Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Le bleu est la couleur de la romance pour « Blue Flag » et « Blue Thermal »
En ce mois de mars, deux titres romantiques mettent le bleu à l’honneur dans leur titre  : « Blue Flag » et « Blue Thermal ». Deux titres bien différents qui ont en commun de mettre en scène une héroïne attirant les catastrophes et dont le destin va évoluer au fil des pages. Deux aventures au ras du sol pour l’une et dans les airs pour l’autre.
Dans « Blue Flag », Taichi est un étudiant qui, quoiqu’il en pense, a un meilleur ami  : Tôma, un camarade d’enfance de son quartier. Par le plus grand des hasards, ils se retrouvent dans la même classe. Tous les opposent, Taichi est réservé et maladroit, Tôma est sportif et communique facilement. Dans leur classe il y a également Futaba, une jeune fille extrêmement maladroite. Elle est secrètement amoureuse de Tôma et ne sachant pas comment l’aborder demande conseil à Taichi. Ce dernier semble se reconnaître en elle et a du mal à les voir ensemble. Il sait que Tôma préfère les filles élancées aux cheveux longs et noirs, tout l’inverse de Futaba. Pourtant, ils vont discuter et cette dernière va suivre ses conseils à la lettre. Bien évidemment, tout ne va pas se passer comme prévu, Tôma voyant que Taichi et Futaba discutent de plus en plus ensemble va penser qu’ils sont attirés l’un vers l’autre. Un quiproquo qui va pimenter l’histoire et amener plus de questions que de réponses, du moins pour le moment.
« Blue Thermal » de son côté démarre au quart de tour. Tamaki Tsuru est une jeune fille qui s’est fixée un objectif à son entrée à l’université : trouver l’amour. En effet, elle s’est toujours investie dans le sport au point d’oublier son côté féminin. Ce fut une grosse désillusion pour elle lors qu’elle a appris que les garçons n’aimaient pas forcément les femmes fortes et audacieuses. Du coup, elle a décidé de changer et de mettre toutes les chances de son côté.
Malheureusement pour elle, en renvoyant mal une balle de tennis, elle va abîmer un planeur dont les réparations vont s’élever à deux millions de Yens. Comme elle n’a pas une telle somme, le club veut bien qu’elle rembourse en donnant de son temps.
La voilà donc embarquée dans le club de vol à voile de son université. Ce qu’elle ne sait pas encore c’est qu’elle va y découvrir qu’elle a des prédispositions pour piloter un planeur ainsi qu’un amour inattendu.
Ces deux titres sont donc des romances qui auraient pu se fondre dans la masse des publications actuelles, mais un petit plus fait qu’elles sortent du lot. L’histoire d’amour développée dans « Blue Flag » n’est pas vraiment originale, mais l’opposition entre deux protagonistes masculins et féminin un peu perdus et seuls et un sportif bien dans sa peau interpelle le lecteur qui pourra souvent se retrouver dans un de ces trois héros. Habituellement, dans ce genre de récit, il y a un personnage un peu trop sur de lui qui court après un garçon ou une fille inaccessible.
Là , on se retrouve dans un registre plus intimiste avec des personnages vraiment sincères. Ces étudiants sont clairement paumés devant leurs sentiments qui évoluent et qu’ils ne comprennent pas encore.
Et il y a la question des études qui se glisse là -dedans, ne devrait-il pas s’y consacrer pleinement plutôt que de tenter de batifoler et jouer avec les émotions des uns et des autres ? On est loin d’une dualité simpliste et si Taichi pensait bien faire en aidant la pauvre Futaba il s’est peut être trop immiscé dans cette histoire et s’en rend compte un peu tard, lui-même étant maladroit et aurait bien besoin de conseils éclairés.
L’histoire de « Blue Termal » est en apparence plus simple, une héroïne cherchant l’âme sœur finit pilote de planeur. Là aussi, il y a une progression des événements qui rendent le récit palpitant. Si le préambule est caricatural, l’alternance entre romance et technique d’aviation offre un récit vivant et didactique. Le dessin participe également à l’intérêt du lecteur. Les paysages vus d’avion ou les plans en pleine page laissant une place importante à un ciel grandiose et majestueux sont de toute beauté. Le scénario est beaucoup plus prévisible que celui de « Blue Flag ». Pourtant, certaines surprises se révèlent au fil des pages. On y apprend notamment que l’héroïne a été rabaissée par sa sœur durant toute son enfance alors qu’auparavant sa bonne humeur communicative remplissait chaque page. Plus qu’un manga tranche de vie, « Blue Termal » nous fait découvrir un monde souvent méconnu qui devrait peut être donner des ailes a certains lecteurs. Les éditions Komikku ont en plus eu la bonne idée de publier les deux premiers volumes conjointement, de quoi supporter le (petit) clifhanger en fin de premier tome. La série se finissant en cinq volumes, elle ne va pas s’éterniser inutilement.
Voilà deux séries pleines de bleu. Bleu au coeur et bleu du ciel y font bon ménage. Loin des romances fades et beaucoup trop convenues, les séries « Blue Flag » et « Blue Thermal » vont accompagner les lecteurs fleur bleue durant tout l’été et même un peu plus.
Gwenaël JACQUET
« Blue Flag » par Kaito
Édition Kurokawa (7,65 €) ISBN  : 9782368526132
« Blue Thermal » par Kana Ozawa
Édition Komikku (7,99 €) – ISBN  : 9782372874311