vivant depuis 25 ans avec Tanie — qui est aveugle d’un œil et qui, en conséquence, doit se démener tous les jours pour s’adapter de son mieux aux charges du quotidien —, le dessinateur et scénariste Marc Cuadrado a repris ses crayons pour nous expliquer comment sa courageuse femme fait face à sa déficience visuelle. Pour l’occasion, cet adepte du style gros nez — « Norma » chez Casterman et « Parker & Badger » chez Dupuis ou « Je veux une Harley » pour Frank Margerin chez Fluide glacial et Dargaud (1) — renoue avec la discipline graphique qu’il avait abandonnée depuis une dizaine d’années : passant à autre trait, plus semi-réaliste, où sa plume se fait alors tendre et émouvante… même s’il insuffle toujours sa lumineuse touche d’humour personnelle !
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Il y a deux façons d’aller en Chine : pour visiter ou pour y travailler. Cela n’a évidemment rien à voir, car la Chine commerciale est totalement pétrie de rituels ancestraux, drainée de conventions immuables, parasitée par des traditions séculaires. C’est ce que raconte parfaitement « Bienvenue en Chine » à travers l’expérience de Milad Nouri, entrepreneur français qui a fondé plusieurs sociétés en Chine et à Hong Kong…
Milad Nouri, Iranien d’origine, multiculturel dans l’âme, n’hésite pas à se dire que travailler à l’étranger est un bienfait et que s’installer en Chine est probablement même une opportunité. Bien évidemment, rien ne se passe comme prévu car tout est très particulier à l’autre bout du monde. La première séquence sur l’organisation minutieuse d’un repas d’affaire dans une grosse entreprise en présence du patron est déjà pleine d’enseignements. Et cela ne touche pas que la place des convives, mais ce qu’ils mangent, ce qu’ils boivent, comment et en quelle quantité !
De ville en ville : Guangzhou, Shanghai… le candidat entrepreneur raconte par le menu ses échanges, ses rencontres, ses espoirs et ses déboires, le temps d’une immersion suffisamment prolongée et rapprochée pour décrire avec détails les us et les coutumes qu’il découvre.
Tout est fondé sur le respect et la hiérarchie, sans parler du relationnel (le réseau comme on dit aujourd’hui) et du respect des croyances : ce qui se fait ou pas, selon que ça porte malheur ou pas. Sans oublier le but essentiel de tout dialogue, de toute discussion : ne jamais faire la face à son interlocuteur ! Bref, bosser en Chine, ça se travaille, notamment côté langue et vocabulaire : les faux amis pullulent et ce ne sont souvent qu’une question de prononciation et de contexte !
Milad Nouri évoque cela avec un brin d’humour et de détachement, ce qui rend son livre attachant. Le tout est porté par un graphisme simple, clair, efficace, qui convient bien au sujet dont l’« enseignement » devrait être très utile à tous les candidats à l’exil commercial.
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Bienvenue en Chine » par Tian-You Zheng et Milad Nouri
Éditions Delcourt (17, 95 €) – ISBN : 9782756095073