Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...« La Fille de l’exposition universelle » : 12 ans plus tard…
En 1855, Napoléon III impressionne le monde entier en organisant une première exposition universelle en France. Il récidive en 1867 alors que les grands travaux du baron Haussmann viennent de s’achever. L’occasion pour nous, lecteurs, de retrouver Julie Petit-Clou douze années après notre première rencontre, devenue une belle jeune fille bonne à marier.
La roulotte de la famille Petit-Clou installée à l’entrée de l’exposition compte à présent cinq habitants : la mère Hortense, ses trois garçons nés de pères inconnus (Alphonse, Amédée et Achille) et sa fille aînée Julie. Les deux femmes gagnent leur vie en disant la bonne aventure, surtout Julie qui possède de réels dons de voyance. Hortense est de nouveau enceinte de Julot Beaugard, dit « le Lyonnais », conducteur de bateau Mouche. Ce qu’ignore Julie, qui considère le coureur de jupons comme son promis ! Arthur Delair, étudiant romantique et neveu du vieil horloger Polydore Lavieille est lui aussi épris de la jeune fille, tout comme le prince Michel-Bogdon Oginski, fils bâtard du tsar Alexandre II en visite à Paris… et même le baron Haussmann qui tente de la violer.
Lorsque Julot et Hortense meurent après l’explosion d’une bombe placée sur le bateau Mouche de Julot, les potentiels coupables ne manquent pas. Julie, qui douze ans plus tôt avait mis en échec un complot contre l’empereur, utilise une fois de plus ses relations et ses dons pour résoudre le mystère…
La fastueuse exposition universelle de 1867 sert de cadre à ce récit à la fois documenté et drôle. Le lecteur est invité à suivre les protagonistes dans les dédales de l’exposition découvrant au fil des pages les merveilles du palais Omnibus, clou de la manifestation. Le scénario utilise avec intelligence les évènements politiques, les attractions insolites, les personnages réels pour faire avancer l’histoire…Dans les prochains albums nous retrouverons Julie et ses frères à l’occasion des expositions universelles suivantes, jusqu’en 1937 où elle aura 94 ans, entourée des ses enfants et petits- enfants.
Scénariste trop rare, Jack Manini débute comme coloriste et dessinateur (« Mycroft », « Necromancy », « Estelle », « SOS Lusitania »), tout en signant des scénarios au ton original pour d’autres dessinateurs : « Hollywood », « La Loi du Kanun », « Catacombes », « Jack Cool », « La Pin-Up du B-24 »… Ses histoires sont toutes soigneusement étudiées pour les dessinateurs auxquels elles sont destinées. C’est ici le cas avec Étienne Willem, né en Belgique en 1972, auteur de « Vieille Bruyère », « Bas de soie », « L’Épée de l’Ardenois »,… aux éditions Paquet. Son dessin précis, riche en décors, mêle harmonieusement humour et réalisme pour le plus grand plaisir de ses lecteurs.
Henri FILIPPINI
« La Fille de l’exposition universelle T2 : 1867 » par Étienne Willem et Jack Manini
Grand Angle (14,90 €) _ ISBN : 978 2 81896 710 2