Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...La vérité sur … la reprise de l’Echo des Savanes par Soleil !
Hervé Desinge, patron de l’Echo des Savanes et d’Albin Michel BD, nous précise les modalités de l’opération de rapprochement avec Mourad Boudjellal.
« L’essentiel du catalogue d’Albin Michel BD, précise Hervé Desinge dans sa lettre, est édité par la Sefam, une structure indépendante, propriété à 50% d’Albin Michel et à 50% d’Hachette Filipacchi (maintenant Lagardère Active Médias). Il s’agit donc d’un rachat d’entreprise, avec ses contrats faisant partie des actifs, et non d’une cession de catalogue. » Ceci pour contredire nos informations selon lesquelles il y aurait négociation individuelle avec chacun des auteurs. Dont acte !
« Pour la petite histoire, rappelle le patron d’Albin Michel BD, il faut savoir que cette affaire est la conséquence de l’absorption d’Hachette Filipacchi par Lagardère Active Médias, et le remerciement express de son PDG, Gérald de Rocquemaurel en novembre 2006, dont j’étais proche et garant des accords conclus entre Daniel Filipacchi (HFA) et Richard Ducousset (Albin Michel) pour l’exploitation de la BD chez ces deux groupes. D’un côté le magazine L’Echo des Savanes, détenu à 100% par HFA qui assurait toute la logistique nécessaire à un titre de presse, de l’autre la Sefam, maison d’édition d’albums, détenue à 50/50 par Albin et HFA, et dont la logistique était assurée par Albin pour tout le commercial et l’administratif . Une répartition des tâches assez naturelle en somme. » En tout cas, une relation équilibrée, gérée par Hervé Desinge, sans heurts particuliers, jusqu’en 2006 quand « la donne change, Lagardère Active Médias décide d’une nouvelle stratégie. Un virage à 180° : l’avenir c’est le multimédia, le papier (toute la presse magazine) n’en étant qu¹un produit dérivé. De son côté, Albin Michel a le désir de se recentrer sur son métier d’origine, la littérature générale et les documents ».
Conséquence : Les accords historiques explosent, la BD n’a plus rien à faire chez ces deux groupes.
« Richard Ducousset me alors demande de proposer une solution. Je présente donc Mourad Boudjellal, dont je suis assez proche et qui est à mes yeux le seul à pouvoir jouer le chevalier blanc dans cet imbroglio, à savoir conserver l’originalité de ce montage : une structure autonome, à l’indépendance éditoriale, capable de piloter à la fois des livres et de la presse. Détail qui a toute son importance, la proposition de garder l’ensemble du personnel. La négociation est en bonne voie, le protocole est en cours… »
La suite des événements, précipitée, va pourtant en décider autrement : « fin décembre, contre toute attente et toute logique, nous précise Hervé Desinge, un second couteau de LAM qui croit pouvoir ainsi prendre du gallon dans le nouveau groupe, décide unilatéralement et comme un grand l’arrêt de l’Echo (entre Noël et le jour de l’an, là où il n’y a personne…), sans que même le patron des magazines France du groupe ne soit consulté !!! »
Mais le mal est fait, et le patron de L’Echo des Savanes d’évoquer à quel point la situation devient alors difficile pour ses collaborateurs, les auteurs, les pigistes, et la direction d’Albin Michel alors que la solution était déjà dans les tuyaux.
Enfin, « Après 4 mois d’allers et retours, quelquefois obscurs, ce mauvais épisode est en passe d’être conclu : le rachat de la Sefam, et une location gérance pour l’Echo qui permet de reprendre l’activité sur les mêmes bases. » Et de poursuivre en remerciant Mourad pour la patience qu’il a prodigué, la ténacité et le respect de son engagement, confirmant ses talents réels de fin négociateur.
« L’ironie de l’histoire, conclue Hervé Desinge, c’est que la Sefam n’a jamais gagné autant d’argent qu¹en 2006. Un record historique. C’est pô juste… »
Laurent Turpin