Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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« Super Mickey » : Mickey enfin muet !
Le personnage de Mickey Mouse a toujours fait preuve d’un goût certain pour la parole que ce soit dans les bandes dessinées ou dans les dessins animés dont il fut le héros. Ce nouveau volume de la superbe collection dédiée aux créations originales des héros issus de l’univers Disney invite à suivre les facéties d’un « Mickey » totalement muet. Ce qui n’empêche pas cet album d’être savoureux de bout en bout.
Comme le savent les habitués des histoires Disney, le brave Dingo revêt la cape d’un super héros lorsqu’il consomme des cacahuètes magiques et devient Super Dingo. La nuit, il survole Mickeyville où il combat les mauvais garçons qui menacent la paisible cité. Ce sont ces exploits de justicier que relatent avec humour les premières planches où l’on voit Super Dingo arrêter un train fou, traquer un cambrioleur qui n’est autre que Pat Hibulaire… jusqu’au jour où il perd ses cacahuètes en plein vol et tombe au beau milieu d’un zoo dont les animaux consomment les cacahuètes magiques et volent à leur tour. . Priver la ville de son protecteur en manque de cacahuètes, menacée par Pat Hibulaire qui profite de l’aubaine, n’est pas du goût de son ami Mickey. La souris revêt la cape de justicier, demande à son ami Dumbo de lui offrir son dos afin qu’il puisse lui aussi voler. Et voici le brave Mickey traquant Pat et sa bande de malfrats qui profitent de la confusion pour s’évader de leur pénitencier.
On suit avec bonheur ce récit en 62 pages concocté par un maître de l’humour muet, le flamand Pieter De Poortere, dont la réputation du sens du gag visuel n’est plus à faire. Son trait à la fois d’une grande simplicité et riche en situations burlesques, renoue avec le « Mickey Mouse » originel. L’introduction de jeux, de strips ornés de la célèbre frise du Journal de Mickey d’antan, de grandes images en double page grouillant de petits détails délirants, de fausses couvertures clins d’oeil à la grande époque de l’hebdomadaire, ajoutent au plaisir de lecture que l’on soit enfant ou adulte. N’allez pas imaginer que l’ouvrage est vieillot, bien au contraire, il mêle avec bonheur nostalgie et modernité, témoignant de l’éternelle jeunesse du riche univers d’un héros intemporel. Une bande dessinée muette qui en dit bien plus que beaucoup d’histoires bavardes.
Né en 1976 Pieter De Poortere est l’homme d’un seul personnage, Dickie, créé en 2001 qui dès le premier album obtient le prix du meilleur album néerlandophone de l’année. Une création à l’humour dévastateur publiée en France dans le magazine Ferraille des Requins Marteaux, puis depuis 2010 proposés sous forme d’albums aux éditions Glénat dans la collection 1000 Feuilles. Six albums à ne pas manquer, sans oublier « Dickie Kid » destiné aux enfants.
Henri FILIPPINI
« Super Mickey » par Pieter De Poortere
Éditions Glénat (15 €) – ISBN : 9 782344 034767
