Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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Après « Astérix », c’est au « Déclic » que s’attaquent les excellents Hors série des Cahiers de la BD . Si la première grande création érotique de Milo Manara domine dans cet ouvrage, c’est toute la carrière du grand créateur italien qui y est mise à nue. Retour salutaire sur ce grand tournant de la bande dessinée pour adultes en France.
La découverte par Bernard Joubert de 24 dessins inédits réalisés par Milo Manara pour le story-board du film adapté du « Déclic » (un navet !) est l’élément déclencheur de ce passionnant numéro hors série des CBD. L’étude débute par la reprise d’un long entretien réalisé en 1998 par Christian Marmonnier avec le dessinateur pour feu le magazine Bédé X. Entretien suivi par une rencontre avec Nicolas Tellop enregistrée vingt ans plus tard. Vient ensuite une étude signée par le même Marmonnier des fameux fumetti per adulti dans lesquels Manara a fait ses premiers pas de dessinateurs, Genius, Prolo, Yolanda de Almaviva... Benoît Preteseille évoque non sans nostalgie les précurseurs et inspirateurs pour l’artiste italien que furent les albums édités en France par Éric Losfeld. Particulièrement le « Barbarella » de Forest dont un récit hommage signé Manara de trois (superbes) pages est repris.
Vincent Bernière, nombreux documents à l’appui, revient sur les fesses féminines (et quelles fesses !) omniprésentes dans les bandes dessinées de Manara. Laurent de Sutter confirme avec son papier intitulé « La ligne courbe de Milo Manara ». En France, c’est L’Écho des savanes qui propose « Le Déclic », découvert par Wolinski dans la revue italienne Playmen. On y apprend beaucoup de choses sur ces débuts notamment au cours d’un entretien avec Thierry Souccard, premier responsable du mensuel des éditions Albin Michel. Amusante uchronie de Nicolas Tellop (illustrée par Christophe Blain) qui imagine le destin de la série si « Manara s’était prénommé Mila ? ».
Aurélien Lemant parle sérieusement du contrôle de la libido à distance, Vincent Bernière rencontre Brigitte Lahaie pionnière du X français. Incontournable, Bernard Joubert évoque les foudres de l’autocensure subies par le « Déclic » (qui n’a jamais été censuré officiellement) dont le tome 4 a été vendu dans les Fnac sous un film plastique noir et de nombreux passage corrigés par les éditeurs. Petit passage chez Michel-Édouard Leclerc collectionneur d’originaux du maître italien avant de savourer quelques belles images dont les 24 dessins inédits évoqués plus haut.
Copieux, de lecture facile, fort bien illustré, cet ouvrage cartonné de 148 pages est un véritable bonheur pour qui veut aller au-delà de la seule lecture de l’oeuvre originale. « Vive la passion ! Vive l’érotisme ! Vive l’amour ! » comme le dit si justement Vincent Bernière en conclusion de son éditorial.
Henri FILIPPINI
« Le Déclic, retour sur une oeuvre culte » ouvrage collectif
(Vagator productions, 148 pages couleurs, 14,80 €, en kiosque et librairies spécialisées).
Pour le Déclic, plusieurs cases furent également retirées du premier album,je crois. Elles avaient du être publiées dans l’Echo, mais on les retrouve dans le tirage de tête édité par Albin Michel.
» les foudres de l’autocensure subites par le « Déclic » » Haha!
C’est vrai que c’était très drôle ! J’ai quand même corrigé ! LT