« Ghost Fleet » : truck, train, apocalypt’ raptor…

Image Comics a vraiment fait du chemin depuis les années quatre-vingt dix et fait partie du trio de tête des éditeurs les plus intéressants en matière de comics alternatif de qualité. « Ghost Fleet », récit complet, décoiffe et se positionne comme l’une des sensations indépendantes de ces cinq dernières années.

Ward et Trace, deux copains de longue date, escortent un camion à la cargaison précieuse et inconnue pour le compte d’une société secrète : Silhouette. Attaqués en chemin, après une énorme explosion ayant anéanti les attaquants, Trace parvient à voir ce que contient la remorque éventrée. Son ami l’abat alors froidement d’une balle dans la tête, tenu semble t-il par un pacte plus lourd que leur amitié… Quelques année plus tard, Trace, revenu de la grave blessure l’ayant miraculeusement privé que d’un œil, s’est entraîné et équipé afin de récupérer une des cargaison de ce convoi fantôme. Car ce qui est transporté doit être stoppé, coûte que coûte…

Lorsqu’il a l’idée de cette histoire de convoi fantôme de camions, Donny Cates est alors un auteur débutant. En mai 2013, on le croise dans la revue Dark Horse Presents et la même année il commence son premier titre personnel : « Buzzkill » (inédit en français), une mini série abordant le thème d’un super héros ravagé par l’alcool et donnant le ton de ses autres scénarios à venir.

Marqué par un récit de la revue Modern Marvel, traitant d’un convoi de trucks fantômes intitulé « Ghost Fleet », il garde l’idée de côté. Puis, alors qu’il vient de commencer « Buzzkill », le jeune dessinateur Daniel Warren Johnson le contacte afin de lui dire son admiration. Étonné par le style brut de l’auteur, le scénariste lui propose son projet. L’occasion d’une série régulière, même si le titre, prévu au départ en 12 numéros et ne rencontrant pas le succès escompté, devra être condensé en huit. La suite a cependant donné raison à ces deux-là, puisque depuis, autant Donny Cates que Daniel Warren Johnson sont devenus deux des auteurs indépendants de comics les plus courus. (2)

L’histoire commence avec une page historique, que l’on jugera après coup un peu inutile. Le propos est en effet moderne et, si le scénariste à souhaité placer une référence à ce moment-là, cela n’apporte rien au déroulement d’une histoire essentiellement contemporaine, quoi que de science-fiction.

Dès la page 2, ces gros trucks suréquipés en défense, fendant la route avec une escorte, et l’attaque violente qui va suivre, évoquent « MadMax ». Une référence revendiquée, que Donny Cates va réutiliser à fond à la fin de son récit, lorsqu’il a du le condenser, comme évoqué dans l’entretien de trois pages des deux auteurs, ajouté en fin d’album, aux côtés de couverture alternatives, croquis et découpages. Le propos est cependant original.
Le duo formé par Trace et Ward fonctionne bien, et leur relation, liée par Sara, la femme de Ward, malade d’un cancer, explique à la fois leur attachement, leur séparation, tout comme leurs retrouvailles ensuite.Il y a suffisamment de mystère dans cette cargaison secrète, ainsi qu’au sujet de cette société de « transport », ressemblant davantage à une secte qu’à une entreprise, pour maintenir un suspense cohérent. Le reste de l’album déroule un bon condensé de ce que les meilleurs récits de série Z américaines nous ont déjà un peu habitué à voir : bikers pourris, road trip sanglant dans un désert sauvage et tueur professionnel embauché pour régler le conflit…, le tout mâtiné de quelques diableries de derrière les fagots.Bref, vous l’avez compris, « Ghost Fleet » déménage, et même sacrément, et le dessin de Daniel Warren Johnson, hyper efficace dans les scènes de violence et d’action, grâce aux larges parties hachurées et charbonneuses de son trait, dans l’esprit d’un Paul Pope ou d’un James Harren, magnifiquement colorisé par Lauren Affe, convient parfaitement.
« Ghost Fleet » remplit le contrat d’un comics indépendant de pur divertissement, tout en offrant des planches mémorables graphiquement. Who needs more ?

 

Franck GUIGUE

(1) Daniel Warren Johnson, vu récemment chez Delcourt sur sa propre mini série « Extremity »

(2) Donny Cates a déjà été chroniqué ici avec « Red Neck » (Delcourt 2018), mais aussi avec « God Country » (Urban 2018) sur mon propre blog, et il fait l’actualité depuis quelques mois avec « Baby Teeth » chez Snorgleux comics (2018), ainsi que sur des parutions Marvel remarquées, plus récentes, telles « Cosmic GhostRider » ou encore « Docteur Strange », chez Panini.

 

« Ghost Fleet » par Donny Cates et Daniel Warren Johnson
Éditions Urban comics (19 €) – ISBN : 9791026815389

 

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